A qui profite la dette ?
La dette augmente en fait car l'Etat et la Sécurité
sociale s'appauvrissent structurellement depuis des années. La
multiplication des plans de baisses d'impôts et la prolifération
des niches fiscales et autres exonérations a progressivement
décroché les rendements fiscaux du reste de l'économie.
Les économistes parlent alors de "perte d'élasticité du
système fiscal" par rapport à la croissance et aux revenus.
De l'emprunt public à la
dette publique :
Une dette est une somme empruntée par un débiteur
(l'emprunteur) à un créancier (le prêteur); l'ensemble des
dettes constitue l'endettement d'un agent.
La dette publique correspond à l'ensemble des emprunts
publics, c'est à dire contractés par des administrations
publiques (Etat, collectivités locales, sécurité
sociale).
Somme empruntée :
Dette
|
Emprunteur :
Débiteur
|
Prêteur :
Créancier
|
Somme prêtée :
Créance
|
Mais pourquoi les administrations publiques
s'endettent-elles ?
Chaque année, ces administrations publiques
perçoivent des ressources (impôts et taxes, et autres recettes non
fiscales) et payent des dépenses pour la collectivité (salaires,
fournitures, prestations...).
Lorsque ces dépenses sont supérieures aux recettes,
un déficit est constaté. Pour financer ce déficit, les
administrations publiques doivent s'endetter. Concrètement, elles se
trouvent dans ce cas dans la même situation qu'un ménage qui
serait contraint d'emprunter, ses ressources étant inférieures
à ses dépenses. Toutefois, à la différence d'un
ménage, les administrations publiques n'empruntent
généralement pas auprès d'une banque, mais émettent
des titres, essentiellement des obligations, sur les marchés. Elles
s'engagent à rembourser ces obligations, en payant des
intérêts, à une date future. Si les administrations
publiques sont en déficit pendant plusieurs années, leur dette
augmente.
Pourquoi les déficits et les dettes explosent-ils
?
Les dépenses sont de plus en plus fortes car les besoins
augmentent dans tous les domaines. Par exemple, face à la montée
du chômage, les populations exigent de l'Etat une meilleure protection,
le versement d'indemnités. En termes de sécurité, la
montée de la délinquance et le risque des attentats islamistes
obligent les Etats à renforcer leur sécurité
intérieure. Par ailleurs, les dépenses de santé ne cessent
d'augmenter, l'espérance de vie augmente, les maladies sont mieux
soignées, on vit plus longtemps. Enfin, les dépenses
d'éducation sont également très élevées,
Des recettes qui diminuent pour l'Etat :
Dans une économie mondialisée où les
entreprises doivent être compétitives, l'Etat ne peut augmenter
sans cesse les impôts. Un processus de baisse d'impôts et de
charges sur les entreprises est même engagé par de nombreux Etats
pour rendre les entreprises encore plus compétitives. Par
conséquent, les impôts, donc les recettes, sont en diminution dans
de nombreux pays. Comme dans le même temps, les dépenses
augmentent, les Etats ne parviennent plus à avoir des budgets
équilibrés, les dettes s'envolent.
Augmenter les recettes et diminuer les
dépenses :
Economiquement, les solutions existent, mais elles sont
socialement difficiles, car impopulaires. L'Etat doit d'abord augmenter les
recettes. Pour les hommes politiques de droite, les recettes
supplémentaires doivent provenir de la
croissance économique : plus la richesse produite
augmente, plus les entrées fiscales sont fortes (plus d'impôts
payés par de nouveaux salariés, hausse des recettes de la TVA,
etc.). Pour les hommes politiques de gauche, les recettes
supplémentaires peuvent provenir d'une augmentation des impôts des
plus riches.
Parallèlement à ces hausses de recette, l'Etat doit
diminuer ses dépenses. Généralement, c'est la solution la
plus impopulaire car cela signifie qu'on va diminuer le nombre de
fonctionnaires, fermer des services publics, diminuer l'offre
d'éducation, moins rembourser les dépenses de santé.
Les pays anglo-saxons ont déjà emprunté
cette voie. Les monopoles d'Etat ont disparu, de plus en plus de secteurs
tombent dans le secteur privé (les transports en Angleterre, la
santé aux Etats-Unis). Revers de la médaille : la notion de
service public n'existe quasiment plus, les inégalités se
creusent entre ceux qui peuvent payer ces services et ceux qui n'ont pas les
moyens d'y avoir accès.
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