IV.1.2. Les circonstances de l'endettement extérieur
du Cameroun
Les éléments explicatifs de l'endettement
extérieur du Cameroun se trouvent tant au niveau des conditions de
l'endettement qu'à celui de l'utilisation de la dette.
Le choc pétrolier de 1973 marque le point de
départ de l'endettement excessif des pays en développement. Comme
d'autres pays en développement, le Cameroun a été candidat
au bénéfice des pétrodollars issus de ce choc. Du
côté des pays producteurs du pétrole, en effet, ce choc a
généré des pétrodollars qui ont provoqué une
sur-liquidité des banques. Ces pétrodollars devant être
rémunérés, la concurrence interbancaire de plus en plus
vive a amené ces banques à s'intéresser aux
possibilités de « vendre » les crédits aux pays en
développement, plus particulièrement à ceux susceptibles
d'absorber des financements importants. S'appuyant sur la maxime selon laquelle
« la dette de l'Etat est toujours soldée », ces banques ont
considéré les prêts à ces pays comme de « bons
risques ». C'est ainsi que les prêts ont été
multipliés.
Le choc pétrolier qui s'est traduit par l'augmentation
des prix du pétrole, a eu des incidences néfastes sur le
fonctionnement des pays en développement. Le recours à
l'endettement s'est alors imposé dans l'objectif d'accroître leurs
débouchés et de redresser leurs balances commerciales
touchées par l'augmentation du prix du pétrole. C'est ainsi que
les pays industrialisés et les exportateurs ont multiplié les
prêts aux pays en développement.
La politique économique des États-Unis a
également joué un rôle dans l'endettement excessif des pays
en développement. En effet, cette politique (monétarisme) a
entraîné une augmentation des taux d'intérêts suite
à la remonté du dollar. Cette remontée du dollar qui
coïncide avec le second choc pétrolier, provoque un
renchérissement de la dette libellée en dollars. A ce sujet et
à titre d'exemple, le rapport sur la crise de la dette publié par
le Comité permanent des affaires extérieures et du commerce
international de la Chambre des communes mentionnait des exemples de
prêts de 7% en 1977 dont les frais de service en 1980-1981
représentaient un intérêt de 20%. A cause de l'augmentation
des taux d'intérêts, les emprunts se sont multipliés pour
honorer le service de la dette, ce qui a précipité ces pays, dont
le Cameroun, dans un endettement stérile.
L'endettement extérieur du Cameroun intervient dans un
contexte marqué par le choc pétrolier et par l'augmentation des
taux d'intérêts. Mais l'utilisation de la dette explique
également cet endettement.
L'endettement extérieur du Cameroun, comme pour
beaucoup d'autres pays débiteurs, s'explique également par
l'utilisation de la dette. En effet, bon nombre de financements
extérieurs ne se sont pas traduits par un investissement productif
pouvant générer des revenus pour contribuer à leur
remboursement. Le pays s'est endetté sans tenir compte de la
capacité d'absorption de son économie et pour des projets dont la
rentabilité était douteuse. C'est le cas par exemple de la «
cellulose du Cameroun » (CELLUCAM), qui a été
financée sur fonds autrichiens à un coût de 51,3 milliards
de francs CFA. L'usine est aujourd'hui fermée alors que les camerounais
continuent de payer la dette contractée pour sa construction.
Les conditions d'endettement et l'utilisation de la dette
rendent compte des circonstances de l'endettement du Cameroun, circonstances
somme toute similaires à celles de beaucoup d'autres pays en
développement. Quelles en sont alors les conséquences ?
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