I.3. Les déterminants de la pauvreté au
Cameroun
Plusieurs facteurs déterminent la pauvreté au
Cameroun. Aux déterminants naturels et économiques, s'ajoutent
les déterminants socioculturels.
I.3.1. Les déterminants naturels de la
pauvreté au Cameroun
Sur ce plan, les principaux déterminants de la
pauvreté au Cameroun sont, selon le PNUD, les disparités
régionales en ressources naturelles. A cela s'ajoute l'enclavement de
certaines régions.
Pour le cas des disparités régionales, le
Cameroun est dans l'ensemble bien fourni en ressources naturelles, tant sur le
plan hydro-agricole que géologique. Cependant, la répartition
spatiale de ces ressources est très inégalitaire. De ce fait, le
potentiel de développement, et donc la vulnérabilité ou
non à la pauvreté est très contrastée d'une
région à l'autre.
Des consultations participatives qui ont permis de mieux
cerner les facteurs de pauvreté tels que perçus par les pauvres,
il ressort que l'enclavement de certaines régions en matière de
routes et de pistes rurales est l'une des causes majeures de la
pauvreté. Cet enclavement nuit à la capacité des
populations desdites régions d'évacuer leur production vers les
marchés, ou de s'approvisionner à des coûts raisonnables.
Plus généralement, cette préoccupation rejoint celle de
l'accès des populations aux infrastructures de base.
I.3.2. Les déterminants économiques
de la pauvreté au Cameroun
Ces déterminants s'expriment à deux niveaux :
l'un exogène et l'autre endogène.
I.3.2.1. Les déterminants exogènes
Le Cameroun, à l'instar de la plupart des pays en voie
de développement, a une « économie fortement ouverte ».
L'évolution de l'environnement international et les aspects des
relations économiques ont des répercussions significatives sur le
comportement de certains indicateurs socioéconomiques. Ainsi, la
dégradation des termes de l'échange qui est intervenu à la
seconde moitié de la décennie 1980 et qui a constitué un
facteur d'appauvrissement du pays, a conduit à un alourdissement de la
dette extérieure, dette contractée pour compenser la chute
drastique des recettes d'exportation.
I.3.2.2. Les déterminants
endogènes
Pour lutter contre la crise économique
déclenchée au milieu des années 80, le gouvernement a
adopté dans le cadre du programme d'ajustement structurel et sous
l'égide des bailleurs de fonds internationaux, des politiques
macro-économiques dont le but premier était la stabilisation des
finances publiques.
Le gouvernement a mis en oeuvre une politique de rigueur
budgétaire qui a eu des effets sur les services sociaux de base (eau,
éducation, santé, etc.) et a réduit
considérablement les revenus des employés de l'Etat. La
re-structuration des entreprises des secteurs publics et parapublics, et la
sévérité des difficultés économiques dans
plusieurs entreprises privées ont provoqué un chômage
massif. Certaines politiques sectorielles ont eu pour conséquence de
fragiliser la situation sociale des travailleurs et de dégrader les
conditions de vie des populations.
La libéralisation des filières agricoles est
aussi ressentie par les populations comme l'une des causes de la
pauvreté. Ses effets négatifs les plus dénoncés
sont l'absence d'encadrement des planteurs, la hausse des prix des intrants, la
pratique des bas prix d'achat aux planteurs.
I.3.3. Les déterminants socioculturels de
la pauvreté au Cameroun
A côté des déterminants naturels et
économiques de la pauvreté, se trouvent d'autres types d
éléments qui, sans toutefois être mesurables ou
quantifiables, sont à l'origine de la pauvreté au Cameroun.
Au nombre de ces éléments se recensent la perte
des valeurs morales, l'absence de la considération sociale, la perte de
la solidarité familiale, les pratiques de sorcellerie, la
thésaurisation du patrimoine matériel dans certaines
régions et des préjugés à l'encontre des groupes
sociaux à culture et mode de vie différents. Les résultats
des consultations de janvier 2002 complètent la liste des
déterminants socioculturels de la pauvreté au Cameroun, avec des
facteurs tels que « les mauvaises pratiques religieuses », la
mauvaise gestion des conflits agriculteurs-éleveurs,
l'insécurité ambiante dans certaines localités, le manque
d'esprit associatif, le renforcement du tribalisme et du sectarisme.
Les populations décrient aussi la mauvaise gouvernance
qu'elles attribuent à la corruption, aux détournements des
deniers publics, à l'impunité, au monnayage des services
publics, à l'absence de la décentralisation et à la
répartition inégale des fruits de la croissance. Ces derniers
éléments constitutifs des déterminants socioculturels de
la pauvreté au Cameroun sont la résultante d'une l'absence de
conscience nationale.
La combinaison de tous ces déterminants constitue un
véritable appareil de production et d'entretien de la pauvreté au
Cameroun. C'est pourquoi malgré la succession des politiques de
développement, «la pauvreté au Cameroun est encore synonyme
de privation, de précarité, de vulnérabilité, de
marginalisation, de destitution, de possibilités impossibles à
saisir, d'inégalités... ».
C'est compte tenu de cet état de pauvreté auquel
s'associe un niveau d'endettement considérable, que le Cameroun a eu
accès à l'Initiative en faveur des pays pauvres et très
endettés , laquelle Initiative consacre la politique de lute contre la
pauvreté.
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