CHAPITRE II : Les implications de l'épargne
rapatriée
Les émigrés burkinabé emploient leur
épargne à l'amélioration des conditions de vie de leurs
familles d'origine à travers un soutien direct à l'investissement
dans des activités génératrices de revenus et au soutien
multiforme à l'Etat. Ainsi, les implications de l'épargne
rapatriée sont perceptibles sur la consommation (section I) et sur
l'investissement (section II).
Section I : Les implications sur la consommation
Avant de voir la réalité de l'implication des
envois de fonds des Burkinabé de l'étranger sur la consommation
des ménages au Burkina (paragraphe II), définissons d'abord le
concept de consommation (paragraphe I).
Paragraphe I : Notion de consommation
La consommation peut être définie comme
l'utilisation des biens et des services soit en vue de leur transformation dans
la production (consommation intermédiaire), soit pour la satisfaction
des besoins des ménages (consommation finale). La consommation
envisagée dans le cadre de cette étude est la consommation finale
encore appelée consommation effective. Elle évolue en fonction du
revenu et en principe moins que proportionnellement à lui. La
consommation est l'un des agrégats les plus significatifs dans
l'évaluation de la croissance économique et du
développement. L'intention ici est de montrer que l'épargne
rapatriée par la diaspora a une incidence réelle sur la
consommation à travers l'amélioration du niveau de vie et du
genre de vie.
Le niveau de vie est entendu comme la quantité physique
de biens onéreux que l'homme peut se procurer avec son revenu
monétaire. Le genre de vie, quant à lui, est l'ensemble des
éléments qualitatifs qui ne peuvent être chiffrés en
argent mais qui influent beaucoup sur la satisfaction et la non-satisfaction
des besoins.
Quelles sont donc les incidences des fonds rapatriés par
les Burkinabé de l'étranger sur la consommation de leurs familles
restées au Burkina ?
Paragraphe II : Réalité des implications
sur la consommation
Les transferts de fonds qu'effectuent les Burkinabé de
l'étranger vont principalement à destination de la famille
restée au village. Dans bien des cas, l'émigré est
l'espoir de la famille. C'est à lui que revient la charge de pourvoir
aux besoins de consommation. Pour ce faire, il envoie des fonds destinés
à l'achat des biens de consommation alimentaire et vestimentaire,
à pourvoir aux besoins en santé, en scolarisation et même
à l'acquisition de logement décent.
Ces fonds vont également à l'achat d'animaux
comme les boeufs et les ânes et à l'acquisition de
matériels agricoles comme les charrues, les charrettes, etc. Ces
dépenses visent l'auto-prise en charge de la famille et son
indépendance financière vis-à-vis du seul migrant.
A la survenance d'événements sociaux importants
comme les mariages et fiançailles, les baptêmes, les
funérailles et autres rituels, il est aussi fait appel au migrant.
Il s'avère donc que le migrant assiste
financièrement sa famille d'origine. Ainsi, peut-on remarquer que les
familles ayant un fils (ou une fille) à l'étranger ont un niveau
de vie nettement au-dessus de celui des familles sans émigré et
même au-dessus de la moyenne du niveau de vie nationale. Les cas les plus
illustratifs sont les familles au Boulgou, en particulier à
Béguédo, à Niagho et à Ouanrégou. Dans ces
localités, les habitats construits en parpaing de ciment et souvent
à niveau, tranchent avec les modes de logement communs des villages du
Burkina. Aussi, les familles concernées sont-elles à l'abri du
besoin, du moins alimentaire, toute chose à mettre à l'actif des
Burkinabé d'Italie communément appelés « Italiens
» et subsidiairement de ceux du Gabon ou « Gabonais
».
L'assistance apportée par la diaspora burkinabé
à l'endroit des familles d'origine n'est pas sans susciter
l'appétit de plus en plus grandissant de la population locale pour
l'aventure. Comme un effet de mode, cette population, en l'occurrence sa frange
jeune, n'a plus d'yeux que pour l'aventure italienne. L'exemple de
réussite donné par les Burkinabé d'Italie attire des
individus de tout sexe et de quelque niveau intellectuel que ce soit, ce qui
explique en partie les risques que prennent les jeunes pour rejoindre l'Italie
au moyen d'embarcations de fortune qui, au désarroi de tous,
échouent souvent en mer causant des pertes en vies humaines.
L'expérience montre que ceux qui échouent sont les mêmes
qui repartent jusqu'à ce qu'ils réussissent ou meurent.
Les « injections monétaires » des migrants
à leurs familles d'origine en vue de l'élévation de leur
niveau de vie constituent un élément de leur contribution au
développement. L'implication des Burkinabé de l'étranger
dans le tissu économique peut aussi revêtir la forme de
création d'activités génératrices de revenus.
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