Chapitre 3
CRITÈRE D'ENTROPIE
Dans l'étude du problème de Riemann au chapitre 2,
nous n'avons pris en considération que la condition
d'entropie de Lax
(3.1) ëk(u+)
<á(u-,u+)
<ëk(u-),
pour un certain k E {1, .., n} comme
critère de selection admissible d'ondes de choc. Ceci est un
départ intéressant dans une bonne discussion
mathématique et physique, permettant de
trouver de conditions plus appropriées d'entropie de diverses sortes,
avec pour but de les appliquer pour chercher des solutions faibles
moins compliquées de notre système de lois
de conservation, ainsi pour obtenir le critère d'unicité, et plus
d'informations concernant des probables solutions discontinues, etc.
Un principe général est que,
des solutions physiques et
mathématiques peuvent être cherchées comme
limite des solutions du système
régularisé
(3.2) uå t + f (uå) x
- Äuå = 0 dans (0, oc) x
R
où est un paramètre d'autant plus petit
que l'importance des phénomènes de diffusion est
faible et Ä= ?2 xx. A la limite, si on
néglige la diffusion ( = 0), on aboutit à
l'équation
(3.3) ut+f(u)x
=0.
Par conséquent, étudions la limite de
uå lorsque ? 0, et de cette
manière, nous allons discuter d'un critère d'entropie plus
général pour améliorer la condition de Lax
(3.1).
3.1 Viscosité évanescente-ondes
mobiles
3.1.1 Première condition d'admissibilité
On dira que la solution faible u du
problème (3.3) est admissible s'il existe une suite de solutions
régulières uå de
(3.4) uå t
+A(uå)uå x = uå
xx
qui converge vers u
dansL1 loc quand ? 0.
Commençons par chercher la solution du
problème (3.2) sous la forme d'ondes mobiles i.e sous la forme :
(3.5) uE(t,x)=v
|
(x -- Àt
|
, (t=0, xER)
|
où les inconnues sont la vitesse À et le
profil v. En substituant (3.5) dans (3.2), on cherche v : R
? Rn, v = v (s)
solution de l'équation différentielle ordinaire
(3.6) v· = --À vÿ + Df
(v) ÿv.
Supposant u , u+ données et
que
(3.7) lim
8-4 00
|
v (s) = u , lim
8-4+00
|
v(s)=u+, lim
|8|-4+00
|
vÿ (s) = 0.
|
Alors de (3.5), on déduit : (3.8) lim
E-40
|
½ u si x < Àt
uE (t, x) =
u+six>Àt
|
d'où la limite quand ? 0 de notre
solution de (3.3) nous donne une onde de choc joignant u et
u+. Nous allons à présent étudier
attentivement les formes de À et v, et de cette
manière, glaner plus d'informations sur la structure de chocs
déterminés par (3.8).
Question A-t-on toujours existence de À et v
solutions de (3.6) et (3.7) ? Intégrant (3.6), on
obtient :
(3.9) vÿ = f (v) -- Àv
+ cte, (cte = constante de
Rn).
On conclut en fonction de (3.7), que :
(3.10) f(u ) -- Àu
+c=f(u+) --
Àu+ +c d'où
(3.11) f(u )
--f(u+) =À(u
--u+).
Au vu de (3.7), (3.10) et (3.11), (3.9) devient
(3.12) vÿ
=f(v)--f(u
)--À(v--u )
où u est donnée et en supposant la
construction d'une onde mobile joignant u à
u+. De (3.11), on voit que
nécessairement u+ E Sk (u ) pour
tout k E {1, ..,n} et À =
À(u ,u+).
Théorème 3.1. (Existence d'ondes mobiles pour les
systèmes vraiment non- linéaires). On suppose le
couple (Àk, dk) vraiment non-linéaire
Soit u+ choisi suffisamment proche de
u . Alors il existe une onde mobile solution de (3.2) joignant
u+ à u si et seulement si
(3.13) u+ E Sk
(u ) pour tout k E {1, .., n}
Preuve. 1- On suppose À et v solution de
(3.6), (3.7).
Alors nécessairement u+ E Sk
(u ) pour 1 = k = n, À = À
(u , u+). Soit
G(u)=f(u) --
f(u )--À(u -- u ),
(3.12) s'écrit alors :
(3.14) vÿ = G(v) et on :a
G (u ) = G
(u+) = 0.
D'après (3.11), on a :
DG (u ) = Df
(u ) -- ÀI
et les valeurs propres de DG au point u sont
{Àk (u ) -- À}1=k=n. Avec les
vecteurs propres de droite et de gauche correspondants
(u )
{dk, gk}1=k=n , dk
= dk (u ) , gk = gk
2- Dès que u+ E Sk
(u ) et |u+ -- u | très
petit, on sait d'après le théorème 2.2-(iii) du chapitre 2
que:
1 [Àk (u+) + Àk
(u )] + 0 (u+ -- u 2)
À = 2
ainsi
[Àk
Àk (u ) -- À
= 1 (u ) -- Àk (u+)] + 0
(u+ -- u
2).
2
Afin qu'il y'ait une orbite de
l'équation différentielle (3.14) joignant
u (quand s = --oc) à
u+ E Sk (u ) (quand s
= +oc), on doit nécessairement avoir
Àk (u ) -- À > 0; par
ailleurs la trajectoire ne pourrait converger vers u
quand s ? --oc. Ainsi si |u+ -- u |
est assez petit,
(u ) .
Àk (u+) < Àk
(u ) u + E Sk
3- La preuve de la suffisance de (3.13) est admise Le
résultat du théorème 3.1 utilise la condition de non
linéarité du couple (Àk, dk), mais le
théorème reste vrai en général à
condition d'introduire une variante appropriée de la condition
d'entropie de Lax.
Supposons à present u+ E Sk
(u ) pour un certain 1 = k = n et en outre
(3.15) À (u, u ) > À
(u , u+) ,
pour chaque u compris entre
u+ et u et appartenant à la courbe Sk
(u ).
Remarque 3.1. (3.15) est la condition d'entropie de
Liu, cette condition peut encore être motivée par la recherche des
ondes mobiles du système (3.2).
Supposant u donné, alors si
|u+ -- u | assez petit, ceci implique
qu'il existe une onde mobile uå
(t,x) = v (x ët) , v
résolvant (3.6) et (3.7) si et seulement si (3.15) est satis-
å
faite.
Nous allons à présent, à travers un exemple,
montrer une application. Exemple 3.1. considérons le
p-système :
{ u1 t -- u2 x = 0 (
compatibilité mathématique) (3.16) u2
t -- p (u1)x = 0 (loi de
Newton)
Sous la condition de stricte hyperbolicité
(3.17) pÿ > 0,
notre investigation portera sur l'existence d'ondes
mobiles, solutions du système
régularisé :
{ uE,1
t -- uE,2
(3.18) x = 0 .
uE,2
t -- p
(uE,1)x =
åuE,2
xx
Notons que nous avons ajouté les termes de
viscosité seulement dans la deuxième équation
(physiquement valable), comme la première
équation de (3.16) n'est seulement qu'une
condition de compatibilité mathématique. Supposons
que
ux -- ót
uE = v
å
est une onde mobile solution de (3.18), avec
(3.19) lim
s?-00
|
v=u-, lim
s?+00
|
v=u+ et lim
|s|?+00
|
vÿ =0.
|
Ecrivant v = (v1,v2) ,partant
de (3.18), on a :
u
½ --ó ÿv1 --
ÿv2 = 0 . = d
--ó ÿv2 --
p(v1). = ·v2 ds
En intégrant ce système et
utilisant (3.19), on a :
½ óv1 + v2 =
óv- 1+ v-
(3.20) ) -- p (v1) = ó
v+
2 = óv+ 1 + v+
2
ÿv2 = ó v- 2 --
v2 ) + p v- ) + p v+ ) -- p
(v1) ,
2 -- v2
1 1
I ) I
- - - + + v+ ) . En particulier,
2
óv-1 + v- 2 =
óv+ 1 + v+ 2
pour u
{
) = óv+
óv- 2 + p v- 2 +
p v+ ) .
1 1
Résolvant ces équations, on obtient :
(3.21) ó2 = p (v+ )
-- p (v- )
1 1 .
v+ 1 --v- 1
Supposons à présent v+ 1 >
v-1;alors au vu de (3.17), on peut prendre
ó > 0. Dans cette situation, la condition
d'entropie de Liu, encore appelée la condition d'entropie d'Oleinik
devient :
p(z1) - p (v- )
1
z1 - v 1 -
p (v+ ) - p (v- )
1 1
> v+ 1 - v-1
Pour tout z E Sk (u-) entre
u- et u+, z =
(z1, z2). Nous pouvons à présent
affirmer que le système
d'équations différentielles (3.20), avec les
conditions aux limites (3.19), a une solution si et seulement si
l'inégalité précédente est
vérifiée. Pour vérifier cela, combinons les deux
équations de (3.20) pour éliminer
v2.
(3.22) ÿv1=
|
p(v1) - p (v- )
1- ó (v1 - v-
) := g (v1)
1
ó
|
g (v- ) = 0 et g (v+ ) = 0,
s'accordant à (3.21). Ainsi, partant du fait que (3.22) a une
1 1
solution, avec
lim
8-4-00
|
v1 = v-1,
lim
8-4+00
|
v1 = v+ 1 ,
|
on a g (z1) > 0 pour v- 1
< z1 < v+ 1 . Mais ceci est précisement la
condition d' entropie précédente. Pour le cas v+ 1
<v- 1, on procède de la même
façon que précédemment.
|