Chap. 3 : Corruption et
IDE : validation empirique
Introduction :
La nature de la relation Investissement
direct étranger-corruption était l'objet de plusieurs
débats. En effet, certains travaux concluent, comme on a signalé
auparavant dans la partie théorique, que la corruption joue un
rôle de ?helping hand? pour l'IDE. Par contre, beaucoup sont les travaux
qui dénient cette idée et montre que la corruption est un
?grabbing hand? pour l'IDE.
Nous allons essayer de déterminer le signe de cette
relation tout au long de ce chapitre. Nous allons avoir recours à un
modèle de la littérature économique et on va essayer
d'étudier la relation IDE-corruption empiriquement.
Tout d'abord, on va étudier la mesure de la corruption
(section 1) et on va voir comment on a réussi à mesurer un
phénomène aussi délicat. Ensuite, on va essayer
d'étudier l'IDE et ses déterminants (section 2). Enfin,
après avoir fini nos deux sections introductifs, on va essayer de faire
une validation empirique afin d'analyser la nature de la relation
IDE-corruption (section3).
Section 1 : La mesure du
corruption
Le phénomène de la corruption
est difficile à mesurer et pendant plusieurs années, il
était principalement une source d'inquiétude pour les analystes
économiques. Mais, récemment la recherche a approfondi la
connaissance empirique de la corruption. Dans cette section, on va essayer
d'étudier les mesures et les déterminants de la corruption.
1.1- Pourquoi il est difficile de mesurer la
corruption ?
En principe, les scientifiques sociaux devraient être
capables de mesurer n'importe quoi (Babbie E., 1995). Mais cela est facile
à dire qu'à faire, et c'est loin des concepts essentiels et des
définitions nominales des événements ou objets inclus dans
les mesures opérationnelles. Beaucoup de concepts sont des
catégorisations ou déductions du phénomène
eux-mêmes difficiles à identifier et à observer.
La mesure devienne de plus en plus difficile lorsque ce qui
nous intéresse est caché. Nous savons que la corruption existe,
mais les témoins directs sont peu nombreux ; souvent, ceux qui ont
intérêt à garder le secret. Là où la
corruption est très sérieuse, les fonctionnaires chargés
de contrôler sont eux même compromis ; dans de telles
conditions, l'étude de la corruption devient un exercice à
risque.
Le problème est même plus complexe à
cause d'un autre vieux problème ; celui des définitions. Si
nous étudions la corruption à un niveau général, il
peut avoir du sens en examinant les cas fondamentaux et ne pas
s'inquiéter beaucoup sur les cas marginaux. Mais, quand on arrive
à l'étape de mesure et de compte, les cas marginaux deviennent
critiques, et on trouve beaucoup de désaccord lorsque les limites
tombent (Johnston M., 2000). Ajoutons à cela la relation
compliquée entre corruption et scandale : les rapports publics et
les controverses peuvent nous renseigner plus au sujet de l'apparence de la
corruption, et donc au sujet de conflits politiques ou d'usages
journalistiques, q'au sujet de son ampleur réelle (Moodie, Graeme C,
1980).
1.2- Les essais de mesure de la
corruption :
Pour examiner le progrès d'un pays, pour comparer des
pays différents ou faire des recherches sur les causes et
conséquences de la corruption, il faut la mesurer. Les mesures exactes
de la corruption sont difficiles à trouver. Elle a de nombreux types et
elle est inobservable.
Berg (2001) classe les mesures de la corruption en deux
groupes différents : mesures objectives et mesures subjectives. Les
mesures objectives sont des quantifications basées sur des informations
vérifiées. Les mesures subjectives sont une perception ou une
expérience basées et composées des données
rassemblées des études ou des questionnaires dans lesquelles les
individus sont demandés de répartir le niveau de corruption.
Il y a aussi une autre méthode, largement
utilisée, les mesures telle que l'estimation du pourcentage des
politiciens et fonctionnaires qui sont corrompus, fournies par les experts
régionaux de plusieurs institutions. Johnston et Hao (1997) (Jain, 2001)
ont examiné le nombre des plaintes dues à la corruption pour
estimer les changements dans les niveaux de corruption en Chine.
Berg (2001) propose l'usage d' « un subjectif,
indicateur de corruption basé sur l'expérience, qui combine
plusieurs traits désirables et en évitant quelques-unes des
faiblesses d'indicateurs existants ». Il définit le ratio du
`pot-de-vin' comme la valeur de pots-de-vin totale (la valeur globale de tous
les pots-de-vin payés dans une période spécifiée)
divisée par le total de revenu dans la même période.
Les mesures, les plus fréquemment utilisées,
dans les comparaisons des pays et des recherches empiriques sont prises des
études fournies par plusieurs institutions internationales ou des
recherches privées.
Les institutions tels que Economic Intelligence Unit,
Political Risk Services Inc., Political and Economic Risk Consultancy,
Institute for Management Development, World Bank, Price Waterhouse Coopers,
World Economic Forum, Freedom house, Transparency International fournissent des
études sur la perception de la corruption pour plusieurs pays.
Plusieurs économistes comme Hall et Yogo, Kaufmann,
Kraay et Ziodo-Laboton, Ades et Di Tella (Jain, 2001), Helpman, Jones, Kaufmann
et Schankerman, Neumann (Berg, 2001) fournissent, aussi, des indicateurs de
corruption basés sur des perceptions ou expériences pour les pays
étudiés.
Les études empiriques sur la corruption exigent,
aussi, une mesure de plusieurs variables sociales, économiques et
politiques qui sont utilisées comme variables dépendantes ou
indépendantes dans les régressions qui analysent la corruption.
Il est à noter que les mesures objectives de ces variables sont, aussi,
difficiles à obtenir. Jain (2001) donne une liste des agences qui
produisent ces variables et des chercheurs qui fournissent les données.
Parmi ces variables, difficiles à mesurer, on cite : liberté
économique, liberté civil, harcèlement bureaucratique,
l'environnement légal, l'efficacité directoriale,
libéralisation et réforme économique, valeur des rentes
économiques.
La question qui se pose à ce stade : quelle est
la mesure la plus utile ? Et quels sont les avantages et les
inconvénients de chaque agence ?
Berg (2001) définit quatre caractéristiques qui
doivent exister dans un bon indicateur de corruption : i)
Crédibilité, c'est-à-dire les gens qui créent
l'indicateur doivent être objectifs et ce dernier reflète
l'opinion générale, et non l'opinion personnelle d'un individu ou
de quelques personnes, ii) Validité, c'est-à-dire mesurer ce qui
nous intéresse actuellement, iii) Exactitude, c'est-à-dire les
erreurs de mesure ne sont pas grandes (en augmentant l'échantillon), iv)
Précision, c'est-à-dire tout le monde se met d'accord sur ce que
la quantité mesure ; les questions ne sont pas ambiguës et
elles ne comptent pas sur les niveaux individuels.
Les indicateurs subjectifs sont principalement
utilisés dans l'analyse empirique ; les indicateurs de perception
sont habituellement valides et dignes de confiance, mais ils manquent
d'exactitude et de précision. En effet, les perceptions de la corruption
peuvent être loin de la corruption réelle, donc les indicateurs
ont une faible sensibilité contre les changements politiques. Les
perceptions de corruption peuvent être endogènes (tels que,
couverture des médias, les grands scandales, etc.) et affectant les
perceptions plus que l'expérience. L'indicateur suppose que le public
est informé au sujet du niveau de corruption dans les pays ;
cependant, la plupart des cas de corruption sont secrètes. Les
études mesurent, habituellement, seulement la corruption
bureaucratique ; la corruption politique reste hors scène. La
définition de la corruption est de spécificité culturelle,
ce qui veut dire que si un acte est vu comme corrompu dans un pays, il ne l'est
pas nécessaire dans un autre. Aussi, les jugements et
préjugés des experts qui préparent les études
peuvent falsifier les résultats. Les indicateurs sont très
corrélés avec les mesures de l'efficacité bureaucratique
donc ; il est très difficile de différencier les deux
effets.
Les indicateurs basés sur l'expérience sont
élaborés à partir des travaux qui ont étudié
l'expérience de la corruption des individus et institutions. Ils
éliminent beaucoup d'inconvénients trouvés avec les
indicateurs basés sur les perceptions ; donc, ils sont
habituellement plus appropriés pour comparer les pays. Ils ne sont pas
loin du niveau réel de la corruption, et si les questions sont bien
choisies donc comme pour être vérifiable, la validité et la
précision peuvent être accomplies. A propos, la mise en oeuvre
peut mener aux indicateurs qui sont précis et dignes de confiance.
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