II - Les marchés de spéculation
La spéculation (speculus) est une activité
humaine consistant à imaginer les réactions et activités
d'autrui, comme si nous étions à sa place, et à porter un
regard sur notre propre activité, comme si nous étions un autre.
Dans le domaine économique, la spéculation consiste à
prendre aujourd'hui des décisions économiques sur la base d'un
état économique futur et hypothétique. C'est un pari
monétaire portant sur l'évolution future de biens
économiques. Si l'opérateur obtient des informations
privilégiées, on parle plus de délit d'initié que
de spéculation.
A - Mode de spéculation financière et
intérêt pratique
Spéculer consiste à acheter ou vendre, en
bourse, une certaine quantité d'une marchandise, d'un actif financier ou
d'un contrat, et cela dans l'espoir que son prix évoluera par la suite
de façon à procurer un gain monétaire, tout en acceptant
le risque de perdre de l'argent si l'évolution est contraire aux
espoirs. Certains instruments financiers, tels que le contrat à terme
(à crédit) ou les options financières permettent de
spéculer sur de gros montants avec une faible somme au départ.
C'est ce qui fait son intérêt. L'existence de spéculateurs
acceptant de prendre des risques permet à d'autres agents de couvrir
leurs propres risques en faisant l'opération en sens inverse,
transférant ainsi leur risque aux spéculateurs, un peu comme le
ferait pour eux un assureur. Ils assurent ainsi la liquidité du
marché.
Par exemple, un exportateur réunionnais de produits
vers Madagascar craignant une baisse de l'Ariary, devise dans laquelle il sera
payé, ou désirant fixer tout de suite ses revenus en euros,
pourra « vendre à terme » des Ariary sur le marché des
changes à un spéculateur, lequel, à l'inverse, les
achète à terme en pariant sur une hausse de l'Ariary.
B - Intérêts et dérives de la
spéculation au niveau macroéconomique
Les études de finance comportementale prenant en
considération l'aspect psychologique de la prise de risque ont mis en
évidence les phénomènes cognitifs et émotionnels
qui entrent en jeu dans la spéculation, et les anomalies (emballements,
paniques) qu'ils créent à certains moments dans les prix et
rendements sur le marchés. Mais les excès sont souvent
alternés de corrections d'excès. Ce qui permet de dire, sur la
moyenne et le long terme, que la spéculation joue un rôle
d'autorégulation du marché.
Plus généralement, la possibilité pour
des entrepreneurs de transférer certains risques leur permet de prendre
leurs décisions de gestion avec plus de sécurité, ce qui
contribue à l'efficacité économique générale
et favorise l'initiative. Cela n'empêche pas la controverse. Quand
certains disent que la spéculation sur les monnaies a des
conséquences négatives sur la stabilité financière
et nuit aux économies des Etats, d'autres expliquent que le soutien
artificiel d'une monnaie par un pays est une des premières causes de la
spéculation, et que celle-ci n'intervient que pour rétablir
l'équilibre des cours. D'un autre point de vue, on réserve
souvent, improprement, le terme de spéculation pour parler de
manipulation de marché dans les activités de pur commerce.
C'est notamment le cas, quand le spéculateur contribue
à créer une pénurie artificielle de biens ou d'actifs
physiques de première nécessité, à la faveur de
circonstances particulières (guerre, catastrophe, etc.) et en exploitant
une inégalité des positions de départ. Mais d'une
façon plus spécifique à la bourse, la spéculation
est souvent à la source du phénomène krach.
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