B) La prise en compte de la
concurrence imparfaite.
La nouvelle théorie du commerce international se fixe
comme objectif de mieux prendre en compte certaines réalités du
monde contemporain. Elle se caractérise notamment par la prise en compte
de l'existence de rendements croissants et elle rompt du coup avec l'image
d'une spécialisation exogène, c'est-à-dire d'une
spécialisation qui préexisterait à l'échange. Elle
se situe dans la lignée d'analyses qui avaient déjà
souligné le caractère endogène de la
spécialisation, c'est-à-dire de la spécialisation comme
conséquence de l'ouverture des échanges et non l'inverse. Dans
cette perspective, on a une vision dynamique des avantages et de la
spécialisation, comme résultat d'une construction.
Dans cette approche, deux nations identiques (du point de vue
de la dotation factorielle, du niveau technologique) peuvent avoir
malgré tout intérêt à l'échange dans la cas
où l'ouverture permet de concentrer les ressources dans les secteurs
à rendements croissants : le développement des exportations
dans les secteurs à rendements croissants, permet d'élargir
l'échelle de production et donc de réduire les coûts
unitaires de production, ce qui crée ex-post un avantage
comparatif face au pays qui a renoncé à cette
spécialisation pour une autre. Les spécialisations ne sont plus
prédéterminées et ne reposent plus sur des critères
objectifs, ce qui rend la spécialisation plus arbitraire. Ce que
montrent d'ailleurs ces modèles, c'est qu'un des gains liés au
libre-échange vient du fait que les pays peuvent consacrer plus de
ressources à la R&D, puisque les coûts en sont plus facilement
amortis, grâce à l'augmentation de l'échelle de production.
C'est la thèse défendue notamment par Grosman et Helpman
(1990) : ils repartent des analyses de Vernon et montrent que l'imitation
des pays riches par les pays pauvres, une fois que le bien est banalisé,
permet aux pays riches de consacrer leurs ressources à la production
nouvelle, à forts rendements croissants, grâce à des
dépenses élevées en R&D. D'où des conclusions
très favorables au développement des échanges, ces
modèles renforcent encore les conclusions du modèle des avantages
comparatif en soulignant les effets positifs dynamiques à la
spécialisation (et non plus seulement en statique).
Ces analyses montrent par ailleurs que le développement
des échanges permet d'augmenter la diversité des produits offerts
aux consommateurs et c'est un des gains liés à l'ouverture des
échanges.
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