WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Contre histoire de la philosophie / le laboratoire de la philosophie vivante chez Michel Onfray

( Télécharger le fichier original )
par Rania Kassir
Universite Libanaise - DEA 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

C. La bioéthique au service des parents :601(*)

Dans la première partie de notre mémoire, on a appris que l'humain apparaît approximativement dès la vingt-cinquième semaine. Avant, c'est le triomphe du néant ou une vie qui ne signifie plus rien.

Loin d'adopter cette position, les partisans de la « bioéthique conservatrice » font appel au concept de la « personne potentielle ». Que dit cette expression ? La personne potentielle c'est le fait d'admettre que l'oeuf ou le zygote est un humain virtuel et une vie en puissance. La vie pour eux existe alors avant la date fixée par Onfray. Mais c'est là que surgissent les questions fondamentales : Les idéalistes sont-ils des défenseurs de la vie ? Onfray se contredit-il alors ? Que cache l'expression de la personne virtuelle ?

La « personne virtuelle » défendue par la bioéthique française ne peut aucunement être un support à la vie dont parlait Onfray : la vie transfigurée ou l'expansion de soi. Pour elle, cette vie a une conception métaphysique et sociale. Elle trouve que la vie est présente dès la conception d'un oeuf car dans la position platonicienne et théologienne, le corps est un support de l'âme immatérielle et c'est cette dernière, et non le cerveau (comme disait Onfray), qui fixerait l'humanité de l'homme. Cette vie est donc sacrée parce qu'elle provient du ciel intelligible.602(*) Elle est de même défendable puisqu'elle permet de nourrir le système social. On se soucie de l'embryon non pas pour lui-même, pour son émancipation personnelle mais parce qu'on voit en lui le futur père de famille, la future épouse, le futur citoyen engagé.603(*) A ce propos déclare Onfray : « Justifier aujourd'hui l'humanité d'un oeuf ou d'un embryon sous prétexte qu'il pourrait donner un jour un être adulte vaut intellectuellement et du point de vue de raisonnement autant que tuer ici et maintenant un vivant en vertu de la certitude qu'il est actuellement un mort en puissance. »604(*) Mais, qu'est-ce qui justifie le refus du présent agencement cellulaire au nom du futur être humain ? Pour quelle raison devrait-on écarter l'immanence biologique au profit de la transcendance théologique ?

La réponse se trouve chez Onfray : le refus du corps élargi et la (re)christianisation de la bioéthique. Dès lors, Michel Onfray se propose de faire le chemin inverse : abolir la personne potentielle pour déchristianiser la bioéthique.

Tout d'abord, en refusant la personne potentielle, Michel Onfray trouve que la science peut en faisant des recherches sur les embryons (intouchable pour la bioéthique conservatrice), comprendre les mécanismes de la stérilité et y remédier sur le terrain implantatoire ou de la P.M.A. elle peut également dévoiler le fonctionnement des anomalies génétiques et y remédier en posant la thérapie génétique. Par ceci, la science affronte la bioéthique française qui suppose mauvais en soi les recherches médicales et scientifiques.605(*)

Deuxièmement, en refusant la personne potentielle, la science est apte à appliquer ses recherches. Elle permet au couple stérile ou les individus gynéco-logiquement détruits par des chimiothérapies de recourir à la fécondation in vitro. Elle permet également à des mères privées d'utérus d'y appliquer cette méthode en recourant à des mères porteuses.606(*) Cette technique est favorable aussi à des femmes monopauses ayant dépassé l'âge naturel de la fécondation. En ce dernier point, Michel trouve que seuls ceux qui réactivent les vieux schémas sexistes, dans lesquels le mâle, même octogénaire et nonagénaires, peut uniquement être père, ne peuvent que s'opposer à cette possibilité technique.607(*)608(*)

Troisièmement, en récusant la personne potentielle, la science permet de légitimer l'interruption volontaire de grossesse. Chacun peut dès lors disposer de son corps comme il veut. Il a la liberté et la volonté de mettre au jour des enfants à l'heure voulue, choisie et décidée. De même, en utilisant l'avortement, il pourra éliminer avant la vingt-cinquième semaine, un embryon qui développe des tares physiques ou psychiques car pour lui ce qui est important n'est pas de concevoir mais de mettre au jour des enfants qui partent dans l'existence avec de moindres chances pour une vie heureuse et épanouie.609(*)

Quatrièmement, en récusant la personne potentielle la médecine peut mettre au terrain l'eugénisme. Pour Onfray : « le mot ne dit rien d'autre que le souci chez les géniteurs de produire un individu le mieux conforme possible, le moins affecté par la maladie, le trouble, les tares susceptibles d'une transmission par des parents à risque. »610(*). A cet instar, l'eugénisme permet l'éviction d'un chromosome responsable d'une maladie dans une P.M.A. On se prémunit d'avoir des enfants qui ont le diabète, la trisomie, une malformation cardiaque.....

Enfin, dans cette première étape, Onfray pose à la bioéthique française :  «  Au nom de la personne potentielle, pourquoi ne pas fustiger la masturbation masculine et les menstruations féminines puisque dans les deux cas se perdent des milliards de vies potentielles chez l'homme et une vie menstruelle possible chez la femme ? Que de spermatozoïde gâchés et d'ovules perdus ! Que de vies en puissance destinées au néant du plaisir solitaire, abandonnées au flux sanguin ou gâchées dans une sexualité protégée par la contraception ! Pour quelles raisons y aurait-il plus de virtualité dans le zygote formé, même âgé de quelques heures, que dans le sperme répandu ou le sang des règles ? »611(*)

* 601 Ibid., pp.105-150

* 602 Ibid., p.131

* 603 Ibid., p.125

* 604 Ibid., p.128

* 605 Ibid., p.137

* 606 Ibid., p.90

* 607 Ibid., p.208 ; p.209

* 608 Toutefois certaines restrictions s'imposent à la P.M.A : Pas d'insémination avec le sperme d'un grand-père ou arrière-grand-père, frère ou fils...Pas d'inceste génétique donc.

Pas de fécondation des vierges qui accouchent sans avoir composer avec un homme.

Pas de préservation des embryons congelés après la disparition de la donneuse d'ovules ou du donneur de sperme.

Pour Onfray, l'enfant a le droit de naître des parents qui ne sont pas des délinquants relationnels, des névrosés. Ibid., p.206 ; p.207

* 609 Ibid., p.163

* 610 Ibid., p.188 ; p.189

* 611 Ibid., p129 ; p.130

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery