2. Les théories des
ressources de l'attention.
2.a. Le modèle de
Kahneman.
Kahneman (1973) décrit ce que l'on a appelé le
modèle des ressources attentionnelles qui est un modèle de la
distribution de ces ressources, limitées, entre les diverses
activités mentales les sollicitant. Ce modèle introduit
l'idée de l'affectation délibérée. La focalisation
de l'attention sur les informations pertinentes pour effectuer une tâche
donnée, permettrait de concentrer ces ressources sur leur seul
traitement, ce qui aurait pour effet d'améliorer la qualité de la
performance mnésique et perceptive. Le traitement cognitif des autres
informations (distracteurs) serait effectué dans la limite de la
quantité de ressources résiduelles.
En revanche, en situation d'attention partagée les
ressources cognitives sont distribuées simultanément entre
plusieurs sources d'informations, d'où une moins grande
efficacité et/ou une moins grande profondeur de traitement, qui
expliquerait la diminution des performances par rapport aux situations
d'attention focalisée.
Ce modèle suggère donc qu'en plus du processus
inconscient, l'attention peut être focalisée volontairement (comme
lorsque quelqu'un mentionne votre nom). Le modèle introduit
également la façon de concevoir l'attention comme une
compétence qui peut être améliorée. M. Eysenck
(1982) examine quant à lui la relation entre l'attention et l'amorce. Il
conclut qu'il existe deux types d'amorçage : un système passif et
général qui peut élever ou abaisser le niveau de
l'attention, et un système spécifique, compensatoire qui permet
à l'attention d'être focalisée sur une tâche
particulière ou un stimulus environnemental.
2.b. La théorie
multimodale de Johnston et Heinz.
Johnston et Heinz (1978) ont alors élaboré une
théorie multimodale proposant que le sujet peut adopter n'importe quel
mode d'attention exigé par la tâche. Le mode précoce
d'attention est dit de sélection attentionnelle sensorielle, avant
l'étape de la reconnaissance des formes comme dans le modèle de
Broadbent et Treisman. Ceci est, par exemple, le cas quand les deux messages
sont différents physiquement comme une voix d'homme et une voix de
femme .
Cette théorie multimodale prédit d'autre part
que c'est dans le mode de sélection tardif que le plus de ressources
attentionnelles vont être exigées pour la réalisation d'une
tâche d'attention sélective.
Par l'appel qu'ils faisaient à une quantité
exigée modulable de ressources attentionnelles dans leur théorie,
ces travaux de Johnston et Heinz (1978) ouvrent ainsi la voie au
déplacement de la problématique de la localisation de «
l'entonnoir sélectif », vers celle des aspects « intensifs
» (quantitatifs) de l'attention, car malgré de multiples
recherches, une absence de consensus sur cette localisation a fini par conduire
au dit déplacement des problématiques de recherche. Si la notion
d'entonnoir sélectif renvoie aux aspects « localisation de la
sélection attentionnelle » et donc aux processus de la
sélectivité attentionnelle, la notion d' « intensif »
fait référence, quant à elle, aux études ayant donc
trouvé leurs premières théorisations dans celle de la
gestion des ressources attentionnelles.
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