III L'accès a l'eau, stigmate et facteur des
inégalités
sociales
"La bataille pour l'eau et l'assainissement devra être
livrée dans les établissements humains, notamment dans les
bidonvilles et quartiers d'habitats précaires qui ne cessent de
progresser dans les zones urbaines des pays en développement." (Mme Anna
Tibaijuka, directeur exécutif du programme des Nations Unies pour les
établissements humains)
III-1 Les asentamientos humanos exclus du partage de l'eau
Lorsque l'on parle d'inégalités par rapport
à l'accès à l'eau à l'échelle de la
capitale, on se pose la question suivante : qui a de l'eau et qui n'en a pas ?
Dans quels quartiers peut-on se permettre d'arroser de manière
démesurée les espaces verts et terre-pleins (Cf. Photo 16), et
dans quels quartiers
doit-on économiser la moindre goutte pour sa
consommation et son hygiène personnelle ? Afin de répondre
à cette question nous allons étudier la consommation quotidienne
par personne et par district à l'échelle de Lima
Métropolitaine. Tout d'abord, on remarque qu'une logique
centre-périphérie domine nettement sur les degrés de
consommation d'eau de chaque habitant dans les districts. De manière
exponentielle, plus on s'éloigne vers les périphéries des
cônes d'urbanisation Est, Nord et Sud, et plus la consommation chute.
Plusieurs couronnes quasi-homogènes se distinguent. La première
correspond aux districts les plus aisés et dynamiques du centre,
Miraflores, Jésus Maria, San Isidro, qui sont des quartiers
internationaux et d'affaire mais aussi résidentiels pour les classes les
plus aisées. En moyenne, la consommation quotidienne d'un habitant de
ces quartiers dépasse aisément les 300 litres d'eau par jours.
Photo 16 : Dans le district de Miraflores, irrigation
à grande eaux d'un terre plein central :
Source : Auteur.
Puis se forme une seconde couronne qui intègre tous les
districts du centre ainsi que les districts de Santiago de Surco et La Molina.
La consommation quotidienne y est comprise entre 150 et 300 litres par
habitants.
Le troisième groupe de districts, dont les habitants
consomment entre 80 et 150 litres par jour est composé des districts les
moins excentrés des trois cônes périphériques, ainsi
que du district de Santa Rosa au Nord. Enfin, une dernière couronne
réunit tous les districts périphériques de
l'agglomération métropolitaine de Lima. Leurs habitants ont une
consommation réduite, comprise entre
4 et 80 litres par jours. Ce sont donc à
l'évidence, les « asentamientos humanos» qui ont la
consommation la plus moindre.
Le degré de consommation de la population est en
évidente relation avec le raccordement ou non de leurs districts au
système d'approvisionnement en eau du réseau de la SEDAPAL.
Ainsi, comme on pouvait s'en douter, les districts desservis par le
réseau SEDAPAL sont ceux qui consomment le plus d'eau.
Les habitants du centre, presque tous reliés au
réseau de l'entreprise publique sont les plus grands consommateurs alors
que les populations des districts en marge du réseau ont une des
consommations les plus basses de la métropole.
Il y a donc une corrélation importance entre
l'accès au réseau et la consommation en eau, cependant elle n'est
évidement pas suffisante pour expliquer le phénomène
d'inégalité d'accès. Pour cela, il faut se pencher sur les
particularités socio économiques des quartiers
périphériques ainsi que sur la question du prix de l'eau, que
nous allons aborder maintenant.
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