Deuxième partie : La fin d'une
ère
L'année 1989 marque donc un tournant majeur aussi bien
positif, avec le retour des troupes d'Afghanistan, que négatif, avec la
chute du Mur de Berlin, ce dernier évènement comptant le plus aux
yeux de la société soviétique et surtout pour les
opposants conservateurs de Gorbatchev. Ils voient en lui le fossoyeur de
l'héritage stalinien, l'origine de tous les maux qui accablent, en cette
fin de décennie, l'empire soviétique déjà
agonisant. En voulant réformer le socialisme soviétique, en
voulant le rapprocher de son origine marxiste-léniniste, Mikhaïl
Gorbatchev ne s'apercevait pas qu'au lieu de tirer son pays vers le haut, il
entamait le processus inévitable et imminent qui l'amènerait
à sa perte. En effet, de nombreux évènements vont alors
s'enchaîner au coeur de l'URSS qui déstabiliseront le Premier
Secrétaire, et avec lui le régime et le pays, jusqu'à
provoquer l'implosion de l'URSS et la création, en 1991, de la
Communauté des Etats Indépendants.
I / Une contestation interne :
A) Revendications nationalistes :
A partir de 1989, un grand nombre de revendications
nationalistes, voire séparatistes, commencent à naître
à différents endroits au sein de l'Union soviétique.
Gorbatchev les avait sous-estimé jusqu'à un
évènement qui choqua la communauté internationale :
l'intervention militaire soviétique dans les pays baltes. Ceux-ci sont
en effet les premiers à revendiquer ouvertement une envie
d'indépendance. Comprenant qu'il ne peut lutter contre ces
revendications, Gorbatchev décide d'organiser un
référendum afin de proposer un nouveau statut pour l'Union qui
prendrait en compte les aspirations autonomistes qui émergent au coeur
de l'URSS. Celui-ci a lieu le 17 mars 1991. Mais la consultation ne se fait que
dans neuf Républiques sur quinze. En effet, les trois Républiques
baltes, Lituanie, Estonie et Lettonie, se sont déjà
proclamée indépendantes dès 1990 et la Géorgie,
l'Arménie et la Moldavie s'apprêtent à en faire autant.
Néanmoins, les soviétiques des autres Républiques
répondent « oui » à 76%.
Cependant, cette réponse est synonyme d'un désir
de renouveau et de souveraineté plutôt que d'un attachement
à l'Union. Cela se confirme dans les jours qui suivent. La
Géorgie se déclare indépendante le 9 avril 1991 et la
Russie, pourtant en faveur de l'Union lors du référendum, se
déclare en faveur d'un régime présidentiel et Boris
Eltsine sera élu au suffrage universel direct, à la
présidence du pays. Les deux hommes, déjà grands rivaux
après l'élection de Gorbatchev comme chef de l'Etat, vont voir
leurs relations empirer du fait des réclamations d'Eltsine. Cette
décision et l'élection d'Eltsine posent à Gorbatchev un
problème capital au niveau de son poids politique sur la scène
intérieure, n'ayant pas reçu la consécration du vote
populaire. Mais il garde tout de même de l'importance sur la scène
internationale. Ainsi, Gorbatchev représente son pays au sommet des pays
industrialisés se tenant à Londres en juillet 1991. Il fait alors
part de son désir de faire passer l'URSS à une économie de
marché. Cette annonce condamne donc l'économie socialiste,
portant ainsi un coup fatal au dogme marxiste-léniniste.
|