Section II : L'impact sur l'investissement
L'investissement peut être défini au sens large
comme une acquisition d'un capital en vue d'en percevoir ou d'en consommer le
revenu et au sens étroit comme l'acquisition de biens de production en
vue de l'exploitation d'une entreprise et de dégager un revenu ou une
augmentation de la capacité de production. Il est une fonction positive
du revenu et devrait en pure théorie être égal à
l'épargne (loi des débouchés de Jean-Baptiste SAY). Ainsi
l'investissement suppose l'accumulation et détermine la croissance
économique et donc le développement. Il ne peut y avoir
développement effectif sans un minimum d'investissement. « Au
plan macroéconomique l'investissement en tant que formateur du capital
fixe détermine profondément les structures et l'évolution
de la conjoncture. La répartition des activités sur le
territoire, la répartition entre investissements productifs et non
productifs, la répartition entre investissements de capacité et
investissements de substitution etc. conditionnent la nature du
développement, le climat social et la conjoncture
économique d'un pays. »48 On
peut distinguer l'investissement privé (paragraphe I) qui est le fait de
particuliers et l'investissement public (paragraphe II) qui fait partie des
dépenses publiques.
Paragraphe I : L'investissement dans le secteur
privé
Comme précédemment défini,
l'investissement peut concerner la création d'une entreprise. Les
Burkinabé de l'étranger n'agissent pas seulement sur la
consommation ; ils investissent au Burkina dans des entreprises de tailles
différentes : des grandes, des petites et moyennes entreprises et
industries (PME/PMI).
L'investissement dans des activités
génératrices de revenus se fait soit au compte du migrant
lui-même, soit au compte d'un membre de sa famille.
Les secteurs d'activités sont, entre autres, le
transport, l'hôtellerie et la restauration, l'immobilier, le
bâtiment et les travaux publics (BTP), les arts, la culture et la
communication, le petit commerce (boutiques, quincaillerie), la soudure, la
menuiserie, la gestion de stations-services...
Au titre des grandes entreprises tenues par des
émigrés burkinabé, on peut citer la société
Watam Kaizer concessionnaire de cycles et motocycles de Pathé OUEDRAOGO
résidant en Côte d'Ivoire, par ailleurs propriétaire de
nombreux immeubles et entreprises en Côte d'Ivoire et au Burkina. Son
exemple est loin d'être le seul. Il y a la société BTM de
Henriette KABORE, spécialisée dans le BTP et qui a
exécuté des ouvrages publics comme le siège de l'Office
National de l'Eau et de l'Assainissement (ONEA) à Ouagadougou et les
deux amphithéâtres de 1000 places de l'Université de
Ouagadougou.
En ce qui concerne les PME/PMI, on peut citer les compagnies
de transport STAF, CTI, TSR qui sont les propriétés
d'émigrés burkinabé de retour au pays ou résidant
encore à l'étranger.
48 Ahmed SILEM et Jean-Marie ALBERTINI, Lexique
d'économie, 7e édition, Dalloz, 2002, p.400
Un autre secteur prisé par les Burkinabé de
Côte d'Ivoire : les lieux de loisirs et autres débits de boisson.
Beaucoup de jeunes Burkinabé de Côte d'Ivoire exploitent leurs
expériences culturelles et investissent dans les espaces de loisir ou
deviennent des promoteurs de spectacles, des artistes évoluant dans la
musique urbaine ou des managers d'artistes.
On note aussi que bon nombre de Burkinabé de
l'étranger investissent dans l'immobilier. Ceux-ci construisent des
immeubles, soit à des fins d'utilisation personnelle, soit à des
fins commerciales. On peut citer le cas des cours communes ou
`'celibaterium» et autres villas en location à Ouagadougou tenues
majoritairement par les Burkinabé d'Italie.
On peut donc retenir que les Burkinabé de
l'étranger, en même temps qu'ils envoient des fonds au Burkina, y
exercent des activités diverses et contribuent fortement à
l'essor économique de leur pays d'origine. Ils accompagnent aussi les
efforts de l'Etat à travers des gestes communautaires.
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