1.3.1 L'exposition
C'est la partie initiale du scénario dans laquelle sont
exposés au spectateur les différents éléments et
points de départ à partir desquels l'histoire qui va être
racontée va pouvoir fonctionner : les personnages principaux, le
cadre, la situation de départ, la première perturbation.
C'est, pour Swain, l'introduction d'une information
nécessaire sur le passé des personnages qui est nécessaire
pour la compréhension du récit. Il doit, selon lui, comporter une
« accroche » et un « commitment »,
c'est-à-dire un engagement vers le but qui devrait intervenir le plus
vite possible, pour ne pas laisser les personnages inactifs. C'est le lieu du
film où l'on doit avoir la plus forte concentration d'informations.
C'est à l'habileté dans l'exposition que l'on reconnaît le
scénariste expérimenté. L'exposition est difficile
à réaliser car on veut donner le maximum d'information en un
minimum de temps. L'art de l'exposition consiste à dramatiser une
communication d'informations. C'est pourquoi il ne faut pas trop donner l'air
de faire une exposition. Elle doit contenir les informations indispensables
à une meilleure découverte (où et quand sommes-nous ?
Qui sont les personnages, quels sont leurs liens parentaux, leurs
situations professionnelles et familiales, qu'est-ce qui est nécessaire
à la compréhension du début de l'histoire et ce, sans la
transformer en une espèce de fiche statique où des gens qui se
connaissent bien se raconteraient les uns aux autres). Il est important de
créer une scène qui comporte une petite part de conflit si bien
que les personnages semblent amenés par la situation à dire ce
qu'ils disent plutôt que de le dire pour faire plaisir au
scénariste. Elle doit être de durée limitée, ne pas
être trop longue, ne pas être trop apparente, ne pas être
trop obscure.
1.3.2 La progression continue
Au cinéma, la loi de la progression continue est celle
qui veut que la tension dramatique soit conçue pour aller en croissant,
jusqu'à la fin, jusqu'au climax. Il faut donc que les
éléments les plus frappants et surtout les émotions les
plus fortes soient prévus pour être donnés à la fin
du film, au terme d'une montée. Boileau disait déjà avant
la naissance du cinéma que le trouble de scène en scène
doit être toujours croissant. Hitchcock à son tour pose la
progression continue comme un principe. Selon lui, il faut que le film monte
toujours comme un train à crémaillère. Swain estime que la
progression doit être comme un escalier à monter, tandis que pour
Nash Oakey, un scénario est une situation de crises, chacune plus grave
que la précédente, et menant au climax qui vient souvent vers la
fin de l'histoire. Pour Jean-Claude Carrière, il faut que toute
scène avance en répondant à d'autres questions qui ont
été posées précédemment, et en ouvre
d'autres. Quant aux conditions de la progression, il faut dire que le
cinéma est plus intéressé que le roman à maintenir
une progression continue. Vale estime que la loi de la progression doit
s'appliquer à tout élément de l'histoire. Chaque
caractérisation doit grandir jusqu'à la fin. Chaque
émotion doit être graduellement accentuée. Chaque
décision doit être lourde de conséquences. Il ne faut donc
pas commencer le film par un événement si fort qu'il ne permette
plus aucune progression. Il est alors necessaire de choisir les émotions
et les caractérisations qui rendent possible une gradation.
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