L'objectif poursuivi était double : définir plus
précisément la pratique de l'externalisation de la fonction
comptable et identifier les déterminants du choix de cette forme
d'organisation. Le pouvoir explicatif des cadres théoriques
généralement mobilisés a aussi été mis
à l'épreuve.
Les cas étudiés fournissent des illustrations de
la démarche d'externalisation d'une fonction profondément
encastrée dans les processus organisationnels. Les modalités de
transferts des personnels ou de transfert des contrats ont été
décrites. Les principaux facteurs explicatifs de la décision
d'externalisation identifiés sont les contraintes institutionnelles
(exercice illégal de la profession d'expert comptable) et la structure
organisationnelle.
Les organisations qui externalisent leur comptabilité
sont le plus souvent, selon la terminologie de Mintzberg (1981), des
bureaucraties à clones. Pour ce qui est des facteurs explicatifs de la
décision d'externalisation, les analyses de la théorie des
coûts de transaction et de la RBV ne sont pas remises en cause.
Toutefois, les contributions des approches institutionnelles
et contingentes apparaissent indiscutables, éléments qui
n'apparaissent jamais dans la littérature consacrée à
l'externalisation. L'apport du cadre théorique de Roberts et Greenwood
(1997) est incontestable.
Deux points doivent conduire à nuancer ces conclusions.
Elles sont tout d'abord propres à la fonction comptable, dont l'exercice
est réglementé. Ensuite, ces conclusions sont issues de
l'observation de seulement quatre cas qui, de plus, appartiennent au
portefeuille de clients d'un même cabinet d'expertise comptable.
Les voies de recherche principales consistent en l'exploitation
des informations collectées pour décrire les autres phases de
l'externalisation.
Des problématiques à approfondir pourraient
être la formalisation de la relation dans le contrat, l'analyse des
processus externalisés et leurs implications sur les modes de
fonctionnement du client (gestion des moyens de paiement par exemple), les
mécanismes de coordination de la relation ou encore la mise en oeuvre de
la clause de réversibilité.
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