L'acculturation prônée par la
Métropole : une certaine résistance
Cependant, est ouverte la voie de l'intégration.
Celle-ci est reconnue (du moins dans la perception qu'en a la
société réunionnaise.) et s'est faite en un laps de temps
relativement limité.
Ses premiers vecteurs ont encore été le
métissage et le rôle joué par l'Eglise Catholique qui a
propagé les influences occidentales et créoles au coeur de cette
communauté qui avait manifesté ailleurs une grande
réceptivité à l'évangélisation.
L'église Catholique a mené une politique
d'évangélisation active, et elle s'est efforcée d'ailleurs
d'adapter certains rituels traditionnels chinois à ses
cérémonies.
Le système scolaire a permis l'échange entre
différentes communautés qui campaient sur leurs positions.
Les répercussions culturelles se font sentir de
façon importante chez les jeunes tournés vers les modèles
que divulguent les médias et les idéaux occidentaux
inculqués par le système éducatif. Coupés en
définitive de leurs racines, les chinois, tout en ne disposant que d'une
culture française relativement superficielle sont influencés par
les valeurs diffusées par la métropole. Ils découvrent les
vertus de l'indépendance, s'éloignent de la solidarité
familiale. Il en découle des conduites qui sont contradictoires avec les
valeurs chinoises vécues par les parents de milieu traditionnel. Ces
communautés ne sont plus seulement des minorités fermées
sur elles-mêmes et s'intègrent parfaitement dans le système
politique, signe d'une intégration culturelle.
En réaction, on assiste à une résistance,
tant chez les anciens que chez les jeunes d'aujourd'hui. Certain refusent en
effet une « déculturation » et prônent le
retour aux valeurs ancestrales. Ils rejoignent ainsi le mouvement indien des
Tamouls, sans en avoir le militantisme. Mais leurs mises en gardes ont peu de
chance d'être entendues car elles se font en langue chinoise. Les parents
tentent alors d'inculquer à leurs enfants certaines normes chinoises
(éthique du travail, importance de la famille, idéal du
lettré), Ainsi que les façons de s'habiller, l'architecture et le
mode d'alimentation, la pertinence de certains rituels religieux.
On peut se demander si ce retour aux sources chinoises n'est
pas, contrairement aux apparences, l'expression d'un processus
d'intégration irréversible à cette société
créole tournée vers l'Europe. Si l'alliance endogame permet de
perpétuer la tradition, il paraît difficile que celle-ci se
transmette de façon intégrale dans une société
pluri-ethnique où cohabitent un environnement réunionnais et une
occidentalisation favorisée par l'administration française. La
coexistence de plusieurs modèles culturels, de surcroît dans un
contexte insulaire, amène les Chinois à tenir compte du monde
environnant, quitte à adhérer au modèle dominant qui
émane de l'Occident pour parvenir à un équilibre.
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