L'influence des attentats de Casablanca sur la politique antiterroriste au Maroc( Télécharger le fichier original )par el azzouzi el idrissi hicham Université de Perpignan - master II droit privé 2005 |
B : Les auteurs de 16 mai sont-ils des martyrs ?La question que beaucoup se posent concernant les attentats du 16 mai concerne les motivations profondes des acteurs de ces crimes ; comment qualifier ce genre d'actes et peut -on dire qu'il s'agissait d'un jihad au sens vrai du terme et peut on considérer les auteurs de ces crimes comme des martyrs eux qui cherchaient cette forme de mort : Pour répondre à ces questions, il convient d'abord de définir le sens de mot martyr (a) Et d'avoir une idée sur le débat théologique musulman sur cette questions à travers les positions de certains docteurs de la foi musulmane(b) 1 : Le martyrLe destin du mot « martyre » (chahâdat, du chahid, martyr) est étrange en islam. Dans le Coran, le mot désigne le témoignage et non la mort sacrée.6(*) Chaque fois qu'il est question de `'mourir pour Allah'', ce sont des expressions comme « périr sur le chemin de Dieu » (sourate 2, verset 154, traduction Jacques Berque ), « tomber sur le chemin de Dieu » (s. 3, v. 157), « être tué sur le chemin de Dieu » (s.3, v. 169), « combattre sur le chemin de Dieu » ( s.4, v.74), « faire exode sur le chemin de Dieu et y être tué ou mort » (s. 22, v.58) que l'on rencontre. Le « chemin de Dieu » ( sabil ellah) est l'expression majeure qui désigne ce qui deviendra, par la suite, le martyre (chahâdat). C'est, selon toute apparence, après la conquête musulmane de la Palestine au VIIe siècle que la notion de témoin (chahid) en vint à signifier explicitement la mort sacrée, en parallèle à la notion grecque de « marturos » et sa double signification comme témoin et martyr. L'expression « chahid » vise la désignation des martyrs musulmans tombés au champ de bataille dans la lutte contre les infidèles avec la promesse de grandes récompenses dans l'au-delà. puisque dans l'islam c'est le combat dans la voie de Dieu qui entraîne la mort en martyr : « Car combattre sur le chemin de Dieu, c'est obtenir ou mort ou victoire : dans les deux cas, Nous lui vaudrons un salaire magnifique » (s.4, v.74. Selon la traduction officielle du Coran accréditée par l'Arabie saoudite7(*), cette sourate s'énonce comme suite : « Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du paradis. Ils combattent dans le sentier d'Allah : Ils tuent, et ils se font tuer. C'est une promesse authentique qu'Il a prise sur Lui-même dans la Thora, l'Evangile et le Coran. Et qui est plus fidèle qu'Allah à son engagement ? Réjouissez-vous donc de l'échange que vous avez fait : et c'est là le très grand succès » (s. 9, v. 111) . Tuer ou se faire tuer dans la voie d'Allah : c'est sur cette phrase clé de la sourate Repentir (ou Désaveu) que se fonde en principe la justification du martyre en islam. Que l'on tue ou que l'on se fasse tuer, c'est le paradis qui est promis. Ce texte fondateur ne mentionne pas, comme on l'a dit, l'expression martyr (chahid) ou martyre (chahâdat) qui deviendra par la suite une notion clé de la mort sacrée. L'idée de la mort sacrée « dans la voie de Dieu » y est cependant explicitement formulée et sera reprise dans diverses traditions islamiques. Le martyre peut ainsi se résumer de la manière suivante :
Mais dans notre cas s'agissait-il des martyrs ou des terroristes ? Pour répondre à cette question il faut voir quelques passages de Coran puis les avis de certains `'Savants'' et `'Oulémas''. Verset.1 -Verset 2
« Allah ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. (Le Coran, sourate al-Mumtahana, versets 8-9) Les versets ci-dessus indiquent l'attitude d'un musulman à l'égard des non-musulmans. Il doit traiter gentiment tous les non-musulmans et s'abstenir de se lier d'amitié avec seulement ceux qui montrent une attitude hostile envers l'islam. Au cas où cette hostilité causerait des attaques violentes menaçant l'existence des musulmans, à savoir une guerre contre eux, alors les musulmans doivent répondre justement en considérant les dimensions humaines de la situation. L'islam interdit toutes les formes de barbarisme, d'actes de violence gratuite et d'agressions injustes. Dans un autre verset, Dieu avertit les musulmans et rappelle que la rage éprouvée à l'égard des ennemis ne doit pas les amener à l'injustice.8(*) Les théologiens musulmans sont tous d'accord sur la règle suivante : Le principe dans les relations entre les musulmans et les autres sociétés est la paix et non la guerre.9(*) Or le djihad en islam est autorisé non seulement pour défendre la religion mais aussi en cas de légitime défense ( défendre sa vie, ses biens, les siens, sa liberté ). Au niveau d'un Etat, c'est le pouvoir politique qui peut déclarer la guerre contre un pays agresseur au contre ses citoyens sinon on tombe dans ce qu'on appel « fitna »émeute. En aucun cas l'islam n'autorise l'agression car le Coran précise que « ...et l'association et plus grave que le meurtre... » (s.2 v, 215)10(*) * 6 Les nouveaux martyrs d'Allah, FARHAD KHOSROKHAVAR. Flammarion, 2002 * 7 voir le Saint Coran et la traduction en langue française du sens de ses versets, l'an 1410 de l'Hégire. * 8 HARUN YAHYA le Pacifisme de l'Islam, www.harunyahya.com /fr * 9 http://oumma.com/article.php3?id_article=333 La notion de Djihad dans les écoles françaises (partie 1/2)= Par Moustapha Elhalougi professeur à l'université Al Azhar(Egypte) lundi 14 janvier 2002 * 10 Saint Coran, traduction de l'administration des recherches scientifiques. Arabie saoudite |
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