Interaction Hommes/Animaux chez les Gisir Gabon( Télécharger le fichier original )par Bipikila Moukani Mambou Université Omar Bongo - Maîtrise 2008 |
Récit288(*) n°18 de Jules Olago289(*) sur L'ampleur des dégâts et les origines des incursions1. Nous recevons pas mal de plaintes et en général dans ces plaintes, ce sont les éléphants qui sont le plus cités parce que ce sont eux qui causent le plus de dégâts. L'éléphant met les plantations à nu, il mange tout. Il s'attaque le plus aux bananes, aux taros, aux ignames, à la patate douce, aux cannes à sucre, aux ananas, aux maniocs. Ils ravagent le plus en saison de pluie de septembre en octobre et entre février et mars jusqu'en mi-avril, après la petite saison sèche. En saison sèche ils sont moins envahissants. Pendant les deux saisons, ils dévastent toutes espèces confondues, en maturation ou pas. 2. Dans le département l'exploitation forestière est intensive et parmi les espèces exploitées, il y a des espèces telles que le moabi, l'acajou, le douka. Or les éléphants se nourrissent des fruits de ces arbres. La rareté de ces espèces fait que les éléphants descendent vers les villages. Mandji et certains villages se trouvent au sein des zones protégées. Mandji est à l'intérieur de la CFAD de la CBG tout comme les villages Yeno, Masana, Petit-village, carrefour Rabi et Peny1 et dans ces zones la chasse est presque interdite. C'est qui fait la population animalière à augmenter et n'ayant plus de quoi se nourrir, les éléphants se rabattent sur les champs des populations. 3. Il y a aussi le manque d'information et l'ignorance qui sont à l'origine de ce problème. Et un travail au niveau de la sensibilisation et de la vulgarisation de la loi qui doit être faite. Les populations ne connaissent pas leurs droits et elles agissent parfois en désordre. Au niveau de la protection des cultures, quand il s'agit d'abattre un éléphant, il faut abattre la femelle dominante parce que c'est elle qui conduit le troupeau vers les zones d'approvisionnement. La mâle dominant n'est là que pour la protection et la procréation. Or nos populations quand elles ont la possibilité et les moyens de tuer un éléphant, elles ont tendance à abattre que les mâles dominants. 4. Il y a certaines saisons où les espèces végétales dont se nourrissent les éléphants comme le moabi ne produisent pas assez de fruits. Certaines saisons, il y a plus de fruits en forêt et d'autres pas assez donc la quantité de nourriture devient insuffisante pendant ces saisons pour les éléphants. Le moabi par exemple, est un arbre qui donne les fruits tous les deux ans. 5. La conséquence la plus immédiate c'est la famine dont souffrent les populations. Ils sont aussi obligés de se déplacer vers d'autres sites agricoles en abandonnant les premiers champs. Les populations sont souvent en rogne parce qu'elles estiment qu'elles ne bénéficient pas des retombées des parcs, du bois qui est exploité chez eux. Ils pensent que l'administration seule bénéficie de la vente des pointes des éléphants alors que ces éléphants détruisent leurs cultures et ces cultures ne sont pas dédommagées par l'administration. Les éléphants même s'ils sont abattus par les populations de manière clandestine, c'est pas à but de braconnage ou commercial en vendant les pointes mais c'est juste pour la protection de leurs cultures et pour la viande. 6. Les éléphants qui ravagent les plantations des populations sont du type cyclotis dont la structure est composée de huit à dix éléphants. Ils proviennent des parcs, des aires protégées soient de Rabi ou de Gamba, de tout ce qui est espace protégé mais ces espaces ne sont pas matériels c'est-à-dire qu'il n'y a pas de barrières. Ce récit de Jules Olago répond à la problématique des origines des incursions des éléphants dans les champs des populations mais également à celle relative à l'ampleur des dégâts. Pour cet agent du Cantonnement des Eaux et Forets de Mandji, les animaux les plus cités et qui causent plus des dégâts dans les plaintes des populations locales sont les éléphants. Ces pachydermes sont de gros prédateurs, ils mettent des plantations à nu en consommant tout. Parmi les espèces les plus attaquées par les éléphants, nous avons la banane, les taros, les ignames, les patates douces, les ananas, les cannes à sucre et les tubercules. Selon notre informateur pendant la saison sèche, ils sont moins envahissants. Mais leur période de prédilection est surtout la saison de pluie de septembre en octobre et de février jusqu'en mi-avril. Tout comme les autres informateurs, M. Jules Olago évoque entre autres comme origines de ces incursions, l'exploitation forestière et les zones protégées. En effet, à en croire notre informateur, l'exploitation forestière dans la zone de Mandji est intensive. Et parmi les essences exploitées, figurent des essences telles que le moabi, le douka, ... dont les fruits sont aliments appétés des éléphants. Et la rareté de ces essences fait que les éléphants sont obligés de se ruer vers les villages. Une autre des raisons évoquées dans ce discours est la présence des zones protégées dans la région de Mandji et ses environs. Au titre de ces zones protégées, nous avons le CAPG dont les zones les plus proches de Mandji sont : le parc national de Moukalaba-Doudou, le Domaine de chasse d'Iguela et le Domaine de chasse de Ngové-Ndogo. De plus, Mandji et certains villages sont à l'intérieur de la CFAD de la CBG dans la quelle la chasse est pratiquée mais strictement réglementée. Par contre dans les autres zones la chasse est interdite. Cette prolifération des zones protégées favorise la recrudescence de la population animalière en particulier celle des éléphants. D'ailleurs notre informateur précise que c'est dans ces zones dont la chasse est interdite que proviennent les éléphants. Enfin, sont évoquées, les causes naturelles. D'après Jules Olago, il y a des saisons où les fruits des essences dont se nourrissent les éléphants sont rares car une essence telle que moabi produit les fruits tous les deux ans. A cela, s'ajoute le culte de la battue du plus gros éléphant. En effet, les chasseurs, lorsqu'ils ont la possibilité d'abattre un éléphant, ils ont tendance à chercher à abattre le plus gros des éléphants en particulier le plus gros mâle. Or dans le cas de la protection des cultures, l'éléphant à abattre est la femelle dominante dans la mesure où c'est elle qui dirige le troupeau vers les points d'approvisionnement. Cependant, au titre des conséquences, Jules Olago dénonce la famine subite par les populations et l'abandon des plantations. Cette situation se traduit par le mécontentement des populations qui protestent de ne bénéficier des retombées des parcs et du bois exploité dans leur région. 2. Discours des ONG et des administratifs centraux * 288Récit collecté et transcrit par MOUKANIMAMBOU-BIPAKILA le 04 mai 2007. * 289 Jules OLAGO, 29 ans, Chef adjoint du Cantonnement des Eaux et Forêts. |
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