Le voisin européen :
Parallèlement, l'autre élément majeur de
ce « nouveau mode de pensée » est son ouverture vers
l'Europe. Gorbatchev pensait que la réinsertion de l'URSS dans les
relations internationales passait inévitablement par celle-ci. Ainsi,
dès son premier voyage à l'étranger en 1985, il prononce
un discours devant le Conseil de l'Europe et utilise l'image, désormais
fameuse, de « maison commune » pour évoquer le
système européen qu'il souhaite aider à mettre en place.
Selon sa conception, les deux blocs idéologiques qui se partageaient
l'Europe, pouvaient se rapprocher dans trois domaines importants : le
militaire, par une réduction des armements ; l'économique,
grâce à des accords entre la Communauté Économique
Européenne et le COMECON, et le sociopolitique en faisant en sorte que
l'Europe de l'Ouest humanise son capitalisme et que l'Europe de l'Est instille
davantage de démocratie dans ses pratiques. Malheureusement, en
dépit d'une bonne volonté des deux parties, le projet marque le
pas et avec lui, la mise en place du nouveau système international.
Cependant, ce rapprochement européen ne fait pas
oublier la question capitale de l'Allemagne, divisée en deux depuis
1961. A son arrivée au pouvoir, la position de Gorbatchev sur ce
problème ne diffère pas de celle de ces
prédécesseurs. Mais en 1988 s'opère un changement capital.
L'un de ses conseillers en politique étrangère, Dachitchev,
estimait que le statu quo entre les Allemagnes était tout
à fait contraire aux intérêts de l'URSS et prônait
une unification. Gorbatchev s'inspirera de cette thèse mais n'acceptera
cette unification que contraint et forcé par les circonstances. Il
applique alors une politique de non-ingérence envers l'Allemagne de
l'Est. Celle-ci mènera à l'organisation d'élections libres
en Allemagne de l'Est et à la destitution du Chancelier Honecker,
remplacé par Egon Krenz. Ce dernier, après avoir annoncé
l'autorisation des voyages, ne parviendra pas à faire face à la
pression populaire et le Mur de Berlin tombe le 10 novembre 1989.
Cet évènement achève d'ébranler
définitivement l'empire soviétique. Des mouvements de dissidences
éclatent un peu partout en Europe de l'Est (Tchécoslovaquie,
Bulgarie, Lituanie, Lettonie, Estonie...), les partis communistes de ces pays
se détachant progressivement du PCUS. Le lobby militaro-industriel
soviétique ne lui pardonnera pas cette politique de désarmement
et de non-ingérence et lui fera payer en entrant dans l'opposition.
Gorbatchev est alors mis dans une situation très difficile dans son pays
et ce, malgré une popularité internationale à son
apogée.
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