INTRODUCTION GENERALE
1. CHOIX ET INTERET DU
SUJET
1.1. Intérêt
personnel
L'agriculture est une activité onéreuse mais
aussi un tremplin pouvant permettre progressivement aux paysans d'avancer si et
seulement si d'autres conditions, notamment la commercialisation de la
récolte à un bon prix, sont réunies. C'est pourquoi notre
sujet n'est pas un fait de hasard.
Dans la vie quotidienne, nous avons été
frappé par l'ampleur de l'instabilité des prix du thé
ainsi que l'impact négatif que cette situation a sur les
théiculteurs. Ceci se fait particulièrement sentir auprès
des membres des coopératives des théiculteurs, (dont les membres
de la COOTHEGIM) qui avaient pourtant trouvé refuge dans ces
associations pour échapper à la loi du plus fort.
Cependant, vue que certaines associations de
théiculteurs ne maîtrisent guère les changements
fréquents des prix observés sur le marché et qui sont
liés à plusieurs facteurs de la loi de l'offre et la demande,
nous avons voulu mener une étude visant à évaluer les
perspectives et les limites de leur rôle dans la prise de décision
en tant que producteurs. Le présent travail sera dans la vision et dans
la promotion du rôle des coopératives des théiculteurs dans
la prise de décision sur le prix de leur production. Par ailleurs, ce
travail est pour nous un important exercice intellectuel, pratique et formatif
qui permet de jeter une nuance entre les connaissances théoriques que
nous avons eues sur la méthodologie de la recherche et la
réalité de recherche sur terrain.
1.2. Intérêt
académique et scientifique
Dans les régions théicoles de notre pays, la
culture du thé occupent plus de 90% d'activités
génératrices de revenues. Pour que les recettes de cette
activité puissent être à la base du développement
des populations qui s'adonnent à la théiculture, il est essentiel
de mieux comprendre quelles sont leurs forces et faiblesses dans la prise de
décision en ce qui concerne la fixation du prix de leur produit.
A notre connaissance, aucune étude sur le rôle
des associations de théiculteurs dans la stabilisation des prix
liés à la commercialisation du thé n'a été
effectuée au Rwanda. Les quelques travaux qui ont été
menés sur les théiculteurs se focalisent essentiellement sur la
contribution du secteur théicole dans l'amélioration de situation
socioéconomique de la population mais n'accordent pas d'importance
à la commercialisation de la récolte.
Les résultats issus de ce travail fourniront des
données de base dans l'élaboration de plan d'action en
matière de gestion des prix du thé ou dans la politique de mise
sur pied des coopératives de théiculteurs.
Sans doute, les propositions et les recommandations qui seront
données, aideront les planificateurs du domaine social et
économique du MINAGRI, de l'OCIR Thé et du district de Karongi et
serviront de documentation aux futurs chercheurs. En plus de cela,
l'étude est menée pour répondre à l'exigence
académique de faire un mémoire à la fin du deuxième
cycle universitaire qui sera accomplie avec ce travail de recherche.
1.3. Intérêt
social
Les résultats de cette étude seront
bénéfiques aux membres de la COOTHEGIM en particulier et aux
membres de toutes les coopératives de théiculteurs en
général. Ils y trouveront notamment les lois qui régissent
la fixation des prix du thé ainsi que leur rôle dans ce processus
si complexe.
2. DELIMITATION DU
SUJET
Notre travail est limité dans le temps, dans l'espace
et dans le domaine. Dans le temps, cette étude s'étend sur une
période allant de 2002 à 2007. Le choix de repère temporel
vise l'étude exacte de la réalité sur terrain. Il se
justifie d'abord par le fait que les textes légaux portant
création de la COOTHEGIM ont été ratifiés le 4 mars
2002. Ce repère se justifie ensuite par notre présence physique
dans le milieu. En effet, c'est à cette année que nous avons
commencé à nous intéresser à la théiculture
dans la région de Gisovu-Muko.
Dans l'espace, notre champ d'investigation est la
Coopérative des Théiculteurs Gisovu-Muko.
Dans le domaine, l'étude est faite le cadre du cours de
d'Animation et Gestion de la Coopérative.
3. PROBLEMATIQUE
Le thé et le café occupent la deuxième
place, après le pétrole, dans les échanges mondiaux et
revêt une extrême importance pour un grand nombre de pays les moins
avancés (PMA)(UNICTAD, 2007 :48). Ils jouent un grand rôle
dans les échanges monétaires entre les pays
développés et les pays en voie de développement. Depuis
plusieurs années, le prix de ces denrées n'a connu aucune
stabilité. Et, l'on s'est souvent posé la question de savoir qui,
entre l'acheteur et le vendeur a plus de poids dans la fixation de leurs
prix.
En effet, le thé et le café sont cultivés
et exportés par plus de 70 pays en développement dans les zones
tropicales et subtropicales mais les pays développés en
consomment la plus grande partie. Dans certains pays en voie de
développement, comme c'est le cas du Rwanda, c'est plus de 70% des
recettes d'exportation qui proviennent du thé et du café. (Source
: Statistique FMI, 2006 : 25)
Source d'emploi considérable, le thé à
lui seul occupe 20 millions de personnes dans le monde. La consommation
mondiale en 1998 était de 76.6 millions de sacs avec en tête les
Etats-Unis. L'Allemagne occupe la seconde place suivie de la France, du Japon
et de l'Italie. Avec plus de 400 milliards de tasses consommées chaque
année, le thé est la boisson la plus populaire au monde,
après l'eau. La consommation par tête d'habitant est
élevée dans les pays nordiques suivis par d'autre pays d'Europe
et les Etats-Unis. La consommation dans les pays producteurs est faible, seul
la Chine, la Turquie, le Japon, le Venezuela, l'Inde et l'Indonésie ont
une consommation intérieure importante. [Guide de l'exportateur,
2006 : 3]
Ces dernières années, les cours mondiaux de ce
produit de base n'ont cessé de fluctuer pour connaître les cours
les plus bas en 2002. De plus, la suspension des contingents à la fin de
l'année 1999 n'a pas résolu le problème du
déséquilibre persistant entre l'offre (production et stock de
report) et la demande.
Dès lors, un certain nombre de pays exportateurs ont
révisé leur politique d'exportation. Le grand changement fut la
suppression des offices de commercialisation jouissant d'un monopole et la
suppression des caisses de stabilisation. Ces pays se sont lancés sur la
voie de la libéralisation de l'exportation du thé en choisissant
une privatisation progressive ou radicale.
Avec la libéralisation du secteur thé et la
privatisation de plusieurs usines à thé dans notre pays, les
théiculteurs se sont regroupés dans des coopératives, seul
moyen, selon le plan stratégique développé par l'OCIR
(Rapport annuel 2004) pour qu'ils aient un mot à dire sur le
marché de leur production. Plusieurs coopératives,
communément appelées Coopthés ont vu le jour au cours de
la décennie 1995-2005.
Toutes ces coopératives ont
bénéficié d'un suivi particulier de la part de l'OCIR qui
a formé des agronomes pour cet effet (OCIR, Rapport annuel 2004 :
46). Les agronomes ont reçu l'ordre d'aider ces coopératives
naissantes à pouvoir peser lourd sur le marché du thé au
Rwanda et dans le monde. Ils ont assisté dans la distribution des
intrants agricoles et autres fertilisants pour relever la qualité et la
quantité du thé produit. Les théiers vieillis ont
été remplacés par de nouveaux plants jugés par les
experts de l'OCIR de « semences
sélectionnées ». Etant données toutes ces
conditions qui visaient à favoriser l'évolution du prix du
thé du Rwanda à partir de l'amélioration de sa
qualité, les théiculteurs devraient avoir eu un mot sur le
marché. Le prix réel du thé devrait, par la même
occasion, monter très sensiblement.
Cependant, malgré une nette amélioration de la
qualité et une augmentation de la quantité du thé
rwandais, les prix n'ont guère évolué. Ils ont
stagné voire chuté à certains endroits, comme dans la
Coopérative des Théiculteurs de Gisovu-Muko. Des recherches
antérieures, comme celle de Joseph Ntamatungiro (1998) ont montré
que lorsque les fluctuations du prix proviennent essentiellement de l'offre, le
producteur profite de la stabilisation alors que le consommateur en est fort
lésé. L'auteur a aussi montré que la stabilisation des
prix n'aboutissait pas nécessairement à la stabilisation des
recettes suite au problème de partage des gains.
La CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le
Commerce et le Développement) a publié ces dernières
années beaucoup de travaux de réflexion sur la gestion de risque
lié à la fluctuation de prix des matières
premières. Que ce soit les produits agricoles ou miniers, ils sont d'une
importance capitale dans l'économie des pays en développement et
en émergence. Ces derniers ont souvent besoin d'un appui technique pour
la bonne gestion de ces secteurs d'activité stratégiques.
A l'instar de toutes ces révélations,
différents auteurs ont données leurs avis selon les recherches
qu'ils avaient menées. Les uns ( comme l'OCIR Thé, 2004)
affirment que les producteurs, s'ils sont regroupés dans des
coopératives, peuvent imposer un prix de leurs produits tandis que les
autres (comme Joseph Ntamatungiro,1998 : 56) affirment le contraire. Selon
cet auteur, quoique fassent les producteurs sur terrain, le prix restera le
panage de l'acheteur, surtout en ce qui concerne les matières
premières du secteur agricole. Pour clôturer ce point, voici
quelques questions qui nous serviront de guide dans notre travail.
1. Quel est le rôle de la COOTHEGIM dans la
stabilisation des prix du thé ?
2. Quelles sont les limites de la COOTHEGIM dans son action de
stabiliser efficacement les prix du thé ?
4. HYPOTHESES
Les hypothèses sont des éléments des
réponses anticipées aux problèmes soulevés dans le
départ. Elles sont des propositions qui peuvent être
confirmées ou infirmées ou nuancées selon le cas
précis.
D'après BRAY et HOHMANN Y. (1998 :37-39),
l'hypothèse est la pierre angulaire du travail de recherche. Elle est le
fil conducteur d'un travail scientifique. Cette étude se base sur les
travaux antérieurs, les rapports et les enquêtes sur terrain pour
tester les hypothèses suivantes:
· La COOTHEGIM contribue dans la stabilisation des prix
du thé au Rwanda en améliorant la qualité du thé
vert ; en approvisionnant ses membres en intrants agricoles et autres
matériels de base à un prix abordable et en formant ses membres
sur les techniques de culture et de production du thé.
· Malgré les efforts fournis par la COOTHEGIM pour
stabiliser le prix du thé de ses membres, elle est limitée par le
rapport entre la loi de l'offre et la demande et l'instabilité des prix
au niveau mondial.
5. OBJECTIFS DU
TRAVAIL
5.1. Objectif
global
L'objectif global de ce mémoire est d'évaluer le
rôle des coopératives théicoles dans la stabilisation des
prix du thé au Rwanda.
5.2. Objectifs
spécifiques
Les objectifs spécifiques sont :
· Passer en revue l'historique de la filière
thé au Rwanda et dans le monde ;
· Expliquer les activités que mène la
COOTHEGIM dans l'amélioration de la qualité et l'augmentation de
la quantité du thé de ses membres ;
· Expliquer les limites qui empêchent la COOTHEGIM
à jouer son rôle dans la stabilisation des prix du
thé ;
6. TECHNIQUES ET
METHODES
Pour atteindre nos objectifs, nous avons recouru à
quelques techniques et méthodes de recherche.
6.1. Techniques
Selon CHEVALIER (1978 :68), les techniques sont des
outils de recherche impliquant des procédés de collecte de
données adoptées et surtout au point de vue qui guide la
recherche. Les techniques suivantes vont être utiles lors de la collecte
des données :
· Technique documentaire : Cette technique nous a
permis d'accéder aux différentes théories existantes sur
les coopératives, la filière thé et la fixation des prix.
En plus, elle nous a procuré différentes données sur le
milieu étudié et sur la COOTHEGIM ;
· Technique d'interview : Cette technique a
été utile lorsque nous sommes allé chercher les
informations relatives à notre domaine de recherche ;
· Technique de sondage : Cette technique nous a
permis d'obtenir, sur base des échantillon choisis, les informations
relatives à notre sujet de recherche.
· Technique d'observation : Cette technique nous a
aidé à visiter les plantations du thé de Gisovu-Muko pour
y recueillir certaines informations. Ainsi, les contacts avec les
théiculteurs nous ont permis de constater ce dont ils ont besoin pour
peser lourd dans la fixation du prix de leur produit.
Technique d'échantillonage : Cette technique nous
a aidé à surmonter des contraintes de temps, de ressources
humaines et de financement. Il a été précisément
question de tirer de notre population cible (2500 théiculteurs membres
de la COOTHEGIM) un certain nombre de personnes sur lesquelles a porté
notre enquête.
6.2.
Méthodes
RWIGAMBA B. définit la méthode comme
étant un ensemble ordonné des principes, des règles et des
opérations intellectuelles permettant de faire l'analyse en vue
d'atteindre un résultat.
Les méthodes suivantes nous ont permis d'analyser les
données récoltées auprès de la COOTHEGIM.
· Méthode historique : Cette méthode a
permis de suivre l'évolution des prix du thé vert auprès
de la COOTHEGIM ;
· Méthode analytique : Cette méthode
nous a permis de faire une analyse systématique de toutes les
informations récoltées au cours de notre recherche ;
· Méthode statistique : Cette méthode
nous a aidé dans la présentation des données sous forme de
tableaux et de figures ;
· Méthode descriptive : Cette méthode
a été utile lors de la description de la COOTHEGIM.
7. SUBDIVISION DU
TRAVAIL
A part l'introduction, la conclusion et les suggestions, notre
travail comprend trois chapitres. Le premier chapitre présente le Cadre
Théorique et Conceptuel. Le deuxième chapitre traite de la
Contribution de la COOTHEGIM dans la stabilisation des prix du Thé. Le
troisième chapitre évalue les limites de la COOTHEGIM dans la
stabilisation des prix du thé sur le marché.
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