Il-La SEDAPAL, une entreprise nationale prise entre
l'étau
de la rentabilité et de l'intérêt
social
II-1 Création et statuts de l'entreprise
-Statuts et fonction de l'entreprise :
La SEDAPAL -Servicio De Agua Potable y Alcantarillado de Lima-
est une entreprise étatique de droit privé,
propriété intégrale de l'Etat, à la charge du
Ministère du Logement, de la Construction et de l'Assainissement. Elle
bénéficie d'une autonomie totale tant au niveau technique,
administratif et économique que financier. Ses services sont de
nécessité et d'utilité publique et d'intérêt
social. Actuellement, la zone géographique de responsabilité de
la société pour la prestation des services d'assainissement
regroupe la Province de Lima et la Province Constitutionnelle de Callao.
Officiellement, sa mission consiste à l'amélioration de la
qualité de vie de la population de Lima, à l'administration
efficace des ressources en eau, et au traitement adapté des eaux
usées afin de préserver l'environnement de la capitale
péruvienne.
-Construction historique du statut de la SEDAPAL :
C'est le 21 décembre 1578 que l'eau arrive pour la
première fois à la fontaine de la Plazza Mayor, mais il faut
attendre 1855 pour voir la création d'une entreprise d'eau potable
à Lima. SEDAPAL a beau naître officiellement au lendemain du
retour à la démocratie sous la présidence de Fernando
Belaunde, le 12 juin 1981 (et former avec les autres entreprises existantes
à Arequipa et Trujillo, et la Direction Générale des
Travaux Sanitaires du Ministère du Logement SENAPA, l'entreprise
mère propriétaire des actions et des trois filiales), il nous
faut retenir essentiellement la date de 1962, année de formation de la
première entreprise d'assainissement avec une autonomie administrative
et financière. En conséquence, aujourd'hui, la mission de SEDAPAL
est d'étendre le réseau d'eau à l'ensemble de la
communauté liméenne, et ce, tout en essayant d'avoir une balance
économique la plus saine possible, ce qui n'est pas chose aisée
vu les conditions de crise économique que traverse le Pérou
depuis quelques décennies.
II-2 Projets et politiques de la compagnie
- Une plus grande préservation des ressources
souterraines...
Comme nous l'avons vu dans la première partie, la
santé des nappes phréatiques liméennes est loin
d'être bonne. C'est pour cette raison que la SEDAPAL n'a pas eu d'autre
choix que d'adapter sa politique d'approvisionnement à ce
problème, en privilégiant les eaux de surfaces.
Depuis 1970, la quantité d'eau acheminée
à Lima a plus que doublé, passant d'un peu moins de 300 millions
de m3 à plus ou moins 650 millions par an. Mais alors que pendant les
années 70 et 80, le but essentiel était la production d'eau,
celui-ci s'est légèrement infléchi dans la décennie
suivante. Certes la mission première est l'acheminement toujours plus
important du liquide vital mais l'idée de développement durable a
fait son chemin dans les têtes, et les conséquences pour l'avenir
des politiques présentes sont prises en compte. Ainsi, l'exploitation
des sources de surfaces est préférée aux autres
alternatives qui ne doivent être utilisées que comme
compléments ou en cas de crise du système principal
d'acheminement. En effet, alors que plus de 40% de l'eau acheminée dans
la capitale provenait de l'exploitation des galeries d'infiltration ou des
pluies en 1980, ce chiffre est retombé à 25% en 2002. Le rapport
des forces évolue en faveur des sources de surface, mais il est bien
plus significatif de montrer que la production via les sources alternatives
diminue même en absolu. Aujourd'hui ; seulement 165 millions de m3 d'eau
par an sont prélevés des galeries d'infiltration, et des puits,
représentant un peu moins de 80% des prélèvements
opérés sur les mêmes sources deux décennies plus
tôt.
- ...passant par la potabilisation des eaux de surface
La production d'eau potable issue des eaux de surfaces concerne
deux cours d'eaux : le Rio Chillon et le Rio Rímac.
Le processus de traitement du Rio Rímac est
réalisé dans deux usines de traitement, localisées sur le
site de La Atarjea. La Atarjea signifie le « conduit qui porte les eaux au
réservoir fournissant la population ». Ce site, situé
à l'est de la ville, entre les districts de San Agustino et Santa Anita,
proche des rives du Rímac, à 6 kilomètres de La Plaza
Mayor de Lima et au pied des cerros Santa Rosa et Quiroz. Historiquement, c'est
dans ce lieu où la nature offrait à l'homme une eau cristalline,
que venaient s'approvisionner en eau les premiers habitants de Lima. Depuis son
existence la compagnie
des eaux de la ville s'appui principalement sur ce site, et on
y trouve les deux usines de traitement, construites entre 1955 et 1994,
à l'intérieur d'une aire de 315 hectares, hautement
surveillée et qui fait la fierté de la SEDAPAL.
La première usine est constituée de 36 filtres
de type Aquazur de 100m2 chacun. Ces filtres sont lavables (au moyen de
pulvérisation d'eau et d'air comprimé) et sont
équipé de régulateurs qui réalisent la distribution
d'eau de manière automatique. L'usine est composée de deux
batteries de filtres et d'un réservoir en béton armé d'une
capacité de 1000 m3.
La seconde usine a été crée en 1980
à coté de la première et sur le même modèle
et dans un but de réduction du captage des eaux souterraine puisque
l'eau qu'elle produit couvre certaines zones initialement desservies par des
puits. Devant la croissance démographique et urbanistique énorme
des années 90, ces usines n'ont plus assuré une production
suffisante. Conséquemment, des travaux ont été
réalisé, financés par la SEDAPAL (à 60%), par des
donations du gouvernement français (7.3%), un apport du Fond National de
l'Habitat -FONAVI- (8.5%) et du Trésor Public (24.2%). Ainsi
actuellement la capacité totale de ces deux usines est de 20m3 par
seconde (hors de la période d'étiage ou elle est
considérablement réduite) et bénéficie selon la
SEDAPAL à 6 386 308 millions d'habitants (selon les données du
9ème recensement de la population et de l'habitat de
1993).
Photo 15 : Usine de traitement de La Atar4ea :
Source : SEDAPAL.
- A plus long termes, de grands projets en marche :
« Lima a un déficit énorme entre
l'approvisionnement et la demande ; les projections officielles disent que
celui-ci sera plus grand dans le futur ». Juan Carlos Barandiaran, ex chef
de projets de Sedapal.
Pour faire face à cette constatation
inquiétante, la SEDAPAL souhaite mettre en oeuvre une série de
projets titanesques afin d'acheminer l'eau en plus grande quantité vers
la capitale. Pour aborder le problème, l'entreprise SEDAPAL a
prévu divers projets de transvasement d'eau entre des bassins
situé au pied des Andes. Il est traité dans sa majorité de
transvasements d'eau du bassin de la Rivière Mantaro vers celle du
Rímac, ainsi que de Jacaybamba, dans le bassin ce qui est Criard, et
d'un barrage de Manchay dans le bassin du Lurín. Ces travaux
coûtent des sommes astronomiques qui accroîtront un peu plus la
dette de l'entreprise. Le Gouvernement d'Alan García essaye par
conséquent d'obtenir les fonds nécessaires du secteur
privé à travers des participations des projets
spécifiques, sans que son discours contre les privatisations des
services essentiels soit altéré. C'est en effet la Japan Bank for
International Cooperation (JBIC) qui avancera les deniers à l'entreprise
publique péruvienne. Cependant ces dépenses semblent être
la meilleure alternative à la surexploitation de l'aquifère
liméen.
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