L'identité et le spectacle vivant à La Réunion( Télécharger le fichier original )par Virginie Verbaere Université Aix-Marseille III - Administration des Institutions Culturelles 2004 |
2) Des croyances communes(a) Le catholicisme remaniéL'histoire des religions se confond avec l'histoire des immigrants de l'île. Les F rançais venus de métropole sont arrivés avec le catholicisme et ont fait venir des esclaves d'Afrique noire animiste. L'église a alors autorisé l'esclavagisme à condition que l'on baptise les esclaves. Ces derniers se sont donc retrouvés chrétiens. Puis sont arrivés les Indiens et la religion tamoule, les Chinois et le Taoïsme, et enfin les Indiens (Zarabes) et l'Islam. Toutes ces religions se côtoient, se mélangent et il n'y a pas d'intégrisme. La religion principale est le catholicisme et la visite du pape Jean Paul II en 1995 - n'attirant d'ailleurs pas que les catholiques de l'île - en a apporté la preuve. Les populations noires indiennes ou chinoises ont largement été évangélisées, d'abord par obligation puis par métissage religieux. Il en résulte un catholicisme typiquement réunionnais car ayant subit des influences diverses. (b) La religion TamouleLa religion Tamoule est la deuxième représentée sur l'île, elle est très présente par ses temples qu'on retrouve dans toutes les villes. Les "malbars" sont connus pour leurs cérémonies spectaculaires, notamment la cérémonie de marche sur le feu qui a lieu fin décembre et qui fait partie du folklore de l'île. Pour faire pénitence, les "malbars" se plantent des aiguilles d'argent dans le dos, sur les bras et le torse. Ces cérémonies attirent du monde et il n'est pas rare de voir des réunionnais d'autres confessions pratiquer la pénitence Tamoule. (c) L'islamL'Islam qui est la troisième religion de l'île a été importée par les musulmans d'origine indienne. De nombreuses villes voient se côtoyer une église, un temple tamoul et le minaret d'une mosquée. Dans les faits, nombre d'hindous participent également aux rites catholiques. (d) La sorcellerieSi La Réunion a pu être nommée par certains, L'île du diable, c'est bien en raison de l'omniprésence, dès son premier peuplement, des phénomènes conjoints de sorcellerie maléfique et de guérissage. Cette réalité est toujours omniprésente et fait partie des valeurs culturelles de l'unité réunionnaise27(*). La souffrance psychique et la maladie mais aussi les conflits et les traumatismes de la vie quotidienne sont vécus souvent par les habitants de La Réunion en relation avec le monde occulte et ses pouvoirs. Etre envoûté, « arrangé », « amarré », être victime des « grater ti boi » constitue une menace permanente pour ceux qui vivent dans cette île qualifiée par l'historien Prosper Eve, « d'île à peur »28(*). Le rôle social des sorciers et des guérisseurs y demeure considérable et fait aussi un trait d'union entre les îles et les mondes de l'Océan indien : L'Inde, l'Afrique, la Chine, Madagascar, Les Comores, Maurice, l'Europe. C'est là une composante fondamentale des métissages culturels. Plus loin ces systèmes de valeurs s'exportent et se retrouvent dans les diasporas fixées en France ou en Europe: il existe aussi une mondialisation de l'occulte, de ses rôles et de ses pouvoirs. Une bonne partie de ces croyances est l'héritage des anciens esclaves Africains affranchis en 1848 ou des travailleurs malgaches. * 27 MOULS G., 1982, Etudes sur la sorcellerie à La Réunion, coll. Anchaing, ed. UDIR, Sainte-Suzanne, 123p. * 28 EVE P., 1992, île à peur, Océan éd, Saint-André. |
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