§ II : la
coopération sécuritaire internationale contre le terrorisme
Les Européens sont convaincus que les " jihadistes "
marocains en Europe n'ont pas besoin d'être épaulés par la
direction d'Al Qaida pour pouvoir concevoir et mettre à exécution
une opération terroriste. La menace est réelle.
A : La coopération des
services secrets marocains
Après les attentats terroristes du 16 mai 2003
à Casablanca, une véritable remise en cause des stratégies
de lutte antiterroriste en Europe occidentale est en train d'être
opérée. Pour les Français, ce ne sont plus les membres des
groupes intégristes algériens qui créent le plus de
soucis, et pour les Espagnols, ce n'est plus l'organisation terroriste de
l'ETA, basée en pays basque, qui mobilise prioritairement les limiers
ibériques.
Pour les uns et les autres, le danger terroriste le plus
sérieux provient désormais de ce qu'on appelle les cellules
dormantes du Groupe islamique marocain combattant (GICM). L'analyse est
également partagée par les services secrets des autres pays
européens, qui abritent de fortes communautés issues de
l'immigration marocaine tels la Belgique, l'Italie et dans une moindre mesure
l'Allemagne et la Grande Bretagne.
Au lendemain des attentats de Madrid, plusieurs cellules
dormantes des terroristes marocains ont été, il est vrai,
démantelées en Espagne, en France et en Belgique. Mais aux yeux
de bon nombre d'experts marocains et étrangers de la lutte
antiterroriste, ce ne fut que «la partie visible de l'iceberg".
Pour les dirigeants de la DST française, par exemple,
cités récemment dans la presse hexagonale, «les Marocains du
GICM créent un terrible casse-tête". Ce ne sont pas, selon eux,
des éléments faciles à repérer. Car, indique le
patron des services français en charge du contre-espionnage, «ceux
qui font partie des cellules dormantes (du GICM en France) sont des gens
totalement intégrés dans la société
française et, a priori, à l'abri de tout soupçon".
«Ils travaillent, explique-t-il, ils ont des enfants et des familles et
disposent d'adresses fixes".
Fait plus préoccupant pour la communauté du
renseignement européen: l'autonomie totale des cellules du GICM
implantées dans le vieux continent. Contrairement à ce qui a
été avancé jusqu'ici par les services marocains, les
Européens sont dorénavant convaincus que les «jihadistes"
marocains en Europe n'ont pas besoin d'être épaulés par la
direction d'Al Qaida pour pouvoir concevoir et mettre en exécution une
opération terroriste.
Pourtant, on continue à croire au Maroc que les
terroristes issus du Royaume sont souvent des sous-traitants de l'organisation
dirigée par l'ex-milliardaire saoudien, Oussama Ben Laden. Dans son
récent entretien avec le magazine français, Le Figaro, le
général, Hamidou Laanigri, directeur de la sécurité
nationale, s'est montré, d'ailleurs, très attaché à
cette lecture des événements.
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