Interaction Hommes/Animaux chez les Gisir Gabon( Télécharger le fichier original )par Bipikila Moukani Mambou Université Omar Bongo - Maîtrise 2008 |
2.6 Les cultures visées par les éléphantsLors des incursions des éléphants dans les champs des populations, de nombreux dégâts sont causés aux cultures. Les superficies de culture détruites au cours de la saison 2006-2007 peuvent être négligeables à l'échelle de toute la communauté. Mais à l'échelle d'une famille, elles sont impressionnantes. Selon Germaine Bibalou, la plupart des cultures pratiquées dans la zone sont recherchées par les éléphants. Elle précise que : « Une fois les éléphants pénètrent dans une plantation, tu peux avoir le manioc, les tubercules mais il commence en premier par la banane, les taros, les patates douces et les ignames qu'ils déterrent avec tous les troncs d'arbre. Il commence par ces cultures. Une fois qu'il a fini de tout consommer, il s'attaque aux tubercules et au manioc qu'ils déracinent et jettent en pêle-mêle dans la plantation »100(*). Parmi ces cultures, la banane (Musa paradisiaca), les taros (Colocasia Esculentum), l'igname (Discorea sp), les patates douces (Ipomea Batatas), la canne à sucre (Saccharum officinarum), l'ananas (Ananas sativus) ont été les cultures les plus touchées, suivie par celle du manioc (Manihot sp.) comme le montre la photo n°5. Le manioc101(*) (Manihot utilissima), du fait de la présence d'une substance toxique qui lui confère un goût amer, n'est pas consommé par les éléphants. Il est tout simplement piétiné, déraciné et jeté çà et là dans les champs. Ce comportement s'explique par la confusion que l'animal fait entre le manioc sucré et le manioc amer. Lorsqu'il se rend compte qu'il a affaire à la catégorie amer, il le jette. En effet, toutes les espèces vivantes ont des prédateurs et pour lutter contre eux, chacune développe un système de défense. Et les plantes développent des amères, des poisons ou des épines. L'amère renvoie aux poisons. Toutes les plantes qui contiennent du poison sont amères. C'est pour cette raison que le manioc amer n'est pas attaqué par certains animaux notamment les éléphants à l'exception des rongeurs tels que le hérisson. Toutefois, s'il en consomme trop, il meurt. Mais bien que le manioc amer ne soit pas consommé, la production de manioc perdu est importante. Malgré leur préférence, les éléphants endommagent aussi une large variété de cultures vivrières comme l'oseille (Hibiscus esculentus), les aubergines, l'arachide (Arachis hypomea) et le maïs (Zea mais). Cette capacité à viser toute une gamme d'espèces de plantes différentes reflète le fait que l'éléphant a su développer un régime alimentaire hautement varié mais également il souffre d'un manque d'aliments dans son milieu naturel. Photo 5 : Eléphant déterrant les tubercules de manioc. (Cliché Prince Ongognongo et al. Mars 2006). Cette image, est une image extraite dans un rapport d'étude de Prince Ongognongo et ses collaborateurs rédigé en mars 2006 qui a pour titre : « conflit homme-éléphant dans la périphérie du Parc National de Nouabale-Ndoki au nord Congo ». Sur cette image, on aperçoit en arrière plan un feuillage. Au centre, on voit un éléphant accroupi en prenant appui sur ses pattes supérieures, en train de déterrer les tubercules de manioc à l'aide de sa trompe. Au premier plan et à droite, on observe des tiges de manioc détruites. La présente image met en évidence le comportement des éléphants dans les champs. Elle confirme que la destruction des cultures vivrières par les éléphants est bel et bien un problème réel. * 100 Germaine Bibalou, corpus n°9, séquence n°1. * 101 Ici, il s'agit du manioc « amer » à base duquel les Bisir fabriquent du manioc en bâton. |
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