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L'identité et le spectacle vivant à La Réunion

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par Virginie Verbaere
Université Aix-Marseille III - Administration des Institutions Culturelles 2004
  

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3) D'une langue à une culture réunionnaise : l'unité

La langue et la culture réunionnaise, n'ont-elles pas été les premières à préparer ce brassage ?

(a) La formation du créole

A l'origine chaque ethnie avait sa langue, celle dans laquelle elle célébrait les événements de sa vie religieuse et familiale. Mais pour communiquer entre elles il lui fallait une langue comprise par tous. Cette langue ne pouvait être que le français, la langue officielle et aussi celle des « maîtres ». Comme elle n'était pas enseignée à cette masse de travailleurs, ces derniers se sont efforcés d'en retenir les mots, et les expressions les plus courantes qu'ils ont transformés. Ils en firent des phrases brèves, débarrassées de tous ces mots que la grammaire impose, sans qu'ils soient indispensables à la compréhension du message »29(*).

C'est peut-être de cette manière qu'est né le créole à La Réunion, après que les « nénènes » (les nounous) l'introduisirent dans la maison de leurs maîtres, qui l'utilisèrent pour leur parler. Il est devenu, à côté du français parlé par l'élite, la langue de tous les réunionnais. Albert Ramassamy ajoute que « Tout s'est passé comme si un bras s'était détaché de la langue française pour se diviser en courants, qui se sont infiltrés, chacun dans une ethnie, à la fois pour s'enrichir de ses apports, et la faire communiquer avec les autres, avant de se reconstituer pour former la langue créole. Ce bras ne s'est jamais tari, mais s'il n'y a plus rien d'original à drainer dans les ethnies, qui adoptent de plus en plus la culture française, il ne charrie plus que du français, chargé de reliefs de créole. » Une évolution lente rapproche donc de plus en plus le créole du français. Mais Albert Ramassamy précise que : « Expression de l'âme réunionnaise, le créole, doit être préservé et continuer d'être utilisé, non comme un élément folklorique, mais comme un souvenir chargé de sens et d'histoire, pour faire connaître la spécificité de la culture réunionnaise »30(*).

On voit ici le sens unificateur de la langue. En effet, toute langue véhicule une culture, une identité, et il semble donc que le créole n'y fasse pas exception. Après s'être octroyé une langue, la société réunionnaise se fabrique une culture.

(b) Comment naît la culture réunionnaise ?

Quand débute le 20ème siècle, l'Europe est à l'apogée de sa puissance. Quel que soit le lieu où ils se trouvent, les colonisateurs sont convaincus de leur supériorité et croient sincèrement qu'il n'y a qu'une civilisation : la leur. Même les hommes de gauche se font les défenseurs d'un véritable humanisme colonial, et insistent sur les « obligations morales » des colonisateurs « agents de la civilisation »31(*) ( cf que sais-je ?)

Mis à part une élite restreinte, ce sentiment est partagé par les peuples dominés. Et ce ne sont pas les ethnies asservies de La Réunion qui penseraient le contraire. Animées par cette conviction, elles sont prêtes à se placer de leur gré sur le chemin de l'assimilation. Vivre comme les « blancs », c'était prouver aux autres et à soi-même qu'on avait réussi. Vivre comme les blancs, c'était glisser certains aspects de leur vie sociale, dans des modèles culturels européens. Ils s'en emparèrent, les transformèrent, pour les adapter à leur manière de vivre, à leurs moyens financiers, aux croyances et aux coutumes de leurs communautés. Ils les adoptèrent en quelque sorte en y incorporant une partie de leur culture. Par ce phénomène d'imitation, et bien que vivant repliées sur elles-mêmes, les ethnies s'engagèrent séparément dans une voie culturelle qui les rapprochait les unes des autres, et les rapprochait des « blanc ». A travers ce métissage culturel a commencé à se bâtir l'identité des Réunionnais.

Conclusion

On peut maintenant entre apercevoir l'idée que l'identité ne se pose plus en termes de pluralité OU unité mais plutôt en termes de pluralité ET unité.

L'étude de l'immigration et des effets de l'intégration sur les populations d'origines diverses tout au long de l'histoire révèle la difficulté pour elles, à leur arrivée, de trouver une place dans la société réunionnaise. La connaissance des groupes ethnoculturels permet d'appréhender leurs représentations identitaires pour mieux comprendre le présent grâce au passé et mieux anticiper le futur. La lecture de leur histoire nous conforte dans l'idée d'une identité en perpétuel renouvellement depuis le début de la colonisation jusqu'à nos jours. Comment se place-t-elle au sein d'une société aux origines, aux repères et aux aspirations si variées ? Comment se structure et fonctionne cette société, quels sont ses repères culturels et ses référents ? Enfin quelles sont les solutions préconisées pour éviter qu'une éventuelle affirmation identitaire ne tombe dans l'extrême rejet de « l'Autre » ou des « Autres » ?

* 29 RAMASSAMY A., 1987 : La réunion, décolonisation et intégration, AGM, Saint-Denis.

* 30 Idem

* 31 CHAUDENSON R., 1995, Les Créoles, Que-sais je ?, Presses Universitaires De France, Paris, 127p.

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