C) L'EXPÉRIENCE DE LA CONSULTATION CANNABIS DE
L'ASSOCIATION COREDAF (UNITÉ D'ADDICTOLOGIE) À POINTE-À-
PITRE EN GUADELOUPE.
L'étude, la recherche et les réflexions de ce
présent mémoire ont été menées dans cette
structure. Le centre se compose d'un CSAPA (Centre d'accompagnement, de
prévention et d'addiction) et d'un centre de Consultation Cannabis.
Créé en septembre 2006, la Consultation Cannabis
répond à l'augmentation des demandes de prise en charge de jeunes
consommateurs par le centre de soins. Situé en milieu urbain, en plein
centre de Pointe-à-Pitre dans un immeuble occupé par d'autres
entreprises, il est facile d'accès et est bien desservi par les
transports en commun.
L'équipe thérapeutique est composée d'un
médecin, d'une assistante sociale et d'un psychologue.
La consultation a pour finalité d'oeuvrer à la
restauration de la personnalité du patient. L'essentiel pour
l'équipe de professionnels et intervenants est de construire chez
l'usager et avec son concours, une autonomie à l'égard de la
substance toxique consommée. C'est à partir de cette
première démarche que l'on pourra commencer à parler de
possible insertion.
A la mise en place de la structure, une action
médiatique a été instituée afin d'informer les
partenaires des différents institutions et structures qui accompagnent
des jeunes (éducation nationale, centre médico-sociaux...). Cette
action s'avérait nécessaire afin de clarifier vis-à-vis
des partenaires, les modalités de ce nouveau type de prise en charge.
Un premier bilan après quatre mois d'activités,
de septembre à décembre 2006, peut nous donner un aperçu
de l'impact de ce nouveau dispositif. Le nombre de patients accueilli est de 28
avec une nette prédominance masculine s'élevant à 82,14 %
et d'une tranche d'âge prioritaire de moins de 18 ans. La consommation de
cannabis débute précocement dès le collège ;
89 % des jeunes suivis sont logés par leur famille, car la plupart
à moins de 18 ans. Ils sont lycéens ou collégiens, et de
ce fait n'ont pas de ressources propres sur le plan social, ils sont pris en
charge par leurs parents. On constate que le problème du cannabis touche
les familles quelle que soit leur appartenance sociale.
La plupart des familles sont monoparentales où les deux
parents sont vivants, mais séparés de corps. Le lien avec la
mère reste privilégié tandis que pour le père, il
semble assez sporadique mais présent tout de même.
Les parents de jeunes consommateurs ont souvent besoin
d'écoute et de soutien face aux difficultés liées à
la consommation de leurs enfants et à la crise d'adolescence qu'ils
rencontrent.
La plupart a tendance à dramatiser la situation.
Les jeunes consommateurs sont souvent d'une grande
fragilité affective, de ce fait le comportement et les réponses
inadéquates des parents peuvent contribuer à accentuer leur
mal-être.
Le Centre de Consultations Cannabis offre aux parents un
espace de parole.
Lors de la première séance, le jeune sera
reçu avec ses parents en début d'entretien, l'objectif
étant d'entendre brièvement les parents et de définir les
modalités d'intervention.
A l'issue de cette première séance, une autre
sera proposée aux parents en dehors des 3 séances qui sont
réservées au jeune. Cette rencontre devra permettre de
répondre aux interrogations et préoccupations des parents, de les
informer sur les substances, les risques liés à leur consommation
et les possibilités de prise en charge. Ils auront aussi des
informations sur la réalité de l'adolescent.
A partir des informations recueillies et celles qui auront
été portées à la connaissance des parents, un
soutien dans leur mission éducative peut leur être proposé.
Si nécessaire, à la fin de ce quatrième entretien
réalisé avec les parents, le jeune y sera associé,
l'objectif étant de rétablir les liens distendus.
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