II.2.1. Assurance agricole traditionnelle
Elle se caractérise par une indemnité
d'assurance qui dépend des pertes individuelles de chaque
agriculteur.
II.2.2. Assurance agricole indicielle
L'indemnité d'assurance est calculée
à partir d'un indice défini pour refléter aussi
précisément que possible des pertes agricoles des agriculteurs.
Par exemple : la pluviométrie, la température, les rendements
agrégés départementaux ou à une échelle plus
basse que le département, etc.
L'assurance-indice permet une gestion
anticipée du risque météorologique pouvant, sous de bonnes
circonstances, s'avérer d'une plus grande efficacité que les
mécanismes d'assurance récolte traditionnelle. A terme,
l'assurance-indice se traduira certainement par des retombées positives
pour le développement économique et la lutte contre la
pauvreté en offrant aux producteurs une protection contre la baisse des
rendements de leurs cultures.
II.2.3. Assurance agricole indicielle sur rendements
agrégés
II.2.3.i. Définition
C'est une assurance fondée sur un indice
agrégé, notamment le rendement dans l'unité d'assurance
tel que le rendement agrégé départemental.
II.2.3.ii. Principe
Ce système propose des contrats d'assurance
pour les rendements agrégés dans les unités d'assurance,
tels que les départements. La couverture de rendement est définie
par l'assurance suivant une référence calculée, en
relation à une tendance ou à la moyenne d'une série de
données antérieures de rendement dans l'unité d'assurance
choisie, et par la suite la comparaison se fera entre deux valeurs : le
rendement du niveau de couverture et le rendement publié par la DAPS
dans l'unité d'assurance.
Ce système d'assurance existe dans certains
pays par exemple : en Inde depuis 1980 avec 20 Millions d'agriculteurs
assurés en 2007 pour une assurance obligatoire sur les crédits de
campagne ; au Brésil depuis 2000.Au Sénégal, une compagnie
nationale d'assurance agricole connue sous le non de la CNAAS4 a vu
le jour depuis Juillet 2008.
Pour calculer les indices d'assurance (primes et
indemnités) pour ce type de produit, il faut simuler dans le temps les
rendements historiques officiels dans chaque unité d'assurance et par
culture.
Les indemnisations sont calculées s'il y'a
perte de rendement, par une comparaison très simple entre deux valeurs
telles que : le rendement seuil, selon le niveau de couverture proposé
par l'assurance et le rendement réel publié par la DAPS dans
l'unité d'assurance. La perte de rendement à l'hectare est
évaluée financièrement en relation au prix officiel de
l'année fixé par l'interprofession de la filière
considérée dans l'unité d'assurance. Mais, il faut noter
que pour ce type de produit les indemnisations ne sont pas
déclenchées de manière automatique ; elles seront
déclenchées à la publication des résultats par
l'institution des statistiques agricoles qu'est la DAPS.
Les primes sont calculées en tenant compte de
la stabilité financière du portefeuille d'assurance, donc les
valeurs moyennes des indemnités observées dans le passé
après simulation sont prises en compte pour le calcul. Ainsi pour chaque
culture dans l'unité d'assurance et quelques soit le niveau de
couverture, une marge financière est fixée par l'assurance pour
déterminer une prime.
II.2.4. Assurance agricole indicielle
pluviométrique
II.2.4.i. Définition
C'est une nouvelle forme d'assurance connue sous le
nom « d'assurance indice météo ».Elle
est en plein
essor au niveau mondial, permet une gestion plus efficace des risques de
la
4 CNAAS : Caisse Nationale
d'Assurance Agricole du Sénégal
production agricole liés à la
météo, notamment la sécheresse, aux pluies tardives et aux
inondations.
Pour fonctionner correctement, cette forme
d'assurance doit pouvoir reposer sur un indice composé d'indicateurs qui
soient exogènes, hautement objectifs et mesurables, et qui puissent
être corrélés au rendement (pluviométrie, vent,
température ou inondation).
II.2.4.ii. Principe
L'assurance sécheresse est un exemple de
produit de l'assurance indicielle. Le principe est de baser le paiement des
indemnités sur déficit pluviométrique. Elle utilise des
données pluviométriques collectées pendant toute la
durée de culture ou à différents moments du cycle de la
culture, pondérées, plafonnées, qui permettent
d'évaluer les pertes de rendement. Elle peut être souscrite par
des agriculteurs dont les cultures pluviales se situent dans un rayon moyen de
20 km autour d`une station pluviométrique pour lequel on dispose de
données depuis au moins 20 ou 30 ans.
S'il tombe moins d'une certaine quantité de
pluie, mesurée et pondérée par l'indice, le contrat
prévoit l'indemnisation de l'assuré. Ainsi chaque point d'indice
en dessous du seuil défini correspond à un paiement.
Parfois un cumul normal en fin de saison
(déficit en début de cycle et pluies importantes en fin de cycle)
peut cacher des déficits qu'au cours de phases clés et pouvant
conduire à des baisses de production. La tendance, pour éviter ce
phénomène, est de définir des indices pour les principales
phases de la culture (croissance - développement des organes
reproducteurs - maturation).
Dans le monde, la banque mondiale pilote depuis
plusieurs années des programmes d'assurance-indice en partenariat avec
divers agents économiques, allant d'agriculteurs à des agences
gouvernementales, en passant par des institutions de micro finance et des
organismes humanitaires internationaux. Ainsi, des programmes d'assurance -
indice sont actuellement en cours ou sous considération au Malawi, en
Tanzanie, en inde, au Mexique, au Canada, en Ethiopie, au Nicaragua, au
Pérou, en Ukraine, en Thaïlande, en Mongolie, et dans plusieurs
autres pays.
II.3. La zone d'application de l'étude : le
bassin arachidier
II.3.1. Situation géographique
Les départements de Kaffrine, Nioro, Kolda et
Tambacounda sont concernés par cette étude. Le choix du bassin
arachidier s'explique par sa place historique importante dans l'économie
nationale et son poids démographique significatif.
Le bassin arachidier couvre l'Ouest et le Centre du
pays, correspondant aux régions administratives de Louga, Thiès,
Diourbel, Fatick et Kaolack. Il couvre le tiers de la superficie du
Sénégal et abrite environ la moitié de la population du
Sénégal. Aujourd'hui, suite à l'appauvrissement des terres
du bassin arachidier et sous l'effet du gradient pluviométrique, nous
assistons à une extension du bassin arachidier vers la zone sud
où les sols sont favorables au développement de la culture
arachidière.
Cette partie marquée depuis plus de 20 ans par
une baisse considérable de la pluviométrie. La pression
anthropique et l'évolution climatique ont contribué à une
dégradation accélérée des écosystèmes
et induit des changements profonds dans le système d'exploitation.
Aujourd'hui, cette zone est celle des systèmes de production
agro-pastoraux sahéliens. Elle est confrontée à
l'épuisement du patrimoine foncier tant au niveau de la fertilité
des sols qu'à celui des ressources ligneuses (ISRA, 1997).
La carte ci-dessous est élaborée par
géoréférencement au LERG; elle contient les
communautés rurales de chaque département,
représentées sur la base des coordonnées (latitude et
longitude) en UTM.
Figure 1 : Représentation cartographique de la
zone d'étude
La topographie est plus ou moins bosselée, ce qui
résulte de l'existence des plaines imparfaites, surélevées
vers l'Est et l'Ouest en bas plateaux recouverts de sable.
Sur le plan des ressources hydriques, trois zones ont
été identifiées par la société de
développement et vulgarisation agricole (SODEVA) en 1990 :
· La zone Ouest où le niveau statistique
de la nappe est de bonne qualité varie, de 25 à 40 m, des
débits de 75 à 100 m3/h peuvent être obtenus par
forage à des profondeurs variant de entre 50 et 100 m ;
· La zone Centre presque dépourvue de
ressources en eaux souterraines en qualité et en quantité
satisfaisantes ;
· La zone Est couverte par la nappe du
Maestrichtien profonde de 200 à 250 m, mais dont la qualité de
l'eau est assez bonne.
L'exploitation des ressources hydriques des nappes
profondes est assez limitée contrairement à celle des nappes
phréatiques dont l'alimentation est tributaire de la pluviométrie
et de la nature des roches imperméables.
II.3.2. Climat
Il est de type sahélien au Nord et
sahélo-soudanien vers le Sud avec des précipitations dont
l'intégralité et la faiblesse s'accentuent du Sud vers le Nord.
Les moyennes annuelles enregistrées ces 10 dernières
années varient de 400 à 600 mm. Cette situation est due à
un glissement des isohyètes vers le Sud entrainant ainsi une baisse de
la pluviométrie et l'avancée de l'aridité (ISRA,
1996).
A l'instar du pays cette zone connait deux saisons
:
· Une saison sèche d'octobre à
juillet, favorable aux cultures fruitières, au maraichage et aux
productions animales. Pendant cette période, les températures
sont en moyenne plus élevées, l'air est sec et clairement
important.
· Une saison pluvieuse de juillet à
octobre où la zone est comprise entre les isohyètes 400 - 500 mm
au Nord et 800-900 mm au Sud (Dancette, 1981).Les températures moyennes
mensuelles sont particulièrement élevées notamment en
avril, mai et juin où elles dépassent largement les
30°C.
II.3.3. Sols
Les sols présentent des disparités en
fonction des zones mais les plus dominants sont :
Les sols ferrugineux tropicaux peu
lessivés(Dior) : ils sont situés sur dunes de sable avec un
relief plat. La caractéristique commune pour ces sols est leur faible
teneur en argile dans les horizons de surface. Ils sont sableux et très
perméables avec une faible teneur en matières organiques (Badiane
et al., 2000) ;
Les sols bruns callimorphes (Deck) : ils sont
situés sur les dépressions. Ils sont sableux avec 3 à 8%
d'argile, possèdent un horizon humifère, sont mieux
structurés que les sols Dior mais sont moins
répandus.
II.3.4. Caractéristiques
socio-économiques
L'activité dominante est l'agriculture et occupe
74% de la population de la zone (DPS, 2004),
puis viennent le commerce, l'artisanat et
l'élevage. Ce dernier intéresse aussi bien les peulhs que les
sérères. Si nous considérons les superficies
emblavées, les principales spéculations sont dans l'ordre
décroissant : l'arachide, le mil, le niébé ,le sorgho, le
manioc, la pastèque et le Bissap.
La principale culture de rente est l'arachide qui
assure une bonne partie du revenu monétaire des paysans. Cependant,
d'autres cultures comme le niébé, la pastèque et surtout
le manioc contribuent également à augmenter les
revenus.
D'autres produits (légumes, viande d'abattage,
volaille, produits forestiers) assurent des bénéfices
relativement importants et constituent des activités secondaires dans
lesquelles les paysans s'investissent de plus en plus pour une plus grande
diversification de leurs sources de revenus.