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Les enjeux environnementaux, économiques, sociaux et politiques de l'accès à l'eau dans l'agglomération de Lima et plus spécialement dans les quartiers dits « asentamientos humanos », quel avenir pour une ville assoifée ?

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par Claire Gaillardou
UFR de Géographie Bordeaux III - DEA de géographie, mention développement, sociétés et cultures 2007
  

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II-3 L'utilisation de la démarche participative dans les projets de développement

-Qu'est ce que la démarche participative ?

La démocratie participative se définit comme l'implication des habitants dans les processus de préparation, de conception et de réalisation d'un projet urbain. Cependant, intégrer un nouvel acteur dans les prises de décision nécessite une réflexion sur l'articulation entre les idées, les avis et les actions des différents protagonistes, afin de garantir la cohérence des actions. Cette notion concerne donc à la fois la participation des habitants mais également la coordination des acteurs. Actuellement, la gestion des projets urbains est impensable sans une démarche participative alliant organisations privées, publiques et population. Selon, Guy BESSETTE1, la communication participative est un outil de travail efficace qui peut faciliter les processus de développement communautaire et de recherche pour le développement. Elle vise à faciliter la participation de la communauté à leu propres initiatives de développement grâce à l'utilisation de diverses stratégies de communication.

Elle permet aux habitants de se sensibiliser aux problèmes urbains, d'acquérir des compétences et aux acteurs - initiateurs du projet de communiquer avec les autres acteurs et de coordonner leurs actions.

Elle se compose d'une multitude d'enjeux qu'il est utile de présenter avant de poursuivre la recherche :

-Enjeux de la démocratie participative :

> Démocratie participative et gestion des conflits : impliquer les habitants dans

l'aménagement du territoire permet souvent de gérer des conflits pouvant exister entre divers groupes, associations, habitants. L'utilisation de la démarche participative a contribué à la diminution les tensions entre les individus.

Cependant, elle peut également créer d'autres désaccords jusque là inexistants qu'il s'agit de régler.

1 BESSETTE, Guy, 2004, Communication et participation communautaire, Guide pratique de communication participative pour le développement, Laval : Les Presses de l'Université Laval, centre de recherche pour le développement international, 131 pages.

> Démocratie participative et coordination des actions : la démocratie participative suppose la coordination des interventions entre une multitude d'acteurs. Parfois, les actions et les compétences se superposent et s'enchevêtrent. Une bonne définition des compétences est donc nécessaire pour mener à bien le projet.

> Démocratie participative et implication des citoyens : L'implication des citoyens est le point clef de la démocratie participative. Le citoyen n'est plus considéré comme un agent, déterminé par des structures supérieures mais comme acteur de la ville, de son propre développement. Il faut savoir comment l'impliquer et quel degré donner à son intervention. En effet, dans un projet, on peut choisir seulement d'informer la population, la sensibiliser, la consulter ou encore de la faire participer pleinement.

Photo 35 : Comité d'oeuvre de Las Flores à Huachipa, lors d'une séance de formation à la
gestion :

Source : Auteur.

> Démocratie participative et capital social : La démocratie participative permet souvent d'augmenter considérablement le capital social de chacun des acteurs. Le « capital social » s'appuie sur l'existence de relations sociales qui permettent d'obtenir, individuellement ou collectivement des bénéfices importants. L'interaction d'un grand nombre d'acteurs lors des projets urbains permet à chaque acteur d'accroître son volume de connaissances relationnelles.

> Démocratie participative et élus: La démocratie participative devient un enjeu

primordial pour les élus car elle leur permet d'accroître leur visibilité auprès des citoyens. Elle participe fortement au rapprochement des élus avec les citoyens. Elle accompagne toutes les actions des collectivités locales et a pour but d'améliorer les relations entre ces 2 acteurs. Cependant, elle se traduit généralement, et comme on va le voir plus loin par une perte de légitimité des représentants d'institutions publiques.

> Démocratie participative et ONG: Les ONG se montrent souvent beaucoup

plus compétentes pour mettre en marche une démarche participative dans les projets de développement. Cela est un avantage des ONG par rapport aux institutions publiques. En outre, ces 2 acteurs n'ont pas les mêmes enjeux territoriaux, la position neutre des ONG facilite la communication avec la population contrairement aux élus qui se heurtent à des problématiques plus politisées.

> Démocratie participative et la notion de temps: Mettre en place une démarche

participative demande du temps. Elle nécessite une certaine disponibilité des habitants et des acteurs, ce qui n'est pas toujours facile. Le succès de ce genre de projet est du en partie à la grande disponibilité de la population, en particulier des femmes.

En outre, il est plus aisé d'impliquer les populations dans les projets à court terme où le résultat est rapidement et concrètement observable que sur des projets à long terme dont les effets sont diffus et complexes.

> Démocratie participative et échelle territoriale: Il existe une corrélation entre les

échelles spatiales et temporelles. De manière générale, le niveau d'implication du public dans les projets, programmes ou politiques dépend de l'échelle territoriale à laquelle ils se situent. Sur les projets régionaux, les pratiques dépassent rarement l'information du public, tandis qu'au niveau de leur quartier, la participation active des habitants n'est pas si rare.

> Démocratie participative et « bonne gouvernance »: La démocratie

participative est le fondement même de la « bonne gouvernance » des villes. Cette notion se base sur l'idée centrale que la ville ne doit plus être gérée par une communauté d'experts mais par l'interaction de ces experts avec la société civile. En effet, l'implication des habitants et l'intervention d'une multitude d'acteurs permettent un plus grand contrôle des décisions politiques. Elle limite les abus politique et la gestion clientéliste de beaucoup des

gouvernements locaux. La société civile devient alors un nouveau partenaire de développement. En réalité, la « bonne gouvernance » des villes est difficilement applicable au concret. Elle doit être considérée comme un idéal autour duquel toutes les actions et décisions doivent converger. Elle assure la durabilité d'une action et/ou d'un projet.

-Etude de l'impact de la stratégie participative dans l'élaboration d'un projet:

Elle concerne les quartiers de Los Topacios, Los Jardines et La Huerta, sur la commune de Nieveria et a débuté en 2001. Ce projet a été financé par la communauté de Madrid, en étroit partenariat avec le CESAL. Il a consisté à la construction d'un puit tubulaire de 70 mètres de profondeur et d'un réservoir élevé de 50 mètres cubes. L'encadrement de toute la partie technique a été réalisé avec l'aide d'ingénieurs de l'ONG CENCA, et les travaux ont été réalisés par les habitants. « Toute la main-d'oeuvre venait de la communauté », témoigne Sara Flores, coordinatrice du projet au CESAL. Afin d'assurer la pérennité du projet par la population, un Comité d'Ouvre (Comité de Obra), a été nommé, comprenant une dizaine de membres volontaires de la communauté. Ces membres ont été formés sur l'aspect technique par le CENCA pour toutes les questions de maintenance, et par le CESAL sur les mesures de gestion et de fonctionnement du comité.

-Démocratie participative au service du développement durable :

La durabilité est une composante importante de la définition de développement participatif. Une gestion concertée et transparente d'une ville et/ou d'un projet urbain permet la pérennisation de l'équipement mis en en place et la reproductibilité du projet.

Dans le contexte du développement participatif, la durabilité n'implique pas qu'une activité donnée puisse être poursuivie indéfiniment sans changement. Au contraire, elle signifie que des populations (individus ou groupes) atteignent un stade d'indépendance qui leur permet de poursuivre leurs activités courantes et d'affronter les changements avec une autonomie relativement grande.

La durabilité nécessite donc des ressources, du savoir-faire, des qualifications, une certaine façon d'envisager l'avenir, de la confiance en soi et la possibilité de favoriser des relations sociopolitiques et économiques.

Ces objectifs sont au coeur du travail de terrain à la fois du CIDAP à Lomas de Carabayllo et du CESAL à Huachipa, et c'est en cela que l'on peut dire que leur démarche d'action est au service d'un

développement durable, dans le sens ou les projets ont été totalement appropriés par les habitants, de la prise de décision à la maintenance, dans un respect de leur environnement et de leurs culture.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo