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Le sound design musical des lieux publics haut de gamme

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par Benoit REBUS
Institut International de l'Image et du Son - Master of arts, spécialité SON 2007
  

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2.3.4 Audition binaurale et localisation auditive39

Pour construire notre espace sonore subjectif, il nous faut tout d'abord repérer la position des sources acoustiques qui nous entourent. Cette opération est désignée sous le nom de «localisation». Localiser une source, c'est d'abord identifier son azimut et sa hauteur, donc sa direction, puis déterminer la distance à laquelle elle se trouve dans cette direction. L'environnement acoustique résulte en général de l'action simultanée de plusieurs sources. La combinaison de leurs rayonnements produit un champ acoustique complexe que le système auditif doit traiter pour reconna»tre séparément chaque source. Nous examinerons ce problème à partir des exemples de la stéréophonie, de l'effet de Haas et de la localisation dans le bruit. Ce dernier point nous permettra de définir ce que l'on appelle le démasquage binaural et de préciser les facultés de discrimination auditive spatiale qui en découlent.

Niveau de pression acoustique dans le conduit auditif, rapporté à la pression sur un plan réfléchissant, en fonction de la fréquence, pour diverses incidences.

( - ) au voisinage du tympan ; (---) à l'entrée (2cm) du conduit auditif «obturé». (Shaw et Teranishi, 1968)

2.3.5 Perception de la musique

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Parmi tous les sons don't le système auditif humain est capable d'extraire une sensation de HT, les plus importants écologiquement sont complexes et périodiques. Tel est le cas des voyelles et des sons que produisent la plupart des instruments de musique. En vertu de théorème de Fourier, tout son complexe périodique (SCP) de période p = 1/f peut être décrit comme une somme de sons purs qui diffèrents par la fréquence et dont chacun a une fréquence de la forme n.f, ou n est un nombre entier ; la fréquence f est appelée «fréquence fondamentale» du SCP. Les SCP typiques de l'environnement sonore humain sont des SCP «harmoniques». Un SCP de fréquence fondamentale f est dit «harmonique» lorsque les sons purs constituant ses composantes spectrales ont des fréquences qui sont des multiples entiers successifs de f : dans son spectre, chaque composante de fréquence n.f (sauf la dernière) est suivie d'une composante de fréquence (n + 1).f. Tout autre SCP est «inharmonique».

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La musique a une emprise constante sur notre activité. Le fait que l'oreille fonctionne en permanence, offre la possibilité au stimuleur d'attirer l'attention de l'auditeur par une source quelconque. Ici, elle n'est pas quelconque puisqu'il s'agit de musique, immédiatement l'auditeur y prête attention avec un degré de conscience plus ou moins grand. Cette intensité d'attention de l'auditeur par rapport à ce qu'il écoute varie suivant si la musique qu'il percoit lui évoque un intérêt quelconque ou pas dutout.

La musique a trois fonctions : affective, cognitive, comportementale.

L'affectif est l'effet plus ou moins produit directement sur l'auditeur. La musique doit correspondre aux gouts musicaux du client afin de leur procurer du plaisir.

Le cognitif traduit des faits propre à la musique, comme l»%oge, la classe socio/professionnelle, la géographie... Ainsi, suivant la musique que l'on décide de programmer, celle-ci évoquera des repéres assez clairs sur un certain positionnement, à savoir à qui s'adresse cette musique et qui est suceptible d'y être sensible et de l'interpréter comme une composante logique du lieu. L'exemple des magasins pour adolescentes Pimkie est encore une fois trés parlant, il est en effet totalement hors sujet de diffuser de la musique classique dans ce genre d'endroit tant les jeunes gens ne se retrouveront pas dans cette musique associée à leur magasin.

Le comportemental est l'action physique produite par la musique. La musique peut alors ralentir le rythme de la visite du magasin, détendre en installant une ambiance confortable ou au contraire donner du dynamisme et une énergie au client.

Malgré tout, la littérature entretient l'infériorité de l'ou
·e par rapport aux autres sens.

A propos du mépris de l'oreille :

«Citation d'Horace traduit par le père Sanadon : Ce qui ne frappe que les oreilles fait moins d'impression que ce qui frappe les yeux. Quignard poursuit Théophraste soutenait au contraire que le sens qui ouvrait la porte le plus largement aux passions était la perception acoustique.»42

«Tout son est l'invisible sous la forme du perceur d'enveloppes. (É) Immatériel, il franchit toutes les barrières. Le son ignore la peau, ne sait pas ce qu'est une limite : il n'est ni interne, ni externe. Illimitant, il est inlocalisable. Il ne peut être touché : il est l'insaisissable. L'audition n'est pas comme la vision. Ce qui est vu peut être aboli par les paupières, peut être arrêté par la cloison ou la tenture, peut être rendu aussitôt inaccessible par la muraille. Ce qui est entendu ne conna»t ni paupières, ni cloisons, ni tentures, ni murailles. Indélimitable, nul ne peut s'en protéger. (É) Le son s'engouffre. Il est le violeur. L'ou
·e est la perception la plus archa
·que au cours de l'histoire personnelle, avant même l'odeur, bien avant la vision, et s'allie à la nuit.

Il se trouve que l'infini de la passivité (la réception contrainte invisible) se fonde dans l'audition humaine. (É) Entendre, c'est être touché à distance. Le rythme est lié à la vibration. C'est en quoi la musique rend involontairement intime des corps juxtaposés.»43

«Les découvertes récentes de la neurologie confirment bien cette différence entre musique et langage en localisant le traitement de la musique dans le cerveau dans un tout autre lieu. Alors que le traitement du langage est nettement localisé dans l'hémisphère cérébral gauche, celui de la musique est beaucoup plus complexe. Une vibration sonore pénètre par le pavillon de l'oreille sous forme d'onde ; quand elle atteint le tympan, elle se transforme en oscillations de la membrane fermant le conduit auditif, transmises par des osselets à l'oreille interne, jusqu'à une cavité emplie de liquide oü se trouvent quelque deux cent mille cellules cillées qui transforment les vibrations en substances chimiques. Celles-ci exitent à leur tour les terminaisons du nerf auditif qui les transforment en signaux électriques circulant alors jusqu'au cortex oü s'opèrent l'analyse et la reconnaissance. Là se distingue musique et langage : il semble que l l'appréhension de la courbe mélodique se fasse tout entière dans l'hémisphère droit, alors que la localisation de celle du rhythme reste encore mystérieuse. Les sensations musicales sont ensuite regroupées, analysées, comparées à un lexique sonore gardé quelque part en mémoire, lequel les reconna»t s'il les a déjà entendues, ou du moins les confrontes à des sons, des timbres, des rhythmes, des mélodies déjà mémorisés. On peut réentendre virtuellement un son en mémoire rien qu'en y pensant ; on peut en quelque sorte le fredonner dans son esprit : phénomnèse. Lorsqu'on réentend une oeuvre mémorisée, on n'entend pas l'oeuvre, mais aussi tout le contexte dans lequel on l'a déjà entendue, réellement et virtuellement. Un climat sonore, un environnement musical, une mélodie peuvent alors être associés à une ambiance, une signification, un discours, pour suggérer des sentiments, manifester des intentions, des ordres, compléter ce que disent les images, inciter à une chorégraphie.

La mémoire des sons, essentielle à l'intelligence de la musique, s'organise dès la prime enfance. Elle varie considérablement d'un individu à l'autre. Certains n'en ont aucune et sont même incapables d'associer le nom d'une note à un son entendu mille fois tandis que d'autres peuvent rejouer de mémoire des oeuvres d'une très grande longueur.»44

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand