L'identité et le spectacle vivant à La Réunion( Télécharger le fichier original )par Virginie Verbaere Université Aix-Marseille III - Administration des Institutions Culturelles 2004 |
III. Mutations socio-culturelles et formation identitaireA. D'une « société de plantation » en mutation...1) Au temps de l'esclavage et de la colonieL'objet de cette partie porte sur La Réunion d'avant 1946, date à laquelle l'île cesse d'être une colonie et devient un département français. Quelle est cette Réunion que les créoles appellent le « temps longtemps » et qui est marquée par l'esclavage (1690-1848) puis par l'engagement (1848-1900), et l'immigration libre (de 1870 jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale) ? Durant près de trois siècles l'île est une colonie dirigée par une minorité de propriétaires et de décideurs venant d'Europe et particulièrement de la France. La société Réunionnaise se caractérise alors par : · Une nette hiérarchisation verticale recrutant sur des bases ethniques. · Une homogénéité des populations dont l'activité se développe sur une aire géographique limitée. · Des statuts sociaux assignés et stables. · Un répertoire des rôles qui se reproduit à l'identique de génération en génération. · Une solidité essentiellement basée sur les réseaux de parenté. · Un système favorisant l'élite existante. Cette société dite traditionnelle et « de plantation » se caractérise également par une sociabilité de l'interconnaissance et un contrôle social où tout est connu par l'ensemble de la communauté. C'est-à-dire que tout se déroule sous le contrôle de tous. On peu noter que l'insularité conforte ce type d'organisation sociale traditionnelle. 2) Transformation de la société traditionnelleLa société réunionnaise se transforme peu à peu, puisant ça et là dans ce que lui apportent les différents modèles introduits par les populations d'origines multiples. Au lendemain de la seconde guerre mondiale l'organisation traditionnelle subit progressivement des changements selon trois phases jusqu'à la modernité. Analysons les différentes phases amenant ces deux phénomènes en se basant sur l'article de Michel Watin32(*). (a) Première phase : substitution-assimilationOn assiste d'abord à un processus de substitution-assimilation de la tradition par la modernité. Elle correspond à une phase de transformation pendant laquelle chaque caractéristique du premier modèle (la tradition) est remplacée progressivement et automatiquement par les caractéristiques du second (la modernité). Très rapidement, la situation socio-économique locale et l'amélioration notable de l'état sanitaire et social du pays, jugés déplorables en cette période d'après-guerre, s'améliorent. Mais, dans le même temps, on relève les premiers effets pervers d'un développement mené à un rythme extrêmement rapide : on commence ainsi à évaluer le chômage et l'échec scolaire, à mesurer les inconvénients de l'urbanisation et à observer la diffusion de la pauvreté. * 32 WATIN M., 2002, Changement social et communication à La Réunion, in Hermès n°32/33 « La France et les Outre-mers, l'enjeu multiculturel ». |
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