II.6. Le modèle du Price Earning
L'expression la plus sommaire de la simplification de la
formule fondamentale d'Irving-Fisher est le price earning ().Le price earning, qui exprime
combien de fois la valorisation de l'entreprise capitalise le résultat,
est représenté par le rapport, soit entre le cours et le
bénéfice par action, soit entre la capitalisation
boursière ( :valeur de l'entreprise à l'année ) et le bénéfice net
() de la société
:
Trois hypothèses simplificatrices sont néanmoins
nécessaires pour calculer le à partir de la méthode fondamentale :
Hypothèse n°1 : pour le, il s'agit du, et non du dividende,
Hypothèse n°2 : les résultats sont
supposés constants,
Hypothèse n°3 : n est supposé tendre
à l'infini.
Dans ces conditions, la formule fondamentale peut
s'écrire :
Au voisinage de l'infinie ;
D'où :
Avec :
Bénéfice net
: Le taux
d'actualisation risqué
Les hypothèses simplificatrices de ce modèle
sont critiquables sur un plan théorique. En effet, l'utilisation du
bénéfice, et non du dividende, revient à considérer
un pay-out de 100%, irréaliste sur la longue période
(hypothèse n°1). Ensuite, l'affirmation d'un bénéfice
net constant à l'infini reste à l'évidence
définitivement incompatible avec une réalité
économique où la pérennité des résultats est
par nature toujours incertaine (hypothèses n°2 et n°3).Par sa
faiblesse conceptuelle, le price earning () ne peut prétendre à
aucune signification dans l'absolu. Par contre, par la simplicité de sa
construction et sa référence immédiate au cours de bourse,
il présente l'intérêt d'un baromètre simple et
facilement accessible pour toute appréciation relative d'une
société cotée. De plus, par sa fréquence d'emploi,
le occupe une position
dominante dans les références instantanées de valorisation
des marchés actions.
II.7. La méthode de l'actualisation des « free
cash flows »
Étant donné la faiblesse théorique de
l'actualisation des bénéfices futurs pour déterminer la
valeur actuelle d'une société, de nouvelles méthodes
d'évaluation basées sur l'actualisation des flux futurs se sont
développées, en prenant comme flux non plus les
bénéfices, mais les cash flows dégagés par la
société, censés représenter avec plus de
réalisme les flux qui vont être réinjectés dans la
société. La méthode d'évaluation basée sur
l'actualisation des cash flow disponibles, ou free cash flow (), qui bénéficie d'un
pouvoir de séduction réel, répond très directement
aux préoccupations concrètes de l'actionnaire majoritaire en lui
permettant de valoriser les performances financières futures de
l'entreprise. En effet, dans cette nouvelle approche actuarielle, la valeur de
l'entreprise va être égale à la somme actualisée des
flux disponibles dégagés par son exploitation courante.
Avec :
Le cash flow disponible de l'année,
: Le
taux d'actualisation risqué,
: Le
cash flow disponible de l'année.
Le free cash flow () peut s'apprécier à partir de l'excédent brut
d'exploitation (). Il se
calcule alors de la façon suivante :
Le free cash flow peut également s'apprécier
à partir du résultat (du bénéfice net). Il se
calcule alors de la façon suivante :
Avec :
Variation du besoin en fonds de roulement,
:
Investissements d'exploitation,
:
Frais financiers nets,
:
Dividendes distribués,
:
Impôts,
:
Amortissement,
:
Éléments exceptionnels.
Le cash flow disponible de l'année est déterminé selon
une approche classique de capitalisation du flux () de la dernière
année :
Avec : Le taux d'actualisation risqué,
: Le taux
de croissance à l'infini du.
Le plus grand avantage de cette méthode est sa
simplicité. En effet, la méthode de l'actualisation des free cash
flow permet, à partir de calculs très simples, d'aboutir à
une valorisation tenant compte des performances financières futures de
l'entreprise.
Enfin, cette méthode, même si elle prend en
compte un taux d'actualisation risqué exprimant une relation avec le
taux de rentabilité spécifique des actions, ne tient par contre
pas compte du prix du marché, référence pourtant
fondamentale en terme d'évaluation financière. Pour
répondre à cette dernière critique, le cash flow
disponible de l'année n peut être déterminé d'une
autre façon, de manière à tenir compte du prix du
marché.
La valeur terminale ne va plus être calculée en tenant compte de
l'hypothèse d'une croissance à l'infini, mais en tenant compte
d'un théorique
déterminé en fonction des références et des
prévisions actuelles du secteur.
Cette nouvelle formule présente l'avantage de tenir
compte du prix du marché et de la situation économique de la
société en n. En effet, le dernier terme, qui pose souvent des
problèmes dans l'utilisation des modèles d'évaluation
basés sur l'actualisation des flux futurs, est dans cette fois-ci
calculé à partir des prévisions des analystes. La formule
corrigée repose donc sur des hypothèses théoriques moins
fortes que la formule classique d'actualisation des free cash flow. C'est
d'ailleurs cette formule corrigée qui sera la plus souvent
utilisée par les professionnels des marchés financiers. La
méthode d'actualisation des free cash flow est, au milieu de toutes les
méthodes d'évaluation basées sur l'actualisation des flux
futurs, la méthode de référence des marchés
boursiers. En effet, sa simplicité, associée à la
pertinence des flux futurs retenus (les cash flow disponibles) et de son
fondement théorique, en fait la méthode la plus satisfaisante et
la plus facile à argumenter.
|