INTRODUCTION
Les navigateurs européens découvrirent le tabac
pour la première fois à la fin du XVième
siècle avec les premières expéditions aux Antilles
où les populations indiennes fumaient ses feuilles sèches dans un
tube grossier.
Jean Nicot fut le premier à introduire officiellement
le tabac sur le sol françaises. C'est au cours de
16ième siècle que la culture de tabac et son usage
comme plante médicinale se répand en Europe (1).
En 1623, Sir Francis Bacon (1) écrivit que "l'usage du
tabac s'étend beaucoup, il conquiert les hommes grâce à un
certain secret tel que ceux qui ont commencé peuvent difficilement se
restreindre". En 1828, Posselt et Ruman isolent l'élément actif
du tabac (nicotine) et au XXième siècle, la cigarette
conquiert le monde entier, et la consommation du tabac est reconnue comme une
toxicomanie.
En fait, le tabagisme peut être défini comme un
comportement renforcé par une dépendance pharmacologique dont la
nicotine est responsable (2,3). Celle-ci, en raison de sa fixation sur des
récepteurs nicotiniques cérébraux et ses effets psycho
actifs, induit une double dépendance : psychique et physique (4).
Le tabac représente le premier facteur de perte
d'années de vie, il est à l'origine de 4 millions de
décès par an dans le monde, ce qui représente un
décès toutes les 8 secondes (5,6). Si les tendances de la
consommation tabagique restent telles qu'elles le sont actuellement, ce chiffre
devrait passer à 8,4 millions en 2020, et à 10 millions en 2030
(7,8).
La mortalité varie en fonction du nombre de cigarettes
consommées (9). Chaque cigarette représente une réduction
de l'espérance de vie égale au temps passé à la
fumer ce qui correspond à deux heures par jour pour une consommation
quotidienne d'un paquet par jour.
A l'échelle mondiale, ce sont les adolescents qui
posent le principal problème en matière de tabagisme
(10).
Les grandes enquêtes prospectives font apparaître
que la consommation de tabac est à l'origine d'une surmortalité
liée notamment aux cancers broncho-pulmonaires, ceux de la sphère
O.R.L et d'autres organes, aux broncho-pneumopathies chroniques obstructives
(BPCO) et aux maladies cardio-vasculaires. Ces pathologies sont
aggravées par d'autres facteurs de risque tels que certains
comportements alimentaires, l'abus d'alcool et la contraception orale (5).
L'intoxication tabagique peut être évaluée
par la mesure des marqueurs dans les milieux biologiques. Ces marqueurs
différent par leur spécificité et leur sensibilité
dans la distinction fumeur /non fumeur. Il est important de distinguer les
marqueurs spécifiques du tabac (nicotine, cotinine) des marqueurs non
spécifiques pouvant avoir d'autres origines que la fumée de
cigarette (CO, cadmium, HbCO, thiocyanates, ....).
Ces marqueurs constituent des indicateurs
d'intérêt différent en fonction de leurs
caractéristiques pharmacocinétiques propres. Le cadmium est un
marqueur à long terme car il s'accumule graduellement au cours de la vie
du fumeur (11). Son dosage pourrait être utile dans les groupes
d'ex-fumeurs pour permettre l'appréciation a posteriori du
tabagisme.
Le dosage de la carboxyhémoglobine permet
d'apprécier de manière directe la pénétration du
monoxyde de carbone dans l'organisme.
Le dosage des thiocyanates, catabolites de l'acide
cyanhydrique présent dans la fumée, peut s'avérer utile
pour le suivi du sevrage des fumeurs (11). Les concentrations dans l'urine des
fumeurs sont variables. La demi-vie de ce marqueur qui s'élimine surtout
par voie rénale est d'environ deux semaines. Il n'est pas
spécifique du tabagisme puisque l'origine peut être alimentaire.
Le dosage de la cotinine libre urinaire est en relation
directe avec l'imprégnation nicotinique à moyen terme chez le
fumeur (11,12).
Dans ce travail, nous avons étudié dans un
premier les composants de la fumée du tabac, les diverses pathologies
liées à la consommation chronique et les marqueurs biologiques
dans un deuxième temps, nous nous sommes intéressé
à l'analyse des xénobiotiques (cotinine) dans les urines.
L'objectif de cette étude est de mettre en
évidence la relation entre la consommation du tabac et les
concentrations urinaires en cotinine afin d'estimer la valeur discriminative de
la cotininurie entre les fumeurs, les fumeurs passifs, ainsi que les non
fumeurs et de préciser l'intérêt du dosage urinaire de la
cotinine dans la prise en charge et le suivi du sevrage tabagique.
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