§ 2.Les déterminants de
l'externalisation
L'analyse de ces quatre cas fait apparaître deux
facteurs clefs pour expliquer la décision d'externalisation : des
structures organisationnelles particulières (succursalisme et plus
précisément des distributeurs et une chaîne
hôtelière) et des contraintes réglementaires (le monopole
de la tenue de comptabilité des experts comptables).
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Cas 1
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Cas 2
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Cas 3
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Cas 4
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Secteur
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Distribution
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Hôtellerie
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Distribution
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Aménagement urbain
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Difficultés ordinales de l'ancien
prestataire » du
client
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Oui
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Non
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Non
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Oui
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Tableau 4 : Facteurs explicatifs de la décision
d'externalisation
Ce tableau illustre la principale contribution des
observations empiriques réalisées avec la mise en évidence
de facteurs explicatifs jamais évoqués dans la
littérature. Le facteur institutionnel (les contraintes ordinales) est
propre à la fonction étudiée. Le poids de la structure
organisationnelle est tout aussi déterminant (cas 1, 2 et 3). La
structure organisationnelle du client, assimilable à une bureaucratie
à clones (Mintzberg, 1981), nécessite la mise en place d'un
service comptable centralisé qui peut aussi bien être interne
qu'externalisé. Le pouvoir explicatif des autres théories ne doit
toutefois pas être négligé.
§ 3.Le pouvoir explicatif des différentes
théories
Le pouvoir explicatif des différentes théories
évoquées supra (Section1.) sera discuté. Les principales
contributions théoriques à la connaissance de la décision
d'externalisation de la fonction comptable mises en évidences au moyen
des cas seront évoquées en premier (approches institutionnelles
et contingentes).
Enfin, les confirmations apportées par les cas seront
présentées (approches ressources et TCT).
L'approche institutionnelle apporte différentes
explications du phénomène. La première qui apparaît
nettement dans les observations réalisées est que le choix de
l'externalisation de la fonction comptable est fait pour mettre fin à un
exercice illégal de la profession d'expert comptable. Une institution,
l'Ordre, veille au respect des normes de cette profession
réglementée. Les autres explications peuvent être
synthétisées en respectant la dichotomie contraintes
pré/post-conscientes introduite par Roberts et Greenwood
(1997)3. Pour ce qui est des contraintes pré-conscientes, le
directeur comptable ou le directeur financier avisé se doit aujourd'hui
d'évaluer l'intérêt de l'externalisation de sa fonction ;
l'externalisation fait maintenant partie des solutions à envisager.
3
Ces autres explications n'ont pas fait l'objet d'observations
directes.
Nous pouvons toutefois relever que les très nombreuses
publications relatives à l'externalisation conduisent les responsables
opérationnels à envisager cette solution.
Les références demandées au prestataire
ou le mimétisme qui consiste à adopter la même organisation
que des firmes concurrentes représentent d'autres illustrations de la
levée de contraintes pré-conscientes face au choix de
l'externalisation. Parmi les contraintes post-conscientes on pourra
évoquer le frein que représente le transfert de personnels
consécutifs au choix de l'externalisation.
Le pouvoir explicatif de la théorie de la contingence
se traduit par le fait que l'externalisation est choisie par des organisations
ayant, pour la plupart, une structure bien particulière. Il s'agit
d'organisations pour lesquelles le service comptable doit impérativement
être centralisé, telles les bureaucraties à clones
évoquées supra.
L'approche ressources se traduit par le recours à des
compétences qui ne sont pas disponibles en interne, des
spécialistes de la comptabilité. Le cas 1 est à ce titre
très instructif. Dans le tableau 2, nous remarquons que 80 personnes ont
été transférées alors qu'aujourd'hui l'effectif
dédié n'est plus que de 53. Cette réduction d'effectif
doit aussi être associée à une augmentation du nombre de
dossiers (ouvertures de points de vente) et à une amélioration de
la qualité de la prestation (réduction des délais par
exemple). Cela illustre les gains liés à la sollicitation de
spécialistes de la comptabilité, des experts comptables. Le
discours ambiant du recentrage sur le coeur de métier peut être
associé à ce courant théorique ; cette contrainte est dans
certains cas devenue tellement forte que l'on peut considérer qu'elle a
été institutionnalisée.
La contribution de la théorie des coûts de
transaction est triple.
Tout d'abord, la recherche de l'efficience est un
paramètre déterminant du choix de l'externalisation4.
Ensuite, les opérations comptables externalisées sont les moins
complexes ; ce sont les opérations de production. Les opérations
plus complexes sont toujours réalisées en interne, par la
direction financière. La troisième contribution concerne la
spécificité des actifs. Ce facteur devrait être un frein
à l'externalisation ; ce n'est pas le cas, compte tenu de la clause de
réversibilité insérée dans tous les contrats
d'externalisation.
Si le client a réalisé des investissements
particuliers, il pourra les transférer à son prestataire.
Quant au prestataire, en cas de rupture de contrat, il
transférera à son client les moyens nécessaires à
la réalisation de la prestation comptable.
4 Il s'agit d'un point commun avec l'approche ressources. Les
faits décrits supra illustrent les gains d'efficience consécutifs
au choix de l'externalisation.
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