B - La contrainte psychologique : la crainte de
l'ouverture
Au niveau des Sociétés Anonymes malgaches, il
est fait cas de la réticence des managers quant à l'ouverture du
capital de leur société. En effet, une clause d'agrément
dans les statuts des SA et SARL freine cette ouverture. Elle stipule que tout
actionnaire devant céder ses actions ou parts doit faire agréer
le cessionnaire par le conseil d'administration ou les autres actionnaires ou
associés.
Cette clause qui a pour objet de contrôler la cession
des titres et rendre sélective l'entrée dans le capital est un
obstacle de taille à la cotation des titres. Car la cotation suppose une
circulation fluide des titres sur un marché libre et transparent au sens
de la concurrence pure et parfaite. Chaque actionnaire doit être libre de
disposer de ses actions à tout moment et jouir des facilités de
liquidités sans rendre compte aux dirigeants de l'entreprise.
Les prises de contrôle, fusions et autres rachats
amicaux ou inamicaux par les partenaires ou groupes concurrents sont de mise
pour une économie dynamique. La propriété n'est plus une
fin en soi, car le développement et la performance sont les
maîtres mots. Un groupe, une
entreprise se doit d'être rentable, de croître au
risque de se voir avaler par plus performant qu'elle.
Pour l'économie, la société d'un pays
(les consommateurs), ce qui est important et qu'on retient d'une entreprise,
c'est la satisfaction qu'elle vend, le service qu'elle rend, l'utilité
qu'elle crée ; peu importe à qui elle appartient. Mais à
cela est fait exception certaines sociétés ou secteurs dont
dépend la souveraineté d'un Etat ou la fierté nationale et
qui en sont les garants.
Encore est-il que le service public dans les pays africains ne
répond que rarement à sa finalité. La vague de
privatisations qui a soufflé sur la plupart des pays subsahariens ces
dernières années en est la preuve.
Mais le revers de la médaille reste la hantise de voir
des pans de l'économie tomber dans des mains étrangères
alors que les souvenirs douloureux de la colonisation sont encore vivaces.
Aussi on peut se poser la question de savoir si ce comportement des managers
est du même ordre que la réticence à laquelle la
privatisation s'est confrontée en son temps ? En effet, cette
résistance est directement liée à l'appréciation
des opérateurs économiques du poids des intérêts
étrangers dans l'économie malgache. Bien que ce poids soit encore
faible en comparaison à d'autres pays et surtout, par rapport aux
besoins de Madagascar d'une croissance accélérée, 31% des
privés nationaux, d'après une étude menée par
L'INSTAT en 1999, trouvaient les mesures d'incitations aux investissements
étrangers néfastes24.
En bref, on se trouve ici face à un problème
culturel ou une question de mentalité. Le dépassement de cette
contrainte relève de la sensibilisation des managers et des potentiels
entrepreneurs par une communication claire mettant en exergue la
priorité de pérennisation des activités économiques
par la satisfaction des besoins d'investissement. Car seuls les financements
à long terme peuvent permettre aux entreprises malgaches de se
moderniser et devenir plus compétitives afin de se réajuster
à l'économie mondiale.
|