IV. LE CAMEROUN ET L'INITIATIVE PPTE
L'admission du Cameroun à l'Initiative PPTE a
été principalement motivée par l'insoutenabilité de
sa dette extérieure. Depuis cette admission, le Cameroun a suivi un
certain nombre de démarches en vue de bénéficier de la
totalité des allègements qu'offre cette Initiative. Quel est
l'état de la dette extérieure du Cameroun ? Quel est son parcours
dans cette Initiative ?
IV.1. Le Cameroun et l'Initiative PPTE : la question
de la dette
La dette extérieure du Cameroun est
caractérisée par son insoutenabilité. Celle-ci suscite des
interrogations quant aux circonstances et aux conséquences de cet
endettement.
IV.1.1. La dette extérieure du Cameroun : une dette
de plus en plus insoutenable
L'admission du Cameroun à l'Initiative PPTE s'est
principalement justifiée par son niveau d'endettement extérieur.
La dette extérieure du Cameroun connaît une croissance
exponentielle depuis son indépendance. En effet, dix ans après
cette indépendance, cette dette était relativement faible. La
tendance à la hausse s'est progressivement observée et en 1977,
le montant de celle-ci a commencé à excéder les recettes
d'exportation du pays. Depuis cette date, la tendance défavorable ne
s'est pas inversée. D'après les données de la Banque
mondiale, la dette extérieure du Cameroun est passée de 140,4
millions de dollars US en 1970 à 9350 millions de dollars US en 1995. A
la fin de l'année 1996, elle s'élevait à 9515 millions de
dollars. De 1988 à 1995, soit sur une période de huit ans, elle a
connu une croissance de près de 95%.
D'après le tout récent rapport de la Banque
mondiale sur les indicateurs mondiaux de développement, la dette
extérieure du Cameroun a été multipliée par trois
en l'espace de vingt ans, passant de 2,9 milliards de dollars US en 1983 pour
atteindre 7,3 milliards de dollars US en 1993, et 9,189 milliards de dollars US
en 2003, soit plus de 5000 milliards de FCFA au cours actuel du dollars.
Quelques ratios relatifs à la dette permettent
également d'apprécier le niveau d'endettement du Cameroun. il
s'agit notamment du ratio dette globale sur PIB, du ratio service de la dette
sur les exportations et du ratio dette globale sur les exportations.
Le ratio dette sur le PIB apprécie la dette
extérieure par rapport au poids économique du pays. Il fournit
une idée du degré d'hypothèque que représente la
dette extérieure sur la richesse nationale. Le FMI considère
qu'un pays est peu endetté lorsque ce ratio est inférieur
à 30%. Au-delà de 50%, le pays est considéré comme
fortement endetté. Ce ratio a fortement augmenté depuis 1986,
indiquant que le Cameroun est surendetté à partir de 1989.
Le ratio du service de la dette sur les exportations des biens
et services prend en compte non pas l'endettement lui-même mais sa
charge. Il permet d'apprécier la capacité du pays à
honorer ses engagements extérieurs. Le seuil de 20% traduit une
situation dangereuse. Ce ratio a considérablement augmenté pour
le Cameroun sur la période 1986-1998 et a connu par la suite des seuils
tolérables à partir de 1991, passant de 16,4% en 1992 à
21,2% en 1993, 17% en 1994, 15,3% en 1995 et 13,5% en 1996.
Le ratio de la dette globale sur les exportations des biens et
services compare l'endettement en devises avec le flux annuel de devises que
procurent les exportations. On considère généralement que
lorsque ce ratio est inférieur à 165%, le pays n'a pas un niveau
d'endettement inquiétant. Ce ratio pour le Cameroun s'est
considérablement envolé à partir de 1987. De 143,4% en
1986, il a atteint un pourcentage de 218,7 un an après et n'a
cessé d'augmenter. En 1996, il était évalué
à 389,2%.
L'état de ces indicateurs du niveau d'endettement, pour
le Cameroun, a amené la Banque mondiale à le reléguer, en
1995, dans le groupe des pays à faibles revenus sévèrement
endettés. C'est pour cette raison qu'il a été admis en
octobre 2000, à l'Initiative en faveur des pays pauvres très
endettés.
Avec un ratio VAN stock de la dette/exportations égal
à 205,1% (largement au-dessus du seuil minimum de 150%), et celui de la
VAN stock de la dette/recettes budgétaires égal à 329,5%
(également au-dessus du seuil minimum de 250%), lesquels ratios
constituent avec celui du service de la dette/exportation, les indicateurs de
l'endettement dans le cadre de l'Initiative PPTE, la dette du Cameroun a
été jugée insoutenable, le rendant ainsi admissible
à l'Initiative en faveur des pays pauvres très
endettés.
Cette dette se structure en trois principales composantes : la
dette bilatérale, la dette multilatérale et la dette
privée.
La dette bilatérale est consécutive à des
prêts effectués d'Etat à Etat. La dette
multilatérale est relative aux prêts accordés par les
Organisations internationales relevant du droit public. Entrent dans cette
catégorie la Banque mondiale (BIRD, AID, SFI), le FMI, la BAD et tous
les autres Organismes financés par l'Organisation des pays producteurs
de pétrole (OPEP). La dette privée quant à elle est
consécutive aux prêts contractés auprès des banques
privées.
En septembre 2000, la part des créanciers
bilatéraux dans la dette extérieure du Cameroun
représentait 70% alors que celle des créanciers
multilatéraux était de 21% et 9% pour les créanciers
privés. Comment le Cameroun est-il arrivé à cette
situation de surendettement ?
|