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Sophie Rieunier Le marketing sensoriel du point de vente, Dunod,
2006
Le Sound Design
1.2 Restrictions
Dans le but d'approfondir au maximum le sujet du sound design
musical de lieux, nous limiterons notre démarche, et non nos recherches,
au secteur du haut de gamme dans la mesure ou le secteur du grand public a
déjà été étudié.4
Il s'agira donc ici de ne traiter que les lieux prestigieux,
haut de gamme voir trés haut de gamme que ce soit dans les domaines de
l'hôtelerie, de la restauration ou des clubs. Le fait de resteindre ce
sujet de cette maniére nous ferme les portes de l'attendu et de la
banalité du grand public comme le fait de diffuser des ambiances sonores
de port de pêche au rayon poissonnerie du supermarché du coin. Il
convient plutôt ici, d'ouvrir les portes du raffinement, du gout, de la
culture et par conséquent de la recherche extrême. Entre alors en
ligne de compte des notions beaucoup plus larges et completes que la musique et
le son pur comme, l'architecture, le design ou encore la peinture. C'est
précisément pour ces caractéristiques que j'ai choisi
d'étudier ce secteur et non pour des raisons puériles de
fascination pour l'univers du luxe et ce qu'il représente.
Je pense simplement que les personnes évoluant dans ce
contexte, sont plus à même de comprendre et cerner
l'intérêt d'une telle démarche pour mettre en valeur leurs
produits, leur identité, leur positionnement, leur marque. Il est aussi
certain que les investissements engendrés par ce type d'étude et
de travail sont plus à la portée du groupe multinational que de
la marque locale qui fait du «prêt à consommer».
D'ailleurs cette restriction se fait d'elle-même
lorsqu'à la suite d'une écoute de la musique que je joue dans ces
lieux haut de gamme, par des clients fortunés, ils me demandent de jouer
pour eux, dans leur soirée privée. Ce fait est à mettre
étrangement en correspondance avec ceci :
«(NDLR, au Moyen Age) Les riches
marchands commencent aussi à louer en privé des orchestres,
à acheter des partitions de danses pour les fêtes qu'ils donnent.
D'abord ils commandent des musiques pour nobles : psaumes, messes, madrigaux,
etc. Puis le bourgeois entend avoir sa propre musique ; s'invente pour cela un
nouveau style sous le nom - justement - de «style
représentatifÓÓ.5
Dans mon cas, ce nouveau style est la marque d'un gout musical
certain et surtout d'un gage de qualité correspondant à leur
image.
Le but final de cette démarche étant
peut-être à terme, la démocratisation de ce type de
pratique afin d'enrayer la «régression de l'écoute»,
chére à Adorno : «Les auditeurs en régression
se comportent comme des enfants. Ils demandent toujours à nouveau et
avec une malice obstinée le même plat qu'on leur a
déjà servi.» 6
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