§1. L'action sociale
152. - Les salariés peuvent en effet
prendre part aux stratégies de défense anti-OPA. En concertation
ou non avec les dirigeants de la société cible, le personnel peut
envisager certaines mesures de défense.
Ces méthodes sont plus issues de la pratique que de
textes juridiques. La France est en effet un pays où la protestation
salariale est entrée dans les moeurs avant d'être
codifiée.
Dans le cas présent, n'ayant pas véritablement
de pouvoirs d'opposition à l'OPA hormis les cas cités plus haut
comme le pouvoir renforcé du comité d'entreprise ou le placement
d'actions (souvent bloquées) entre les mains de salariés, il
reste au personnel des mesures d'ordre symbolique.
153. - Rodés à la grève,
les salariés, soutenus ou guidés par leurs syndicats, peuvent
envisager une grève préventive. Si elle produit des effets
directs sur la société cible, elle en a également sur la
société hostile.
Elle permet tout d'abord de montrer leur détermination
aux dirigeants des deux sociétés que l'OPA soit inamicale ou non,
elle attire l'attention des actionnaires des deux sociétés sur
leur sort et elle peut déstabiliser l'auteur de l'OPA.
Certaines OPA ont ainsi échoué grâce
à la détermination sans faille du personnel de la
société cible qui avait mené une action d'envergure afin
de barrer le passage au raider.
154. - Les salariés peuvent
également donner leur quitus aux dirigeants. Par cet effet, ils
consolident leur position au sein de l'entreprise et montrent leur sympathie
économique face à la résistance des instances dirigeantes
contre l'assaillant extérieur.
De surcroît, ce soutien du président du Conseil
d'administration et du Conseil d'administration permet aux membres de ces
organes de justifier leur stratégie interne de défense
auprès de leurs actionnaires.
155. - Le personnel peut encore envisager un
large plan médiatique pour dépasser le cadre de l'OPA et alerter
toute personne extérieure à l'entreprise.
Le but est de parvenir à attirer les médias sur
leur situation mais aussi sur les effets sociaux que l'OPA pourrait produire
sur le plan macro-économique.
A côté du plan médiatique de la direction
qui essaie d'alerter les actionnaires et ainsi empêcher qu'ils ne soient
les proies des sirènes de l'initiateur de l'OPA, le personnel peut
produire des notes d'informations et même acheter des pages d'information
dans certains journaux spécialisés ou même tout public.
156. - Enfin, l'action des syndicats peut
être très efficace pour freiner les ardeurs d'un raider.
Lorsqu'il y a une menace sur l'emploi à l'occasion du
dépôt d'une offre publique, les syndicats peuvent également
alerter le grand public. Les ténors des cinq grands syndicats
français ne manqueraient pas de faire connaître leur position sur
l'OPA envisagée.
A l'échelon local, c'est-à-dire au niveau de
l'entreprise, le syndicat peut mener une action interne pour informer les
salariés des risques qui pèsent sur eux. De même, le
syndicat dépassant largement le cadre de l'entreprise, les sections
syndicales de chacune des entreprises actrices lors de l'OPA peuvent nouer des
liens et faire savoir à leurs directions respectives qu'elles
n'entendent pas subir une quelconque absorption. Elles peuvent aussi
prévoir d'agir de concert et, selon leur langage, faire savoir que les
salariés ne sont pas « de la chair à canon »
dans un contexte de fusion économique. En cela, les sections syndicales
« main dans la main » mèneront une vaste action
commune dans le but de faire plier l'auteur de l'OPA.
|