III.1.1.1. L'échec du système Lomé
Dans son Livre Vert de novembre 1996 sur «Les
relations entre l'Union européenne et les pays ACP à l'aube du
21ème siècle », l'Union européenne ne
cesse d'utiliser l'argument de l'inutilité économique des
préférences commerciales pour justifier la transition avec le
libre-échange. Malgré le fait que plusieurs raisons aient
été avancées pour expliquer l'échec des
préférences commerciales (voir point II.1.3.), pour
l'UE, l'inefficacité de ce régime commercial est perceptible
à travers différentes statistiques. Comme le rappelle l'UE dans
son Livre Vert, l'objectif des préférences commerciales
était de promouvoir la croissance et la diversification des pays
bénéficiaires. L'UE souligne que malgré les conditions
favorables qu'offraient les préférences commerciales non
réciproques, les pays ACP sont restés très
dépendants du marché européen pour au moins 40% de leurs
recettes d'exportation. L'UE affirme également qu'aucun pays ACP n'a
réussi à diversifier significativement ses exportations et qu'ils
sont restés fort dépendants de certains produits primaires comme
nous pouvons le remarquer sur la figure ci-dessous. En outre, l'UE
évoque dans son Livre Vert que la part de marché des pays ACP
dans l'Union européenne a chuté de 6 à 2 % entre 1976 et
1999 alors que des exportateurs e.g. (les pays d'Asie du Sud-Est) qui ne
bénéficiaient pas des préférences, étaient
arrivés à augmenter leur part de marché.103.
L'UE précise finalement que les investissements directs étrangers
en Afrique ont chuté de 6 à 4 % contrairement à d'autres
pays en développement104.
Selon l'UE, ces données statistiques confirment
l'échec des conventions de Lomé, justifiant de la sorte
l'instauration d'un nouveau régime commercial qui tienne compte,
« des caractéristiques du nouveau contexte mondial, telles que
la libéralisation multilatérale et régionale, et notamment
la nécessité de respecter les règles de l
'OMC.105 »
réglementaire et agricole européen, qui ont
empêché les pays ACP de tirer pleinement profit de cet avantage
économique modeste, mais réel. A l'inverse, personne ne peut
affirmer que les préférences doivent être condamnées
parce qu'elles n'ont pas permis (...) de régler le problème du
sous-développement de pays très pauvres et de transformer ces
derniers en « nouveaux pays industrialisés », à l'image
de ceux de l'Asie du Sud Est. » Voir : LEFORT, J-C., Rapport
d'information sur la négociation des accords de partenariat
économique avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du
Pacifique, Assemblée nationale française.
Délégation pour l'Union européenne, n°3251, Paris, p.
11.
103 La part du marché des pays asiatique est passée
entre 1975 et 1995 de 4,2 % à 13 %. Voir : SEBAHARA, P.,
op.cit., p.9.
104 COMMISSION EUROPEENNE, Livre vert sur les relations entre
l'UE et les pays ACP à l'aube du 21ème
siècle, op.cit. p.12.
105 Ibid.
Figure 1: Importation de l'UE à partir des ACP
Figure 2: Ventilation des importations de l'UE des
ACP
Source : COMMISSION EUROPEENNE, Accords de
partenariat économique, moyens et objectifs, 2004, p.3.
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