L'identité et le spectacle vivant à La Réunion( Télécharger le fichier original )par Virginie Verbaere Université Aix-Marseille III - Administration des Institutions Culturelles 2004 |
2) La relation avec Le même et/ou l`Autre(a) Quête identitaire ?Si l'on considère que le passé a construit le réunionnais, n'y a-t-il pas lieu de prendre en compte un présent qui fait de lui aussi quelqu'un, par intégration d'un modèle de société occidental ? C'est apparemment dans le conflit que se construit cette identité. A quelle étape sommes-nous arrivés aujourd'hui ? Selon Jean-François Reverzy55(*) on en serait arrivé à « Un positionnement de tout le groupe social sur la base d'une réunionité à définir vis-à-vis du groupe métropolitain par qui et pour qui est faite la nouvelle société de consommation et qui donne une forme à l'assimilation désirée mais aussi rejetée. La culture réunionnaise s'affirme alors dans la conscience du créole produit de l'histoire, résultante d'apports culturels les plus divers, héritage appartenant en propre à toute la communauté réunionnaise. » Comment être sûr que cette détermination identitaire et la conscience d'être réunionnais s'accomplissent sans conflit ? Il y a des réalités contradictoires si on les analyse à travers l'appartenance ethnoculturelle comme on a pu le souligner plus haut. On peut donc se demander si les Réunionnais qui affirment leur réunionnité face aux métropolitains le font sur des bases identiques ? Si certains affirment, comme F. Affergan56(*), que la quête identitaire est un « processus contradictoire mettant en jeu le procès d'individualisation et le procès de socialisation », on peut se demander si cette identité doit se fonder sur une simple opposition à l'Autre (dualité Zoreille/Créole = réunionnais). Il se peut au contraire que la quête de l'identité soit de l'ordre de « l'interchangeable » avec le mouvement de l'activité sociale. Tout en restant conscient que « c'est la pression du changement qui met en péril l'identité elle-même et conduit au déni de soi »57(*). Le réunionnais, dans sa construction identitaire ne peut pas nier ce que l'histoire a fait, qu'elle l'a fait « l'Autre », et que sa réunionnité est faite aussi de francité qui peut parfois être insupportable pour certains, tant la pression assimilatrice se fait sentir. On peut même dire qu'elle « bride la possibilité d'ouverture à la culture française vécue comme une norme rigide diffusée par un système sourd et aveugle à la différence »58(*). (b) Les créoles en quête d'affirmation identitairesLa quête identitaire de certains en mal d'identité passe par le positionnement d'une partie du groupe social sur des bases ethno religieuses vis-à-vis du groupe métropolitain et vis-à-vis du reste du groupe social. Une telle revendication identitaire fait écho à l'existence de plusieurs groupes socio ethniques au sein de la population réunionnaise et aux antagonismes qui la traversent. Elle ne concerne cependant pas tous les groupes mais seulement ceux d'origine asiatique et indienne. Les éléments de ces groupes, victimes de la colonisation comme les autres réunionnais, n'ont cependant pas été soumis au système esclavagiste et ont gardé une certaine spécificité culturelle. La résistance à l'assimilation et à la déculturation s'organise souvent autour de l'identité religieuse. De tels regroupements ethno-religieux comme peuvent également le faire les indiens, peuvent être perçus négativement par les réunionnais car ils voient dans ces tendances un danger communautariste. Ne faut-il pas voir dans ces revendications la marque d'une impasse ? * 55 REVERZY J.F., MARIMOUTOU J.C., 1990 : L'espoir transculturel, Université de la Réunion, Collection indianocéanique, Edition L'Harmattan, Paris. * 56 AFFERGAN F, 1983, Anthropologie à la Martinique. Presses de la Fondation Nationales des Sciences Politiques, Paris, 265p. * 57 CELLIER P., 1985, Description syntaxique du créole réunionnais : essai de standardisation. Doctorat d'Etat, Université de Provence. * 58 BAGGIONNI D., MATHIEU M., 1985, Culture(s) empirique(s) et identité(s) culturelle(s) à la Réunion, Service des Publications de l'Université de la Réunion, Saint Denis de la Réunion, 132p. |
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