La Littérature Hypertextuelle, analyse et typologie( Télécharger le fichier original )par Aurélie CAUVIN Université de Cergy Pontoise - Maitrise de lettres Modernes 2001 |
b) L'étymologieSur la version en ligne et sur la version papier, l'auteur nous donne une définition, fondée uniquement sur l'étymologie : maquereau : du moyen néerlandais makelear , courtier. Cette définition se fonde sur la source, l'origine du mot. Cependant le dictionnaire étymologique et historique paru chez Larousse ne fait apparaître ni la date, ni le siècle d'apparition du mot. Cette définition est corrélée à deux textes, le premier en ligne265(*), le second sur la version numérique266(*). Elle est dans le premier passage relative au personnage de Ramon, dans la seconde :
Selon déborah, le métier de serveuse était plus agréable autrefois, quand sa mère l'exerçait. À cette époque, les pourboires était royaux et les clients plus polis qu'aujourd'hui. - Figurez vous qu'un jour ma mère a reçu des fleurs d'un client, pour son anniversaire. D'un point de vue typographique elle reprend la microstructure du texte originel : l'entrée est en gras, suivit du signe « : », vient ensuite l'étymologie composée de la langue d'emprunt « du moyen néerlandais », de l'étymon « makelaer » en italique, et de sons sens premier, dans la langue source : « courtier ». L'emprunt se définit ainsi : on parle d'emprunt linguistique quand un parler A utilise et intègre une unité linguistique, un mot ou le sens d'un mot d'un parler B dit langue source. Dans ce cas précis la langue source est le moyen néerlandais, et la langue cible le français. Pour éviter toute confusion entre le maquereau, le poisson, et le maquereau, les dictionnaires courants (petit Larousse) et (petit Robert), effectuent ce que l'on appelle le dégroupement homonymique. En effet les deux morphèmes lexicaux sont homophones et homographes, ils font l'objet de deux entrées distinctes, pour expliquer que ce n'est pas un mot qui a deux sens mais que ce sont deux entités lexicales. · Le rôle de la définitionSur la version en ligne, la définition est associée au personnage de Ramon, dans la relation sémantique nom propre / attribut, qualification. Il y a donc une entité nommée à laquelle on attribue une fonction. La version numérique n'échappe pas non plus à ce mécanisme, mais alors que nous avions un personnage doué d'un prénom, il s'est transformé en « client », nom commun précédé d'un article indéfini, non explicite. Il passe du statut de client, généralement anonyme, au statut de maquereau. En rapport avec l'étymologie que l'auteur nous invite à lire, faut-il comprendre que le client est courtier ou qu'il est maquereau ? La synonymie entre maquereau et courtier est ainsi partielle, elle joue sur la différence d'intensité. L'auteur joue sur l'implicite, en effet le terme de maquereau signifie « homme qui vit de la prostitution des femmes ». Elle fonctionne sur le décalage de niveau de langue, courtier étant moins connoté que maquereau. Le jeu de mot fonctionne sur l'idée que le lecteur se fait du mot le référé, et son sens premier. La seconde partie de la définition est elliptique. Au regard du signe linguistique, association signifiant - signifié, le signifiant « maquereau », associé au signifié « courtier », qui est la réalité conceptuelle que les dictionnaires et locuteurs décrivent en produisant une définition sous la forme d'une combinaison de signes qui reconstruit ce signifié. Le signifié est distinct des éléments de la réalité, le référent. Ramon et le client sont donc les deux référents de maquereau et de la réalité qu'il désigne, car ils appartiennent au discours, au texte. * 265 www.anacoluthe.com/bulles/apparitions/inquietantes/fleurs.html#1 * 266 Anne-Cécile Brandenbourger, Apparitions inquiétantes [format PDF], Paris, 00h00.com, « collection 2003 », 8 février 2000, pp 82-83 |
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