L'identité et le spectacle vivant à La Réunion( Télécharger le fichier original )par Virginie Verbaere Université Aix-Marseille III - Administration des Institutions Culturelles 2004 |
Les relations avec les autres groupesPerçue souvent comme une communauté « discrète et fermée », les Chinois ont eu des liens relativement limités avec les autres groupes ethniques, même s'il est vrai que la « boutique » a été un lieu de brassage de l'île qui lui aurait permis d'avoir davantage prise sur ce monde. Quel regard les Chinois portent-ils sur les autres communautés ? Quelles relations ont-ils tissé avec elles par la force des choses ? Avec les « Tamouls » et les « Malbars »Les Indiens partagent avec les Chinois de nombreux points communs : Epoque de recrutement, révoltes d'engagés agricoles, situation de minorité, ambivalence culturelle, découverte de nouvelles normes à intégrer etc. Cependant, ils se sont davantage investis dans le domaine foncier et agricole. Le militantisme tamoul semble étranger aux Chinois qui n'ont pas vécu un bouleversement culturel semblable à celui des indiens, issus du système des castes. Par ailleurs, les Chinois n'ont pas l'influence que les Indiens ont exercée sur la société réunionnaise dans le domaine des représentations du naturel et des possibilités de communiquer avec lui. Les Indiens éprouveraient une certaine perplexité vis-à-vis des Chinois « du fait de leur profonde discrétion et du refrènement de leurs émotions »20(*). En revanche, les élites des deux groupes se retrouvent dans la même valorisation de la réussite sociale, qu'elle soit d'origine scolaire ou professionnelle. Avec les « Zarab »Quels sont les traits partagés par les Chinois avec les autres Asiatiques ? Les Musulmans, (appelés en créole « Zarab », mais qui sont en fait d'origine indienne) ? La société des Mascareignes a constamment tendance à les comparer. Le parallèle est perpétuel : « La réussite des Indiens musulmans, n'est pas moins remarquable (...) une ascension assez comparable par le commerce, que la fidélité à l'Islam n'a pas entravée, et qui indirectement rend hommage à la tolérance réunionnaise » selon Edith Wong-Hee-Kam. Cependant, dans la réalité quotidienne, les relations entre les deux communautés restent limitées, la religion musulmane étant ressentie par les Chinois comme un facteur de ségrégation: le port du voile par les femmes, qui tend à s'imposer au cours de ces dernières années, est perçu de façon assez négative par eux, comme rejet des autres composantes de l'île et comme un enfermement contraire à la règle de l'harmonie sociale. Néanmoins, les Chinois envient les Musulmans et leur cohésion cimentée par l'Islam, regrettant souvent qu'il n'en soit pas de même pour eux, reconnaissant dans le rassemblement dans les mosquées une force dont ils sont loin de disposer, leurs propres temples n'étant plus que le théâtre de rassemblements épisodiques où l'aspect religieux n'est pas le plus déterminant. * 20 WONG-HEE-KAM, 1996, La diaspora chinoise aux Mascareignes : Le cas de la réunion, Université de La Réunion, Editions L'Harmattan, Paris, 496p. |
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