Section 3 : les difficultés du Oui et le
caractère structurel du Non
Les difficultés du camp du « oui »
s'expliquent par de trop nombreuses raisons : une conjoncture économique
défavorable ; un gouvernement impopulaire ; la multiplication des
dissidences en faveur du « non » , mais aucune dissidence en faveur
du « oui » issue des
partis appelant à voter « non » ; l'existence
d'un texte dont chacune des lignes pouvait être
contestée, mise en doute, voire manipulée tandis
qu'il n'y avait aucun texte auquel comparer
le traité, les partisans du « non » n'ayant
pas pu ou voulu tenter l'exercice difficile de la
proposition, à l'exception de Laurent Fabius,
désireux de retirer la troisième partie, celle
qu'aucun résultat ne pouvait remettre en cause.
A toutes ces raisons il faut ajouter un temps de parole
distribué sans considération du critère objectif de la
représentativité électorale. Le principe du 50/50
répondant au choix binaire« oui » ou « non » a
impressionné les médias audiovisuels. Ils ont peu à peu
cédé à sa logique simpliste et d'apparence implacable.
C'est ainsi que des formations politiques dont le poids
électoral est marginal, les partis d'extrême gauche et le Parti
communiste, ont réussi le tour de force d'accéder à un
temps d'antenne presque équivalent à celui des formations
parlementaires.
Le souci de la parité aura été tel que le
CSA a pu demander aux médias
audiovisuels d'accorder un temps de parole aux minoritaires en
faveur du « non » issus des
partis défendant le « oui ».
L'inverse n'ayant pas existé, le camp du «
non » s'en est trouvé renforcé. A l'occasion des grands
débats télévisés opposant les partisans du «
oui » aux tenants du « non », les différentes
chaînes, placées sous la contrainte de la parité,
octroyaient ainsi le même temps de parole à des partis qui
rassemblaient, ensemble, lors des élections législatives de juin
2002 environ 24% des suffrages exprimés et à ceux partis qui
réunissaient, ensemble, près de 70 % des suffrages
exprimés.
Malgré cet immense gâchis,
malgré ses conséquences encore largement imprévisibles, il
existe au moins une raison de ne pas désespérer. Selon Ipsos, 72%
des électeurs déclarent être« tout à fait ou
plutôt favorables à la poursuite de la construction
européenne ». Si cette adhésion est presque
générale parmi les électeurs du « oui » (97%),
elle est également majoritaire parmi les électeurs du « non
» (57%).
Nombreux sont les Européens qui éprouvent
aujourd'hui un sentiment de découragement devant ce paysage
dynamité. Il faudra de longs et patients efforts pour tenter de
réparer les immenses dégâts. Tout est possible, à
condition de recommencer sans attendre.
Résultats définitifs (selon le Conseil
constitutionnel Français )
Non
54,67% (des suffrages exprimés)
Oui
45,33% (des suffrages exprimés)
Blancs et nuls 2,52% (des
votants)
Abstention 30,63%
(des inscrits)
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