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L'impact De La Corruption Sur L'IDE:Application Sur Quelques Pays MENA

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par Bilel Ben Nahia
Faculté de Sciens Economiques et Gestion de Sfax - Master en sciences économiques 2008
  

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Section 3 : Corruption-IDE : le débat théorique

La question de la corruption, sans le contexte des investissements étrangers, est une source d'incertitude et d'élévation des coûts pour les entreprises. On va essayer au cours de cette section d'étudier la relation entre la corruption et l'IDE.

3.1- Les enquêtes examinant la relation Corruption-IDE :

Michalet (1997) a cherché à répondre à la question : « dans quelle mesure le passage des pays de l'Europe centrale et orientale à des économies de marché a permis de dévier les IDE de pays méditerranéens et de pays de l'Afrique sub-saharienne ». L'étude est basée sur une enquête comportant 90 multinationales en Europe de l'ouest, l'Amérique du nord et le Japon, enrichie par des études sur l'environnement d'investissement dans un échantillon de pays de différentes régions.

Parmi les conclusions auxquelles est parvenu l'auteur, une recommandation pour les pays qui cherchent à attirer l'investissement direct. Une pré condition indispensable pour encourager l'investissement est d'avoir un climat politique et économique stable et un cadre légal et réglementaire transparent et non discrétionnaire. Sans ces caractéristiques, un pays est exclu du ?centre?, c'est-à-dire il n'est pas la destination des IDE.

Cependant, le fait de minimiser les coûts associés aux affaires et d'établir un environnement d'affaires prévisible sont une condition nécessaire, mais non suffisante. Le pays hôte devrait pouvoir changer sa position de la ?longue liste? à la ?courte liste? de préférences de délocalisation. Donc, les chances de succès de la politique de promotion d'investissement dépendront de sa capacité à déplacer un pays du cercle des candidats `potentiels' au cercle des ?pays de centre?.

L'auteur, sur la base des réponses des multinationales, a déduit que les déterminants économiques liés au marché sont nécessaires pour la sélection du pays hôte, mais ne sont pas suffisants en eux-mêmes. Dans leurs réponses, les firmes interviewées constatent une série d'autres facteurs qui déterminent leur décision finale d'investir dans un pays qui satisfait les conditions de base. Ces facteurs déterminent aussi si le pays pourrait se trouver parmi les ?pays de centre? ou s'il reste sur la liste des pays dont l'attraction est ?potentielle?.

Parmi ces facteurs, les firmes mentionnent que le cadre légal et réglementaire gouvernant les affaires privées devrait être stable, transparent et fiable. Cela nécessite plusieurs éléments. Premièrement, les règles du jeu doivent être assez stables. Quelques interviewés ont déclaré qu'ils sont plus confortables quand ils ont affaire avec un pays où le gouvernement impose des contraintes ex ante qu'avec un pays permissif au début, mais qui change les règles du jeu après. Deuxièmement, le système juridique devrait être capable de faire respecter honnêtement et efficacement les lois et les contrats. Troisièmement, une fois la décision d'investir est prise et une fois la filiale est installée, le succès de l'investisseur à garder les coûts d'affaires au minimum dépendrait de la possibilité d'avoir un climat sans des coûts parasites engendrés par la bureaucratie et la corruption.

Anupam et Srinivasan (2002) ont analysé les expériences de quelques pays de l'Afrique sub-saharienne qui ont réussi à attirer des IDE. Ils ont trouvé qu'un environnement institutionnel transparent est très important dans la décision de délocalisation. Ils ont trouvé, par exemple, qu'en Botswana, le niveau de la corruption est important pour l'IDE. Parmi les plus importants déterminants de l'IDE, on trouve dans la troisième position « une bonne gouvernance et des niveaux faibles de corruption ».

Une autre étude reliant l'IDE et la corruption est celle faite par Bary, 1999 ( dans Van Vuuren, 2002) de ?Control Risks?, qui a essayé de classer l'effet de différents facteurs risque sur l'investissement. L'étude est effectuée par `International Research Bureau' (IRB) au nom de ?Control Risk?, en septembre et octobre 1999, pour 50 entreprises américaines et 71 entreprises européennes.

La question à laquelle ont répondu les interviewés est s'ils se retiennent d'implanter un investissement, qui s'avère intéressant, dans un pays à cause de sa réputation en corruption, en droits de l'homme, en travail et en environnement.

La dissuasion de plus grandes entreprises à cause

de la réputation du pays en (Van Vuuren, 2002) :

 

Les entreprises

Européennes

Les entreprises

Américaines

Tout

l'échantillon

Corruption

38%

40%

39%

Droits de l'Homme

28%

13%

27%

Environnement

34%

14%

31%

Travail

35%

16%

34%

Le rapport de la CNUCED sur l'investissement dans le monde (World Investment Report 1998) a traité les éléments déterminants des IDE dans le pays d'accueil. Ces éléments se divisent en trois catégories : le cadre réglementaire général de l'IDE, les déterminants économiques et la facilitation du commerce.

La facilitation du commerce englobe, parmi d'autres, les mesures visant à réduire les ?coûts parasites? à savoir la corruption, l'inefficacité administrative, etc.

Ces mesures ne sont pas nouvelles, mais elles se sont multipliées en tant que moyen d'attirer les investisseurs directs étrangers parce que des investisseurs satisfaits constituent la meilleure publicité pour l'environnement économique, financier et institutionnel d'un pays.

3.2- La corruption comme ?grabbing hand ? pour les IDE

Les arguments précédents, qui favorisent apparemment la corruption, peuvent être critiqués de plusieurs manières. En effet, selon Wei (1997b), la corruption agit comme une taxe arbitraire. La nature aléatoire de la corruption crée des charges supplémentaires parce que le coût de recherche de ceux pour qui les pots-de-vin devraient être ajoutés aux coûts de négociation et de paiement. Aussi, les obligations obtenues par le paiement des pots-de-vin, pourraient être violées si la corruption est décentralisée.

Empiriquement, Wei (1997a), à travers des données en coupe transversale d'IDE bilatéraux, a montré que l'accroissement du niveau de la corruption dans le pays hôte affecte négativement l'entrée des flux d'IDE. L'auteur a conclu qu'à long terme, la corruption réduit les flux d'IDE entrants.

Le même résultat a été déjà trouvé par Hines (1995) qui a déclaré que la corruption décourage les investisseurs étrangers et constitue une entrave aux investissements.

En outre, selon Egger et Winner (2005), la corruption accorde aux firmes multinationales des coûts de transaction par le paiement des pots-de-vin et le gaspillage des ressources. Cet effet souligne le recul d'investir dans les pays où la corruption règne. Les deux auteurs ajoutent que la corruption exerce une forme de pression sur les investisseurs étrangers ; ce qui affecte négativement leur incitation d'investir.

Rose-Ackermann (1999) a affirmé que la corruption affecte la productivité des biens publics tels que l'infrastructure ; ce qui diminue l'attractivité des pays aux IDE et réduit les profits des firmes multinationales.

De même, Habib et Zurawicki (2002) ont identifié la relation entre la corruption et les IDE de 89 pays développés et en développement en coupe transversale comme négative. Les deux auteurs ont conclu que la corruption tend à empêcher l'entrée des IDE.

Des données empiriques de comparaisons entre pays semblent, en effet, indiquer que la corruption nuit beaucoup à l'investissement privé et à la croissance économique. Une analyse de régression montre qu'un pays qui réduit la corruption et passe de 6 à 8 sur un indice allant de 0 à 10 va augmenter de 4 points de pourcentage son taux d'investissement et d'un demi point de pourcentage la croissance annuelle de son PIB par habitant.

Des effets aussi marqués laissent entendre que des politiques de répression pourraient avoir des retombées significatives. Le lien entre la corruption et la faible croissance économique n'est guère différent lorsque l'estimation porte sur des pays aux fortes pesanteurs administratives. Par conséquent, rien ne prouve que la corruption soit bénéfique en présence de lenteurs bureaucratiques. C'est surtout par l'intermédiaire de l'investissement qu'elle réduit la croissance économique, et cet impact représente au moins un tiers de son effet négatif global.

De même, Shleifer et Vishny (1993) ont montré que, dans les sociétés corrompues, les compétences vont être déviées à cause des incitations importantes des activités productives aux activités de ? Rent-Seeking ?. Cette déviation imposera un coût élevé sur la croissance de ces pays. Si l'offre de compétences est rare, le détournement de ces compétences aux activités de recherche de rentes et à la corruption, sera particulièrement nuisible aux investissements, n'a pas d'appui.

Les deux auteurs soutiennent que les charges règlementaires, comme celles imposées par les taxes, pourraient bien être endogènes, instaurés par les bureaucrates dans le but d'extraire des pots-de-vin. En d'autres termes, les pots-de-vin pourraient réduire les taxes seulement lorsque le taux de taxation est prédéterminé. Mais, les taxes pourraient, en effet, être élevées dans les pays corrompus pour que les firmes n'arrivent pas à payer moins de taxes.

3.3- La corruption comme ?helping hand ? pour l'IDE :

La corruption peut être bénéfique autour des restrictions administratives et règlementaires. En effet, les firmes multinationales acceptent de payer des pots-de-vin dans le but d'accélérer le processus bureaucratique et d'obtenir des permissions légales pour lancer leurs projets dans peu de temps, d'où l'application de `speed money'. Comme l'a montré Bardhan (1997), les pots-de-vin génèrent un gain de temps d'attente puisqu'ils jouent le rôle d'un accélérateur au sein de l'administration.

En outre, la corruption est considérée comme ?helping hand? car elle détourne les rigidités, imposées par le gouvernement, qui empêchent l'investissement et gênent les autres décisions économiques favorables à la croissance. Par conséquent, selon Kaufmann (1997b), la corruption `lubrifie le mécanisme' ou ?graisse les rouages?.

De même, Glass et Wu (2002) ont affirmé que les effets de la corruption sur les IDE sont ambigus, « la corruption ne paraît pas mauvaise pour les IDE » mais encore pire, elle peut stimuler l'entrée des flux d'IDE. De ce fait, la corruption des pays hôtes peut avoir un impact positif sur l'attractivité des investissements étrangers.

De plus l'argument de ?Grease payment? est renforcé par l'expérience de l'Asie de l'Est. Certains admettent que cette région est particulière puisqu'elle est une destination populaire pour les investisseurs étrangers malgré les taux élevés de corruption qu'elle affiche.

Egger et Winner (2005), à leur tour, ont affirmé que la corruption peut être considérée comme un stimulus pour les IDE. Pour avoir une valeur, tout argument doit être vérifié empiriquement. En effet, les deux auteurs ont eu recours à des données de panel de 73 pays développés et en développement recevant 90 % des flux d'IDE mondiaux durant la période 1995-1999.

En utilisant des données de la corruption provenant de trois sources différentes : Transparency International Index, World Bank Corruption Index et ICRG Corruption Index et après avoir fait les estimations nécessaires, les deux auteurs ont conclu qu'à court terme la corruption peut avoir un impact positif sur l'entrée des flux d'IDE.

Sachant que la corruption peut avoir une certaine utilité au sein d'un organisme administratif, dès lors que celui-ci a des règles bureaucratiques contraignantes, les investisseurs étrangers peuvent profiter des procédés malhonnêtes utilisés par les employés pour contourner les règlementations.

Enfin, depuis quelques années, le problème de la corruption et son influence sur les IDE est en ligne de mire. En effet, les institutions internationales, à l'exemple du FMI et la Banque Mondiale, ont mit la lutte contre la corruption dans leurs plans pour aider les pays en développement.

Conclusion :

La plupart des Etats cherchent à attirer de plus en plus d'IDE vue que ces derniers présentent une source de financement extérieure privée importante et sont, également, porteurs d'avantages comme le transfert de technologies, de compétences, de capacités d'innovations et d'emploi.

Pour réussir, les études ont montré qu'il faut préparer un climat institutionnel prospère et favorable à l'attraction des investisseurs étrangers. En effet, la concurrence entre les pays pour atterrir les capitaux est acharnée et les décideurs économiques ont trouvé la solution dans le développement de structure institutionnelle.

Mais le disfonctionnement, qui peut affecter l'IDE, est inévitable et se manifeste sous la forme de la corruption ; d'où il est nécessaire d'étudier les causes pour remédier à ce problème, surtout dans les pays en développement qui sont les premiers destinataires de l'IDE.

D'où on peut conclure que la relation Corruption-IDE est une relation d'importance majeur, mise en étude par plusieurs économistes. Certains l'ont qualifié de positive par contre d'autres ont montré qu'elle est de nature négative.

Dans le chapitre suivant, on va étudier cette relation empiriquement et on va essayer d'en déterminer sa nature. On a choisi la région MENA comme champs d'application.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus