IV.1.3. Les conséquences de l'endettement
extérieur du Cameroun
Du fait de l'utilisation qui en a été faite, la
dette extérieure du Cameroun, au lieu de constituer un viatique pour son
développement, est plutôt devenue un obstacle. Les
conséquences de l'endettement extérieur du Cameroun s'observent
à la fois au niveau du service de la dette et au niveau social.
L'endettement donne lieu à un remboursement et à
une charge d'intérêt qui constitue la rémunération
du capital emprunté. Le service de la dette a des répercussions
immédiates au niveau des charges de l'Etat. En effet, la part du service
de la dette a considérablement augmenté dans le budget public. En
1971, elle ne représentait qu'à peine 3% de la masse des
dépenses de l'Etat. En 1981, elle en représentait 12%, et 23,4%
si l'on prend en compte seulement le budget d'investissement public. Elle a
considérablement crû à partir de 1982, constituant ainsi
une lourde charge pour le pays.
Dans l'impossibilité de supporter la charge de la
dette, en raison de la pression financière qu'elle exerce sur le budget
de l'Etat, le Cameroun a accumulé d'importants arriérés de
paiements. En mai 1997, les arriérés de la dette
extérieure s'élevaient à 672,5 milliards de francs CFA,
dont 249,4 milliards dus au Club de Londres, 186,3 milliards au Club de Paris
et très peu aux organismes multilatéraux.
La théorie des stades de la balance des paiements qui
prône le recours au financement extérieur pour soutenir la
croissance s'est avérée appauvrissante pour le Cameroun, les
contraintes du service de la dette mobilisant une bonne partie du budget du
pays. Ces contraintes ont eu des répercussions sociales.
La dette extérieure du Cameroun, qui est en croissance
exponentielle, pèse indirectement sur les populations. Les effets
fournis pour assurer le service de la dette se sont traduits par les
réductions considérables des budgets sociaux, par une diminution
de la consommation intérieure et en définitive, par le
détournement de fonds qui auraient pu servir à lutter contre la
pauvreté.
De plus, la difficulté du Cameroun à assurer son
service de la dette a été à l'origine des Programmes
d'ajustement structurel (PAS) mis en oeuvre par le FMI et la Banque mondiale
pour lui permettre d'honorer ses engagements vis-à-vis de ses
créanciers (remboursement du capital et des intérêts de la
dette). Les PAS ainsi mis en oeuvre ont aggravé la pauvreté et
détérioré la situation des pauvres. En effet, les
compressions budgétaires, la diminution des dépenses sociales
exigées par les PAS ont eu des conséquences immédiates sur
les différentes composantes de la pauvreté : baisse des revenus,
accroissement du chômage notamment dans la fonction publique, diminution
de la couverture des besoins essentiels, réductions des services
sociaux....
Pour toutes ces raisons, l'endettement extérieur du
Cameroun constitue pour lui un lourd fardeau et donc un frein pour son
développement. C'est pour remédier à cette situation que
le Cameroun a été admis à l'Initiative en faveur des pays
pauvres très endettés.
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