d) L'encyclopédie comme
modèle d'écriture
Le feuilleton appartient à la science-fiction,
très productive de néologisme, sur la version PDF, il
était annoncé par « passion dans l'espace ».
Zach est un spationaute qui effectue des pérégrinations dans
l'espace. La première page concernant l'épisode nous
présente deux planètes, les images nous transportent vers deux
fiches encyclopédiques, avec pour tire « encyclopédie
des spaciobleds fiche n° 456-290» et la « fiche
n°456-289 ». Le néologisme spaciobled est un mot
construit composé formé en français du préfixe
spacio- et du nom commun bled. Le préfixe spacio- est formé par
analogie sur le modèle de spationaute. Le fait que le graphème
« t » ait été remplacé par
« c » lui alloue une filiation morphologique avec
« espace », au sens de l'univers intersidéral. D'un
point de vue phonétique le remplacement de la lettre n'influe pas sur la
prononciation du mot puisqu'ils correspondent au son [s]. Le morphème
lexical « bled » est un emprunt à l'arabe
maghrébin, signifiant dans la langue source, « terrain,
pays ». Il a connu une extension de sens et notamment une
péjoration dans la mesure où il désigne un lieu
isolé, offrant peu de ressource. Il appartient d'une part au langage
familier, à l'argot. Le sens originel de l'emprunt n'est plus visible,
il a ainsi perdu sa référence à la langue source. Il
désigne métaphoriquement ici un lieu perdu dans l'espace, une
planète. Les vignettes introduisant l'encyclopédie sont
intitulées « spaciojunk ». Un
« junk » est un emprunt à l'anglais qui signifie
« bric-à-brac, vieilleries... » Deux fiches nous
sont proposées : « megavega », mot construit
composé semi-savant du préfixe grec mega, morphème lexical
qui signifie grand ou un million de, et du nom propre vega, qui est une
étoile de la constellation de la lyre. Le second article s'intitule
« serulix », véritable néologisme car il
n'est lié à aucune source identifiable. Il est peut-être
à mettre en relation par sa terminaison, en « ix »
avec des personnages comme « Astérix », ou plus
réel « Vercingétorix » :
MEGAVEGA (WXT-459 / MZ 016)
§ population: 1.253.000
§ ressources: chasse et commerce d'une espèce
animale locale dont les ventouses sont comestibles et dont le poil,
après traitement, sert à fabriquer un textile soyeux et
résistant.
§ climat: orages permanents.
§ lieux à visiter: le tombeau de
Verminagérix II, le musée de la mode spatiale, le Cratère
du Silence et son panorama inoubliable.
§ particularités: vie nocturne très
animée
SERULIX (WXT-459 / MZ 016)
§ population: 67
§ ressources: allocations octroyées par le Fonds
d'Aides Humanitaires Intercosmique dans le cadre du programme de Recherches
Phase 3. - top secret -
§ climat: pluies de stalactites souffrées en
hiver, cyclones en été..
§ lieux à visiter: la Big Red Beach,
célèbre pour la taille de ses crabes (2 m. de haut, 100 kg).
§ particularités: production par les habitants
d'un alcool délicieux, à base de décoctions de pattes de
crabes.
Les entrées ci-dessus reprennent la
microstructure de l'encyclopédie, cinq sous catégories
descriptives nous présentent ces deux pays : population, ressources,
climat, lieux à visiter, particularités. Elles oscillent entre
encyclopédie, guide touristique et enfin indication de vol. Les
situations appartiennent à des non-situation, des non lieux en rapport
avec la science fiction. Les deux fiches s'opposent
« megavega » planète riche et importante comme le
préfixe « mega » l'indique peuplé de plus
d'un million d'habitants, alors que « serulix » n'en a que
67. Les situations jouent sur la dialectique fiction invraisemblable et
réel comme par exemple, le « fond d'aide humanitaire
intercosmique », « la chasse et le commerce »,
« la vie nocturne très animée » peuvent
appartenir à des situations réelles. Elle joue donc sur
l'ambiguïté, la dichotomie entre possible et impossible. Ces deux
définitions comme la plupart des autres définitions
étaient introduites par des images ce qui nous amène aussi
à considérer les liens de types multimédia ou plus
précisément les liens hypermédias.
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