b) Les arguments des plus
pessimistes
Les études empiriques sur l'emploi
contestent parfois la validité des études empiriques
déjà citées une étude menée sur la
période 1950-1988 pour 23 pays industrialisés (Good,
Woodbridge et Ruffin) pour rechercher une corrélation entre
pénétration des importations et futur taux de chômage (en
considérant un décalage d'un an) aboutit à des
résultats très nuancés :
§ dans 1/3 des cas, aucune corrélation
n'apparaît
§ quand une corrélation apparaît entre
chômage et importations, elle est positive dans 53% des cas
§ quand une corrélation apparaît, elle est
aussi positive dans 56% des cas entre exportations et chômage !
§ une autre étude sur l'emploi manufacturier en
France montre que ça dépend des secteurs. L'étude porte
sur la période 1970-1992.
§ pour le textile et l'habillement, le taux de
pénétration étrangère est passé de 31%
à 63%. Parallèlement l'emploi a baissé dans ces secteurs
de 3.9% par an en moyenne, alors que le taux d'exportations augmentait aussi
passant de 17% à 35%.
§ En revanche, pour la parachimie et la pharmacie, le
taux de pénétration passe de 7.5% à 20% et l'emploi
croît sur la période de 0.6% par an.
§ une étude Wood (1994) fait apparaître une
corrélation assez forte (presque parfaite) entre la baisse de la part
des emplois dans le secteur industriel et l'augmentation des importations en
provenance des PED (pays en voie de développement) : le
déclin de l'emploi industriel est d'autant plus fort que la
pénétration a été importante. Il conteste la
méthode des équivalents emplois, en montrant qu'elle
néglige une donnée importante : certains produits
importés ne sont plus produits chez nous, on n'a donc plus une
substituabilité parfaite des biens importés et des biens
nationaux, ce qui entraîne des disparitions importantes d'emplois. Il
évalue à 20% la chute de la demande d'emplois peu
qualifiés sur les deux dernières décennies. Une autre
étude, reposant sur le même type d'analyses, évalue
à 36 millions le nombre d'emplois détruits en Europe depuis 30
ans de ce fait.
§ Ces analyses ont malgré toute une limite, c'est
que la part des importations non substituables reste aujourd'hui assez faible,
de l'ordre de 15% par exemple pour les Etats-Unis.
§ ces études insistent aussi fortement sur la
dégradation de l'emploi industriel. La part de l'industrie dans l'emploi
total a chuté de 10 points entre 1970 et 1993 pour les pays de l'OCDE.
En Europe cette part est passée de 34% à 24%, aux Etats-Unis de
40% à 30%. La part reste stable au Japon, autour de 34%.
Parallèlement, l'industrie assurerait dans les NPI (nouveaux pays
industrialisés) d'Asie l'essentiel de la croissance du nombre
d'emplois : au début des années 90, environ 40% de la
main-d'oeuvre des 4 NPI de la première génération
était occupée dans l'industrie et 20% pour ceux de la seconde
vague (dont la Chine)
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