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les conflits de la mondialisation

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par GORA BA
Université de Nice sophia antipolis - Master 1 en economie et gestion 2006
  

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Section 2 : Les promesses et les négociations multilatérales

A) Les promesses des institutions internationales

La doctrine des pays occidentaux en matière d'aide au développement reste assez floue malgré des déclarations de principe en faveur des droits de l'homme. Les prises de position récentes de l'administration américaine sont, à ce titre, exemplaires. Les Etats-Unis doivent affronter une triple critique en tant que leaders de l'ordre libéral mondial : une critique de la mondialisation dont ils seraient les principaux architectes et bénéficiaires à travers leurs multinationales et fonds de pension ; une critique des institutions de Brettons Woods taxées d'être à leur solde ; et une critique de leur stratégie politico-militaire. Aujourd'hui, la mondialisation est défiée sur toute la planète. Force bénéfique, elle est aussi un facteur d'aggravation de la vie de milliers de personnes. Le système capitaliste est à la croisée des chemins, et les partisans du libre marché et des théories économiques adjacentes deviennent contraints de reconnaître que les marchés ne s'auto corrigent pas toujours, et que le tout-libéral n'est pas non plus toujours la panacée. Mais cette reconnaissance est difficile à admettre pour certains. Les institutions internationales sont les premières accusées, mais pas n'importe lesquelles. Le problème n'est pas la mondialisation en soi mais la façon dont elle a été jusqu'à présent gérée, en particulier par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (BM) et l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui, en gouvernant le processus, contribuent à en fixer les règles du jeu souvent en fonction des intérêts des pays industriels. « Mais la question n'est pas seulement qu'elles ont servi ces intérêts : trop souvent, elles ont eu de la mondialisation une vision étriquée, due à une idée très particulière de l'économie et de la société » avance l'auteur de « La grande désillusion » dans son dernier chapitre intitulé « L'avenir ». Il poursuit, plus loin, « s'il apparaît que ces institutions servent d'abord et avant tout des intérêts commerciaux et financiers, ce n'est nullement ainsi qu'elles se perçoivent. Elles pensent sincèrement agir dans l'intérêt général. Même si tout prouve le contraire [...] beaucoup le croient si fermement qu'ils sont d'accord pour imposer ces «réformes» aux pays par tous les moyens ». L'auteur de ces lignes quelque peu provocatrices, sait de quoi il parle. Le professeur Joseph Stiglitz a obtenu le prix Nobel d'économie en 2001 pour son analyse des marchés et des asymétries de l'information. Ce livre, traduit de la version anglaise Globalization and its Discontents, se concentre sur la BM, mais surtout sur le FMI, parce que ces institutions ont été, selon l'auteur, au coeur des plus grands problèmes économiques des deux dernières décennies : l'ajustement structurel dans les pays en développement, les crises financières, et plus particulièrement la crise asiatique de 1997, et la transition des pays ex-communistes vers l'économie de marché. Il souligne que le FMI a été créé après la Seconde Guerre mondiale parce qu'on estimait que les marchés fonctionnaient souvent mal. Depuis, voici que le FMI est devenu le champion fanatique de l'hégémonie du marché. Et c'est précisément cette idéologie - la foi pure et simple dans le libre marché - qui sous-tend toutes les actions de l'institution et qui est vivement dénoncée par l'auteur. À cela s'ajoute également la logique interne du FMI, ou plutôt son absence de logique, ainsi que sa lenteur à comprendre ou accepter ses erreurs et la résistance de la BM et du FMI aux idées nouvelles de la science économique moderne. « Le problème est que le FMI présente comme une doctrine reconnue des thèses et des politiques sur lesquelles il n'y a pas de consensus [...]. Le FMI ne s'est jamais demandé ce qu'il y avait de faux dans ses modèles, il n'a jamais aimé discuter des incertitudes liées aux politiques qu'il recommande. Avec cette attitude et cet état d'esprit, il lui est difficile de tirer les leçons de ses erreurs. Le FMI a reconnu des erreurs dans la crise asiatique mais il s'est efforcé de limiter les critiques et les débats » Malgré la virulence de ses propos à l'encontre essentiellement du FMI, J. Stiglitz souligne qu'en

« Critiquant ainsi les méthodes du FMI, il ne veut pas dire qu'il perd toujours et partout son temps et son argent ». On sent néanmoins que les arguments lui sont difficiles à trouver. Il ne faut pas croire qu'il soit pour autant en faveur de l'abolition du FMI : « Je crois que cette dernière n'aurait pas de sens [...] Je suis persuadé qu'il est possible de remodeler la mondialisation de façon à concrétiser ses potentialités bénéfiques, et de réorienter les institutions économiques internationales afin d'y parvenir ».Le consensus actuel en dehors du FMI est qu'il faut limiter le champ d'action du FMI à son domaine originel, c'est-à-dire la gestion des crises. S'il n'est pas simple, le changement est possible. La BM a commencé à se réformer, même si cela n'est pas allé aussi loin que l'auteur l'aurait souhaité. « Néanmoins, je ne suis pas très optimiste quant à la probabilité, dans un avenir proche, de réformes fondamentales dans la structure de direction officielle. Mais, à court terme, des changements de pratiques et de procédures auraient peut-être un impact important ». Il préconise notamment la transformation du système de droit de vote au FMI et à la BM, ou, du moins, une augmentation de la représentation de certains pays comme les États africains, qui, à défaut de voter, pourraient au moins se faire entendre.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld