I.2. Champs d'expression saillante de la pauvreté au
Cameroun
Plusieurs études permettent d'identifier les champs
d'expression de la pauvreté au Cameroun. L'enquête sur les
conditions de vie des ménages menée en 1996 fournit des
indications sur l'ampleur et les manifestations de la pauvreté au sein
des populations camerounaises. Les résultats de cette opération
révèlent que la pauvreté touchait 50.5% environ des
populations camerounaises en 1996. En mars-avril 2000, le gouvernement a
engagé un processus de consultations participatives sur la
pauvreté au Cameroun. Les résultats de ces consultations,
associés à ceux d'ECAM II de 2001, ont permis
l'élaboration du Document de stratégie de réduction de la
pauvreté au Cameroun(DSRP). D'après ce document, la
pauvreté au Cameroun se dessine dans divers secteurs, notamment
l'emploi, l'éducation, la santé et l'habitat.
I.2.1. Le domaine de l'emploi
La re-structuration des entreprises du secteur public et
parapublic, qui a entraîné la fermeture de certains
établissements et le gel des recrutements à la fonction publique,
et les mesures d'allégement des effectifs ont engendré une forte
montée du chômage. Entre 1984 et 1991, le niveau de l'emploi a
baissé de 10% et le chômage a atteint le taux de 17% en 1995.
« Le phénomène du chômage au Cameroun touche
près de 22% de la population active, et atteint 24% et 31% dans les
grandes métropoles, 4% dans la zone rurale. ».
Le chômage frappe principalement les jeunes et les
femmes, entraînant un fort développement du secteur informel qui
crée des emplois du reste précaires.
En plus des conséquences de la crise économique,
l'inadéquation entre le système éducatif et le
marché du travail contribue à aggraver la situation de l'emploi
au Cameroun.
I.2.2. Le domaine de
l'éducation
Les difficultés dans le domaine de l'éducation
sont liées, à la fois, à la situation
socio-économique des parents et du Gouvernement.
Les familles les plus démunies connaissent plus de
difficultés pour scolariser leurs enfants, compte du coût de
scolarité élevé et de la baisse des revenus.
Du côté du gouvernement, la baisse de l'enveloppe
budgétaire s'est traduite par l'insuffisance des structures d'accueil
due à l'arrêt des constructions des salles de classes, la
dégradation du ratio élèves/enseignants sous l'effet du
gel des recrutements d'enseignants, l'insuffisance de matériels
didactiques et autres auxiliaires d'enseignement et d'apprentissage. Les
difficultés de ce secteur se sont aussi traduites par l'absence
d'équité et l'inefficacité de la gestion du
système. L'enseignement technique et de la formation professionnelle et
l'enseignement supérieur, ont connu des développements
similaires.
I.2.3. Le domaine de la
santé
Les difficultés dans le domaine de la santé sont
quasi-identiques à celles de l'éducation. Les contractions
budgétaires ont conduit à l'arrêt des constructions et
d'acquisitions d'équipements des formations sanitaires à
l'arrêt du recrutement des personnels sanitaires dans la fonction
publique et l'insuffisance de ce personnel en quantité et en
qualité. De plus, le personnel est inégalement reparti sur
l'ensemble du pays et connaît un faible rendement suite à la
baisse drastique des salaires des personnels de l'Etat. Comme résultats,
les principaux ratios d'indicateurs de performance se sont
détériorés par rapport aux normes de l'organisation
mondiale de la santé (OMS), notamment un médecin pour 10.000
habitants (contre 1 pour 3.000) et un infirmier pour 2250 (contre 1 pour
1.000).
La dégradation du système sanitaire intervient
de manière concomitante à l'apparition de nouveaux défis
qui interpellent le secteur de la santé. Il s'agit notamment du VIH/SIDA
dont la prévalence a progressé de 2% à 11.8% entre 1992 et
2002, de la recrudescence de la tuberculose et de la persistance du paludisme.
Cette situation entraîne une dégradation de la santé des
populations camerounaises et une diminution du capital humain en
quantité et en qualité, ce qui constitue un obstacle à la
croissance économique et enfin un développement du Cameroun.
I.2.4. Le domaine de l'habitat
L'habitat, entendu au sens du logement et de ses
équipements, est un domaine privilégié à travers
lequel on peut mesurer les effets de la pauvreté. Les difficultés
ici sont liées aux coûts de matériaux de construction et
aux difficultés d'accès à la propriété
foncière. Les ménages pauvres sont propriétaires de
logements essentiellement précaires. Dans ce cadre de vie, 26.2% ont
accès à l'eau potable, 98% font la cuisine au feu de bois ou au
charbon de bois et moins de 1% bénéficient d'un éclairage
à l'électricité.
Cette présentation de ces domaines saillants de la
pauvreté au Cameroun suscite le questionnement quant aux
déterminants de cette pauvreté.
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