II.1.1. Présentation
générale
Par Décret N° 99-909 du 14 septembre 1999
portant organisation du Ministère de l'Agriculture, il a
été créé au sein dudit Ministère par
arrêté N° 003304 du 15 Mars 2000 la Direction de l'Analyse,
de la Prévision et des Statistiques (DAPS). Elle émane de la
fusion de l'ancienne Unité de Politique Agricole (UPA) et de la Division
des Statistiques Agricoles (DISA).
Sous l'autorité du Ministre de l'Agriculture, la
Direction de l'Analyse, de la Prévision et des Statistiques (DAPS) est
chargée des fonctions :
D'analyse, de préparation, de suivi
évaluation et de contrôle des politiques, programmes, projets et
actions de développement ;
De la collecte, de la centralisation, du traitement et
de la diffusion des informations et statistiques agricoles ;
La DAPS est organisée comme suit :
· Division de l'Analyse et de la prévision
(DAP) ;
· Division des programmes et projets (DPP)
;
· Division des statistiques, de la documentation et
de l'information agricoles (DSDIA) ;
· Bureau administratif et financier
(BAF).
II.1.2. Division des statistiques, de la documentation
et de l'information agricole
Elle a pour mission de centraliser les informations
et les statistiques agricoles, de tenir et de mettre à jour la
documentation agricole, d'aider à l'introduction et à l'extension
des méthodes et modèles informatiques adaptés aux besoins
des services. Elle est en outre chargée de la communication du
Ministère de l'Agriculture avec les acteurs publics et privés. A
ce titre, elle est chargée :
· d'élaborer les programmes nationaux
d'enquêtes statistiques du secteur agricole, d'en évaluer les
moyens et d'organiser leur exécution ;
· de concevoir la méthodologie et les
supports systématiques des enquêtes statistiques
spécifiques initiées par les directions techniques et de les
diffuser ;
· d'apporter son appui aux directions
régionales en méthodes, formation et moyens logistiques
;
· de collecter, traiter, analyser et
diffuser les données nécessaires à la constitution d'une
base de données statistiques et publier les résultats
consolidés dans les publications périodiques ;
· de gérer le Centre de Documentation du
Ministère de l'Agriculture et de définir les méthodes et
instruments standardisés informatiques utiles pour l'ensemble du
département ;
· d'apporter son expertise et son appui
informatique à toute direction qui en fait la demande et de
développer les applications nécessaires aux directions
;
· d'assurer la communication entre le
ministère de l'Agriculture et tous les utilisateurs publics et
privés de l'information agricole.
II.1.3. Historique sur les statistiques
agricoles
Les premières enquêtes agricoles au
Sénégal ont eu lieu au début des années 60. Elles
étaient réalisées par les institutions régionales
de développement et il n'existait alors aucune méthode
officiellement appliquée par l'ensemble des acteurs qui intervenaient
dans le secteur des statistiques agricoles. Les méthodes ont
été harmonisées à partir de 1985 avec le programme
DIAPER du CILSS (« diagnostic permanent »). Nous pouvons ainsi
distinguer différentes périodes :
· La période 1960 -1974 : Les
enquêtes étaient menées par les inspections
régionales de l'agriculture. Elles travaillaient sans aucune base de
sondage. Des rapports sont élaborés puis rapportés au
niveau national.
· La période 1974-1985 : C'est
l'avènement des sociétés régionales de
développement rurale, notamment la SODEFITEX, la SAED, SODEVA et la
SODAGRI. Elles faisaient leurs propres statistiques, avec leur propre
méthodologie, puis des séries de résultats sur les
statistiques agricoles seront élaborées à travers les
données recueillies.
· La période 1985-1996 : elle correspond au
programme DIAPER (« diagnostic permanent ») mis en place par l'Union
Européenne au niveau du CILSS.
Une méthodologie d'enquête statistique
homogène est mise en place dans l'ensemble des pays du CILSS. La
première enquête selon la méthode DIAPER a lieu en 1985. Le
financement de l'UE couvre la période 1985 à 1996, avec 3
programmes DIAPER successifs (85-88 : DIAPER 1 ; 89-92 : DIAPER 2 ; 93-96 :
DIAPER 3). La méthodologie utilisée procède d'un sondage
probabiliste à deux degrés. Les unités primaires sont les
villages et les unités secondaires sont les ménages (ou
exploitations) agricoles.
Au Sénégal l'univers statistique est le
département, et la première base de sondage était le
répertoire des villages issu du recensement général de la
population et de l'habitat (RPGH) de 1988 : il comprend, outre le nom du
village, le nombre de ménages, l'effectif de la population selon le sexe
etc. L'échantillon utilisé pour l'enquête est
composé de 2400 exploitations agricoles réparties dans 480
villages.
La période 2000-année en cours :
à partir de l'année 2000 (incluse) la méthodologie est
modifiée suite au recensement général agricole qui a eu
lieu au Sénégal en 1998 : les enquêtes reposent
désormais sur un sondage probabiliste stratifié à deux
degrés avec comme unités primaires, les districts de recensements
(voir ci-dessous), et comme unités secondaires, les exploitations
agricoles. La méthodologie est développée en détail
dans la suite.
Depuis la mise en place des méthodes DIAPER les
enquêtes agricoles annuelles sont réalisées par les agents
des services départementaux du développement rural (SDDR), sous
le contrôle de la DAPS.
II.1.4. Principes statistiques des enquêtes
agricoles
Entre 1996 et 1997 une enquête de
pré-recensement a été faite, coïncidant avec la date
de fin du projet DIAPER. Cela a permis de répertorier l'ensemble des
villages du pays, donnant un nombre de 14 000 villages. Dans ces villages tous
les ménages ont été répertoriés et cela a
permis de distinguer les ménages agricoles des ménages ruraux.
Suite à ce pré-recensement il y eut le recensement
général de 1998, qui a permis de déterminer le nombre de
ménages, indiquant un total de 437 037 ménages agricoles sur
l'ensemble du territoire.
Le recensement général a
également permis de définir des « districts de recensement
» (DR) qui sont de petites unités géographiques de 800
à 1000 habitants. En réalité un DR peut donc correspondre
à un ensemble de villages, un seul village ou à une partie d'un
village si celui-ci est vaste.
Le recensement a utilisé un échantillon
de 7250 ménages agricoles (ce qui correspond à un taux de sondage
de 1,66% : 7250/437037). C'est au sein de cette base de sondage que les
ménages étudiés pour les enquêtes ont
été choisis .En pratique 3200 ménages (exploitations
agricoles) ont été retenus pour les enquêtes agricoles
annuelles, soit environ la moitié de l'échantillon du
recensement. Cet échantillon est maintenu sur une période de
trois (3) années successives puis il est changé (2000-02 ;
2003-05 ; 2006-08...).
Une exploitation agricole ou ménage agricole
peut être définie comme une unité de quelques
personnes
(dont plusieurs adultes) qui se sont déclarées comme vivant et
exploitant ensemble
un certain nombre de champs. On utilise aussi les
termes de < carré »3 et < unité de
production (UP) ». Le ménage est représenté et
identifié pour le recensement et pour le paiement des impôts par
son < chef de carré ». Le <
ménage/exploitation/carré/UP » ainsi défini rassemble
en général plusieurs couples avec leurs enfants, soit plusieurs
< ménages » au sens moderne du terme. Ces ménages peuvent
être composés de 20-30 personnes en tout.
L'enquête agricole repose sur un sondage
probabiliste stratifié à deux degrés, avec comme
unités primaires, les districts de recensements (DR), et comme
unités secondaires, les exploitations agricoles. Cela signifie qu'un
certain nombre de DR sont sélectionnés (au hasard) au niveau de
chaque département, puis on sélectionne (au hasard) un certain
nombre d'exploitations agricoles au sein de chacun de ces DR pour mener les
enquêtes agricoles annuelles (emblavements, rendements, stocks et autres
aspects enquêtés).
Les districts de recensement (DR) ont
été sélectionnés au hasard , suivant un tirage
proportionnel à leur taille au niveau des départements pour
l'enquête 2000 et ce sont toujours les mêmes qui sont
utilisés jusqu'à présent. Le nombre de DR
considérés pour un département dépend de la taille
de celui-ci (Cf Annexe 1) et cela va de 10 (exemple Ranérou) à 30
(exemple Nioro, Tambacounda et Tivaouane) en principe. Il y a une exception
pour le département de Kaffrine qui, compte tenu de sa taille et de son
hétérogénéité agro-écologique
nord-sud, est considéré comme un département double avec 2
fois 30 DR considérés : au niveau de la méthodologie
d'enquête statistique on y distingue ainsi 2 strates, la strate nord et
la strate sud, chacune avec 30 DR. Pour tous les autres départements il
n'est considéré pour le moment qu'une seule strate.
Enfin il est important de préciser que pour ce
qui concerne les rendements on ne considère que 12 DR par
département, choisis au hasard parmi les DR sélectionnés,
et non pas l'ensemble des DR
Quatre (4) ménages sont enquêtés
annuellement au sein de chaque DR. Ils sont sélectionnés dans
l'èchantillon de sondage (des 3200 ménages) et sont
changés tous les 3 ans (2000-02 ; 2003-05 ; 2006-08 ; ...). On a donc
entre 40 ménages (petits départements) et 120 ménages
enquêtés annuellement (grands départements) par
département (et de l'ordre de 240 à Kaffrine). Deux types
d'études sont annuellement faites au niveau de ces ménages
:
· une étude des emblavures,
c'est-à-dire de tous les champs cultivés ;
· une étude des rendements d'un
échantillon de ces champs ;
3 Attention : le terme de
carré peut aussi se référer à une partie d'un
village, entouré en général de palissades, et qui en
pratique regroupe plusieurs < carrés/UP »
Les enquêtes sur les emblavements, et les
rendements, ont porté jusqu'à présent sur les 3 ou 4
principales cultures de chaque département : il s'agit le plus souvent
du mil, de l'arachide et du maïs. En 2008 la consigne donnée aux
SDDR a été de mesurer les superficies et les rendements de toutes
les cultures, et non plus seulement des principales.
II.1.5. Estimation des superficies
cultivées
Pour les emblavures les enquêtes consistent
à mesurer les superficies de tous les champs cultivés (en
cultures principales jusqu'en 2008) des 4 ménages
sélectionnés de chaque DR sélectionné. Sachant que
nous pouvons avoir une trentaine de DR sélectionnés dans un
département (60 à Kaffrine), et donc jusqu'à 120
ménages enquêtés (240 à Kaffrine), pour une
spéculation donnée cela peut aller jusqu'à des centaines
de champs. Par exemple à Tambacounda si chaque ménage cultive en
moyenne 2 champs de mil les enquêteurs auront à mesurer les
surfaces de 240 champs de mil : 30 (Nbr DR) x 4 (Nbr ménages/DR) x 2
(champs de mil) = 240 champs).
En pratique les enquêteurs (agents des SDDR)
font donc la levée de toutes les parcelles des ménages
considérées. Les superficies sont mesurées jusqu'à
présent avec un matériel topographique très rustique :
décamètres,boussoles, jalons, machines programmables etc. (pas de
GPS pour le moment). Ce travail est lourd, très fastidieux et mobilise
une grande partie du temps des agents durant l' hivernages. Ensuite les
questionnaires d'enquêtes sont vérifiés pour voir s'il
existe des données manquantes et puis sont envoyés à la
DAPS pour être saisis. Au niveau de la DAPS à Dakar il est
procédé à la saisie avec l'utilisation d'un programme
à l'ordinateur appelé CS Pro, développé par le
bureau du recensement national Américain. Ensuite il y a une phase de
nettoyage et corrections des données qui semblent erronées et/ou
mal saisies. Les données sont finalement archivées et
gérées sous le logiciel SPSS.
Le traitement des données de superficie a pour
objectif de déterminer les superficies cultivées dans les
différentes cultures (principales / toutes) au niveau de chaque
département. La procédure est la suivante :
· on détermine la superficie totale
cultivée en chaque culture (SUPT(C1 ; mén)) sur l'ensemble des n
ménages enquêtés (n variable jusqu'à environ 120 ;
240 à Kaffrine) : en faisant la somme de toutes les superficies
cultivées, en chaque culture, pour tous ces ménages ;
· on estime ensuite pour chaque culture la
superficie totale cultivée du département (SUPTC1) en tenant
compte du nombre de ménages enquêtés (n) et du nombre total
de ménages du département (N) :
II.1.6. Estimation des rendements moyens
départementaux
Dans chacun des 12 DR considérés pour
les rendements, pour chaque culture principale considérée (toutes
les cultures depuis 2008), les mesures de rendement ont été
réalisées jusqu'en 2005 sur 3 champs choisis au hasard parmi les
champs des 4 ménages enquêtés : on obtenait ainsi 36
valeurs individuelles de rendement (données primaires). Depuis 2006 le
nombre de carrés de rendements mesurés est passé à
5 par culture par DR (5 champs d'une culture donnée par DR), soit 60
carrés par culture par département.
L'objectif final est de déterminer, pour
chaque spéculation étudiée, le rendement moyen du
département, ce en tant que moyenne des valeurs mesurées
ponctuellement (36 jusqu'en 2005 et 60 depuis). Les résultats sont
considérés significatifs au niveau du
département.
En pratique chaque valeur individuelle (ponctuelle) de
rendement est obtenue au niveau d'un carré de rendement posé dans
un champ donné, sachant qu'on ne pose qu'un seul carré par champ.
Les dimensions des carrés sont fixées pour chaque
spéculation, cela depuis le début de l'enquête agricole
:
· de 5m de côté pour l'arachide, le
niébé et le bissap ;
· de 10 m de côté pour le mil, le
maïs et le sorgho ;
· de 1 m de côté pour le riz pluvial
(seules les cultures pluviales font l'objet de ces enquêtes).
Une méthodologie précise existe pour
expliquer aux agents comment poser les carrés. Elle est basée sur
des relations entre les longueurs des côtés du champ et des
nombres aléatoires : cela permet d'éviter qu'il y ait un choix
délibéré de l'emplacement du carré. Le choix des
champs (3 jusqu'en 2005, 5 depuis, par DR pour une spéculation) sur
lesquels on va poser les carrés obéit aussi à une
méthodologie précise qui permet de les sélectionner au
hasard parmi l'ensemble des champs des 4 ménages étudiés
du DR.
Les carrés sont donc récoltés
par les agents des SDDR, puis après une période de séchage
ils procèdent au battage et/ou égrenage et/ou décorticage
suivant les cultures et ensuite à la pesée de la récolte
pour déterminer les poids secs de grains : grains de mil, maïs,
sorgho, fonio ; graines de niébé et d'arachide (« rendements
grains » et non « rendements coques ») ; pour le riz
(après battage) rendement « riz paddy ».
Au niveau des questionnaires remplis sur place par les
agents des SDDR il est indiqué : (i) la
culture, (ii) la
variété (ou type), (iii) la taille du carré, (iv) le
nombre de poquets ou pieds, (v)
le nombre d'unités de produits
récoltés (en pratique cela ne concerne que les
céréales avec le nombre d'épis et/ou chandelles et/ou
panicules), et enfin (vi) le poids (en grammes) de la récolte
(après séchage).
Les questionnaires sont envoyés à la
DAPS pour être saisis. Les données sont vérifiées et
éventuellement corrigées par les spécialistes de la DAPS.
Puis elles sont archivées et gérées sous SPSS. Elles
permettent d'établir les rendements moyens
départementaux.
En 2008 la consigne donnée aux SDDR a
été de mesurer les superficies et les rendements de toutes les
cultures, et non plus seulement des principales.
La DAPS envisage pour le futur de produire des
statistiques au niveau des communautés rurales (CR) (environ 320
recensées pour le pays) et non plus au niveau des départements
(33 départements). Cela impliquera de réaliser beaucoup plus de
mesures : si on considère un minimum de 33 observations par CR, cela
correspond en effet de l'ordre de 300-350 mesures par
département.