Chapitre 3
Le capital investissement à travers le monde
Il serait injuste de développer un thème sur le
capital investissement sans évoquer les expériences des pays
leaders dans ce domaine. Les Etats-Unis d'Amérique ; berceau du venture
capital, l'Union Européenne et les efforts entrepris afin de promouvoir
ce métier et dynamiser les économies.
Après avoir brièvement exposé l'ascension
du capital investissement dans les pays leaders de ce métier, il nous
parait opportun de nous intéresser à la pratique du métier
en France et en Tunisie, du fait des liens économiques et culturels que
ces pays partagent avec l'Algérie.
Section 1 : le développement du capital
investissement aux Etats-Unis et en Europe
Les Etats-Unis, toujours en pointe du progrès
représentent le berceau du capital investissement moderne, même
s'ils doivent à l'Europe, en perpétuelle quête du retard
qu'elle accuse face à son concurrent, l'origine du fondateur de ce mode
financement.
Nous présenterons dans ce qui suit de manière
brève et succincte, le développement du capital investissement
aux Etats-Unis et le rôle des pouvoirs publics dans sa promotion puis
l'évolution de ce métier dans l'Union Européenne, les
principaux obstacles et les mesures de déblocages employées.
I. Le développement du venture capital aux Etats
Unis :
L'environnement favorable dont jouit le venture capital aux
Etats ; avancée dans tous les domaines, l'esprit d'entreprise et
l'abondance de ressources, autant d'éléments ayant
contribué au succès que connaît aujourd'hui le venture
capital américain.
1. L'ascension du venture capital aux Etats Unis
:
Le venture capital a fait sa première apparition aux
Etats-Unis dans les années 50, mais le véritable ressort que
connaît ce métier n'arrive que dans les années 70 et 80.
1946, le général DORIOT fonde, à son retour
de la guerre, l'American Research and Development, premier fonds
d'investissement en capital. Dans son rapport d'activités annuel
de 1947 on pouvait lire : « l'analyse des ratios sont de
peu de valeur dans ce métier. Les hommes et les idées sont non
actifs. Leur mesure et leur évaluation sont notre problème
»45. L'émergence de nouvelles technologies dans les
années 80 et 70 a marqué le début de l'ère d'or
pour le venture capital qui réalise quelques unes de ses plus grandes
réussites ; Intel, Apple, DEC, Biogen...
L'une des principales raisons du succès du venture capital
américain est l'abondance de ressources soutenue par plusieurs facteurs
:
- une politique fiscale favorable baissant le taux d'imposition
de la plus-value par rapport à celui du revenu ;
- la pertinence d'un marché boursier haussier, notamment
le compartiment des nouvelles industries ;
- l'adoption de règles prudentielles
allégées permettant aux fonds de pension le placement d'une
partie de leurs avoirs dans des affaires risquées. Ce facteur est
très important d'autant plus que les premiers pourvoyeurs de fonds pour
le venture capital américain sont les fonds de pension.
2. Apparition des SBIC est leur rôle dans la
promotion du venture capital :
Les SBIC ont été créés en 1958,
avec l'aide des pouvoirs publics américains, ce sont des
sociétés, regroupées dans une association professionnelle
; National Association of Small Business Investment corporate
(NASBIC), sous la tutelle de la Small Business Association (SBA)
dont la fonction est la gestion des ressources dont elle dispose dans la
promotion des PME.
2.1 particularité des SBIC :
Les SBIC doivent leur réussite à un certain nombre
de particularités qui les caractérisent:
- un partenariat public-privé : l'agrément de le
SBA donne à la SBIC le droit d'emprunter des fonds
fédéraux à moyen et long terme et à des taux
préférentiels. Ces fonds serviront, avec la combinaison de fonds
privés apportés par les actionnaires des SBIC à financer
en fonds propres les PME ou leur consentir des prêts à des
conditions préférentielles ;
- La prise de risque par les actionnaire privés : les
SBIC sont dotées d'un mode de gestion privé, les risque sont par
conséquent supportés en premier lieu par les actionnaires puis
par l'Etat ;
- La forte rémunération des actionnaires : elles
procurent aux actionnaires privés des gains sans limites, une fois la
rémunération des fonds publiques assurée ;
- La dispersion géographique : elles sont répandues
sur tout le territoire américain ;
- La diversification de ses interventions : les SBIC disposent de
portefeuilles de
participation très diversifiés, en effet, elles
interviennent dans tous types de projets sans
préférence particulière. Son risque s'en
retrouve, ainsi, réduit.
2.2. Les mécanismes de fonctionnement
:
Les SBIC ont le même mode de fonctionnement que les
sociétés de venture capital, elles financent des PME qui n'ont
pas réussi à accéder au marché de capitaux et aux
crédits bancaires.
45 DOUHANE Amar et RCCHI Jean-Michel, Technique
d'ingénierie financière : pratique et méthodologie des
montages financiers, Ed. SEFI, Paris. 1997, p.13
Néanmoins certaines restrictions ont été
assignées aux SBIC46 :
- Un investissement peut représenter jusqu'à 20 %
du capital ;
- Seuls les Small Business sont éligibles au
financement par une SBIC. La SBA les définit comme des affaires dont la
situation nette47 est inférieure à 6 millions de
dollars (M$) et les résultats nets de 2 M$ ;
- Les marges entre les taux du prêt du portefeuille et le
taux bonifié des prêts fédéraux aux SBIC sont
plafonnées à 6 ou 7 % selon le cas.
3. Les tendances récentes des SBIC
Les dernières années de la décennie 90 ont
vu une explosion du Venture Capital, ce dernier est entré dans une phase
d'hyper croissance.
L'année 1999 a enregistré une hausse
particulière dans tous les aspects touchant au venture capital. Le total
investissement a fait plus que doubler, les investissements en technologie ont
triplé sous l'effet multiplicateur des investissements dans
l'internent.
La réussite du venture capital aux Etats-Unis s'explique
par les éléments suivants :
· Abondance de fonds grâce aux apports des fonds de
pension ;
· La forte présence des Business Angel ;
· L'esprit d'entreprise et le goût au risque des
américains ;
· La dynamique du marché de la technologie qui
représente plus de 50 % du marché mondial ;
· Un marché boursier spécialisé
(NAZDAQ) dans les affaires à forte croissance et qui offre une
importante possibilité de sortie pour les venture capitalistes ;
· La contribution de l'Etat à travers les SBA,
favorisant l'activité de venture capital ;
· Les règles prudentielles plus souples en faveur
des fonds de pension.
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